Retour sur une aventure technique et humaine
Il y a 50 ans, trois hommes menaient à bien la mission Apollo 11 pour le compte de la Nasa. Après Apollo 10 qui avait réalisé peu auparavant une approche simulée du sol lunaire avant de « remettre les gaz », cette fois, il s’agissait d’aller jusqu’à l’alunissage. Tandis que Michael Collins poursuivait ses trajectoires circulaires autour du satellite terrestre à bord du Module Command, Buzz Aldrin et Neil Armstrong attaquaient la descente à bord du Lunar Module (LM).
Pour les deux astronautes, il s’agissait de réussir la descente contrôlée jusqu’au sol selon une trajectoire très précise, telle que répétée de nombreuses fois dans un simulateur à Houston. Pour la Nasa, c’était aussi atteindre l’objectif défini en mai 1961 par le président John Kennedy de poser sur la Lune des hommes et de les ramener sains et saufs sur la Terre, un événement devant marquer les esprits dans une période de Guerre froide où Américains et Soviétiques s’affrontaient indirectement.
La fusée Saturn V, imaginée par une équipe d’ingénieurs dirigés par Wernher von Braun, avait décollé du Pad 39A à Cape Kennedy le 16 juillet 1969 pour une première orbite terrestre, histoire de valider le bon fonctionnement des divers systèmes de bord. Puis ce fut l’allumage des divers étages de la fusée pour envoyer l’équipage sur une orbite translunaire. Durant le périple vers la Lune, le LM dénommé Eagle sera alors accouplé au Command and Service Module (CSM) baptisé Columbia.
Après une correction de trajectoire, Apollo 11 atteignait la Lune le 19 juillet avant la première orbite lunaire. Dans la zone d’ombre de la face cachée de la Lune, sans contact radio avec la Terre, le moteur fusée fut alors rallumé pour ralentir le véhicule spatial et placer ce dernier sur une orbite lunaire elliptique qui sera progressivement arrondie vers 110 km d’altitude.
Le 20 juillet, Neil Armstrong et Buzz Aldrin rejoignaient le LM. Peu après Eagle se séparait de Columbia avant d’incurver sa trajectoire vers le sol lunaire. La « porte d’entrée » de la trajectoire se trouvait à 26.000 ft et à 8 km de distance horizontale du point de touché programmé. La descente connaîtra quelques rebondissements avec un point d’aboutissement décalé de plusieurs kilomètres par rapport au point visé et des alarmes (12.02 et 12.01) annoncées par Neil Armstrong à Houston, alarmes dues à la saturation de l’ordinateur de bord, mais ne remettant pas en cause la poursuite de la descente.
En courte finale, Neil Armstrong dut de plus reprendre le pilotage du LM en manuel, la trajectoire automatique entraînant le LM vers une zone peu hospitalière. Ceci imposera un alunissage à 6 ou 7 km du point visé au départ, alors que les réserves en carburant pour le moteur de descente se comptaient en quelques dizaines de secondes, des valeurs déjà pratiquées en simulateur. Puis ce sera la sortie extra-véhiculaire des deux astronautes, Neil Armstrong en tête, puis Buzz Aldrin vingt minutes plus tard. Plus de 650 millions de personnes auraient entendu Neil Armstrong, l’ancien pilote d’essais du X-15, annoncer en direct « C’est un petit pas pour l’Homme, mais un grand bond pour l’humanité ».
Après la mise en place de quelques équipements de mesures scientifiques et le ramassage de kilos de pierres lunaires, l’équipage rejoindra le LM. Neil Armstrong ayant en charge la prise de photos sur le sol lunaire avec un Hasselblad, il n’y aura aucune photo prise de lui sur la Lune, mis à part son reflet dans le casque de Buzz Aldrin. Après 21 heures passées à la surface lunaire, le LM redécollait pour rejoindre le Command Module, s’y accoupler avant que l’équipage des trois hommes ne reprenne le chemin de la Terre, abandonnant le LM, destiné à s’écraser sur la Lune par la suite.
Le 24 juillet, après huit jours passés dans l’espace, les trois Américains amérissaient sous parachutes dans le Pacifique, avant d’être récupérés par le porte-avions USS Hornet. 12 hommes au total marcheront sur le sol lunaire avant l’arrêt du programme Apollo, avec les équipages d’Apollo 12, 14, 15, 16 et 17, la mission Apollo 13 passant à deux doigts de la catastrophe après l’explosion d’un réservoir d’oxygène en route vers la Lune, interdisant à l’équipage d’alunir.
Dès Apollo 12, l’intérêt des médias était retombé, la course à la Lune ayant été remportée par la Nasa. Buzz Aldrin connaîtra quelques difficultés à revenir sur Terre, Michael Collins ira s’occuper du National Air & Space Museum à Washington. Neil Armstrong, disparu en 2012, deviendra professeur de génie aérospatial tout en reprenant du service à la Nasa pour diriger l’enquête suite à l’explosion de la navette Challenger. Pour les trois hommes, la page était ainsi tournée même si le programme Apollo, prolongement de ceux des véhicules Mercury et Gemini, demeurera parmi les événements les plus marquants du 20e siècle… ♦♦♦
Photos © Nasa
Pour aller plus loin…
– la transcription en anglais des échanges radio pendant toute la descente du LM jusqu’à l’alunissage sur la Mer de la Tranquillité.
https://www.hq.nasa.gov/alsj/a11/a11.landing.html
– une vidéo de cette très longue finale sur Lune…