…réussissait la première traversée de la Manche aux commandes de son modèle XI.
Le 25 juillet 1909, Louis Blériot (1872-1936) traversait la Manche aux commandes de son modèle XI, une première… Pour l’ingénieur issue de l’Ecole centrale à Paris, c’était la consécration mais aussi le soulagement car depuis quelques années, il avait dépensé la quasi-totalité de sa fortune pour concevoir et construire une dizaine de prototypes aux destins plus ou moins heureux.
Sa fortune provenait de sa société Les Établissements Louis Blériot, spécialisés dans la fabrication de phares à acétylène pour l’industrie automobile, alors en pleine expansion. Passionné par l’aéronautique encore balbutiante, il construit divers prototypes avec l’aide de différents concepteurs ou mécaniciens. Plusieurs formules sont évaluées, allant de l’appareil canard à l’avion à ailes en tandem. Réalisant lui-même les essais en vol, il apprend progressivement à piloter mais gagne une réputation de « casseur de bois » car il endommage régulièrement ses appareils à l’atterrissage…
Le Modèle XI, conçu par Raymond Saulnier, voit le jour en 1909. Motorisé par un 3-cylindres Anzani de 25 ch, l’appareil réalise une première en reliant l’aérodrome de Mondésir, près d’Etampes, à Chevilly, au nord d’Orléans, parcourant ainsi 40 km en moins d’une heure et gagnant le Prix du Voyage de l’Aéro-Club de France. Il s’intéresse déjà au prix lancé par le journal anglais Daily Mail pour la première traversée de la Manche par un aéronef.
Louis Blériot laisse son ancien partenaire Hubert Latham se lancer en premier car il s’est engagé avant lui dans ce défi. Après quelques vols de mise au point à Mondésir, Louis Blériot arrive à Calais le 21 juillet. Entre-temps, Hubert Latham a connu l’échec avec l’amerrissage de son Antoinette sur panne moteur. Louis Blériot se prépare donc pour tenter la traversée. Les conditions météorologiques retardent son départ mais une accalmie se dessine au matin du 25 juillet. S’étant brûlé au pied quelques jours plus tôt, avec un pot d’échappement, Louis Blériot embarque ses béquilles. Le moteur Anzani a déjà été chauffé auparavant par les mécanos.
Peu après le lever du soleil, le pionnier décolle du lieu-dit Les Baraques (aujourd’hui… Blériot-Plage), près de Calais, à destination de Douvres. La visibilité étant moyenne au départ, il s’oriente en s’aidant de la trajectoire des bateaux reliant France et Grande-Bretagne, avant de pouvoir distinguer les falaises près de Douvres.
La puissance de son moteur lui permet à peine de monter plus haut que ces dernières. Après un virage vers l’est, il revient à l’ouest pour finalement trouver le champ où l’attend le journaliste français Charles Fontaine muni d’un grand drapeau tricolore. En une trentaine de minutes, la traversée a été réalisée mais fidèle à son habitude, Louis Blériot endommage le train de son appareil à l’atterrissage mais l’Angleterre n’est plus une île !
Sachant que Hubert Latham doit refaire une tentative de traversée, Louis Blériot fait savoir qu’il partagera avec lui le prix du Daily Mail si le pilote réussit la traversée ce 25 juillet également. Mais une seconde fois, le moteur de l’Antoinette décide de lâcher son pilote à quelques centaines de mètres de la côte anglaise, forçant à nouveau Hubert Latham à un amerrissage…
La réussite de Louis Blériot va le propulser et lui éviter la faillite. Du jour au lendemain, les commandes de son Blériot XI affluent du monde entier, l’armée commence sérieusement à s’intéresser à ce nouveau mode de déplacement. L’ingénieur va se lancer dans la production, s’installant sur le terrain de Buc, en région parisienne (non loin de Toussus-le-Noble) tandis qu’une école de pilotage est ouverte à Pau. L’architecture du modèle XI (un moteur, une aile, un empennage) devient l’étalon de nombreux constructeurs. L’ingénieur développe également une série de motos.
En octobre 1909, l’État met en place un brevet de pilote et attribue les premiers à des pionniers. La délivrance de ces brevets est effectuée par ordre alphabétique et Louis Blériot bénéficie ainsi au brevet n°1.
En août 1914, Louis Blériot et d’autres industriels reprennent les actifs de la Société de production des avions Déperdussin (SPAD), tombée en faillite, pour en faire la Société Pour l’Aviation et ses Dérives (SPAD). L’ingénieur en charge du bureau d’études, Louis Béchereau, développera plusieurs avions de chasse dont les fameux Spad VII et XIII. Louis Blériot devient ainsi un important industriel dans le domaine aéronautique, avec des usines à Suresnes. Dans les années 1930, les affaires sont moins bonnes mais Louis Blériot décède en 1936… ♦♦♦
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