Signez et faites signer pour un référendum contre la privatisation par l’Etat du juteux groupe Aéroports de Paris.
Le scandale de la possible privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) a déjà été évoqué ici. Des parlementaires de tous bords, au nombre de 248, se sont élevés contre cette décision envisagée par le gouvernement au point de lancer – une première bien que prévue depuis 2008 ! – une procédure pour un référendum d’initiative partagée (RIP) sur le sujet. Ce dernier se fera par internet à compter du jeudi 13 juin à partir de 0h00. La proposition référendaire vise à inscrire dans la Constitution le caractère de service public national de l’exploitation des Aéroports de Paris, ce qui rendrait ces derniers non privatisables.
Pour valider ce projet de texte, des élus de droite et de gauche se sont alliés avec célérité pour s’opposer à la privatisation d’ADP, une décision qui serait contraire aux intérêts publics. Le gouvernement braderait ADP à des intérêts privés, une société qui rapporte pourtant beaucoup d’argent chaque année aux caisses de l’Etat (entre 800 millions et 1 milliard d’euros de dividendes chaque année !), pour une hypothètique cagnotte devant alimenter un placement – un fonds d’investissement à… risques – rapportant au mieux 250 millions d’euros.
Avec la France figurant comme la première ou parmi les premières destinations touristiques dans le monde chaque année et avec 80% des voyageurs étrangers arrivant en France via Orly ou Roissy-CDG, les aéroports parisiens constituent une rente assurée dans le temps, avec une clientèle captive, une situation que tout exploitant recherche mais que l’Etat entend se débarrasser en perdant au passage des ressources importantes et stables avec près de 15% de marge nette ! Le groupe ADP est classé premier acteur aéroportuaire au monde, gérant aussi 24 aéroports répartis dans 13 pays.
Et le gouvernement souhaiterait vendre définitivement, une seule fois, les actifs du groupe aéroportuaire soit 50,63% des parts représentant environ 9,5 milliards d’euros. C’est du calcul à la petite semaine, avec une vente « one shot » prévue pour renflouer les caisses de l’Etat alors qu’il serait évidemment préférable de conserver les parts de l’Etat dans le groupe ADP avec la poursuite dans le temps de l’enregistrement de bénéfices assurés. Un enfant de 7 ans comprend aisément ce calcul, même sans avoir fait l’ENA !
Cette privatisation ne repose sur aucune justification économique mais se révèle être une décision idéologique, sur la base que le « privé » fonctionnerait mieux… pour le compte en banque de certains. Tout le monde en a constaté les effets négatifs lors de la privatisation de TF1 et aussi en notant la dérive des factures d’eau quand des sociétés privées gèrent de tels dossiers… Orchestrée par un ministre de l’Economie répondant au nom d’Emmanuel Macron, la vente de l’aéroport de Toulouse à des intérêts chinois s’est révélée un véritable fiasco dénoncé par la Cour des Comptes mais le gouvernement, sous la direction du même, entend récidiver dans l’erreur.
On a surtout vu le résultat de la privatisation des autoroutes, bradées à près de 50% de leur valeur selon certains experts, accaparées par des intérêts privés après signature d’un accord dont certaines clauses sont toujours tenues secrètes, avec des durées des concessions qui s’allongent régulièrement sous couvert de faire quelques travaux supplémentaires dont le montant est établi par les sociétés autoroutières tandis que les tarifs aux péages explosent, artificiellement contenus statistiquement en augmentant faiblement les tronçons peu utilisés et beaucoup les tronçons déjà les plus rentables.
D’où l’intérêt du référendum contre la privatisation d’ADP pour ne pas recommencer l’erreur de la vente des autoroutes, une infrastructure payée par les contribuables et déjà amortie et que les contribuables vont repayer. Ce référendum, le gouvernement a tout fait pour qu’il ne puisse pas voir le jour. Peine perdue, suite à la décision du Conseil constitutionnel… Mais la barre a été placée haute avec au moins 1/10e du corps électoral soit la nécessité d’obtenir 4.717.396 votes soit, dans les faits, 5 millions de signatures pour éviter toute polémique sur le décompte.
Le recueil des signatures a été placé sous la responsabilité du… ministère de l’Intérieur mais à ce jour toutes les modalités n’ont pas encore été précisées, comme si un certain manque d’enthousiasme démocratique existait au sein du gouvernement. Des formulaires pourraient être également remplis dans les mairies. Une seule chose est sure, les 5 millions de signatures doivent être enregistrés dans les 9 mois à venir. Le compte à rebours est enclenché…
Il ne s’agit pas seulement de la vente des aéroports de Paris comme seul enjeu, mais celui beaucoup plus large consistant à marquer un véritable coup d’arrêt à une politique visant à privatiser des biens publics stratégiques. Car après la vente d’ADP, d’autres privatisations sont déjà programmées, comme celle de la Française des Jeux, autre joyau économique. Que vous soyez pilotes ou non (en cas de privatisation, l’avenir des plates-formes secondaires autour de Paris reste incertain), concernés de près ou pas par l’usage des aéroports parisiens (Air France a également tout à perdre de la privatisation d’ADP), votre signature est donc nécessaire ! De plus, ce processus de référendum va se dérouler en pleine campagne municipale et tous les coups sont donc permis pour faire capoter la privatisation d’ADP.
Le site gouvernemental prévu pour recueillir les signatures afin d’obtenir un référendum sur la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP) se trouve à l’adresse suivante :
https://www.referendum.interieur.gouv.fr Il doit être actif à compter de ce jeudi 13 juin à 0h00.
Faites circuler l’information, il ne s’agit pas d’un dossier limité au monde aéronautique, mais une démarche citoyenne pour que les biens publics restent au sein de l’Etat et ne participent pas à l’augmentation des dividendes d’actionnaires de groupes privés dont les dirigeants peuvent être « liés » au gouvernement. Les doutes et soupçons sont très nombreux, avec l’opacité des règles retenues, la durée hors norme de la concession, le projet évoqué de racheter le bien public en fin de concession… Même les Etats-Unis, à la pointe de l’ultra-libéralisme économique, ont conservé la propriété publique de leurs aéroports considérés comme des infrastructures stratégiques ! Sans séparation d’Orly et de Roissy, la privatisation d’ADP constiturerait un véritable monopole concédé à un unique opérateur privé !
Pour résumer, faites circuler l’information et le lien du site pour demander un référendum sur le sujet afin de ne pas renouveller l’erreur de la privatisations des autoroutes. En aviation, il ne faut jamais refaire la même erreur deux fois de suite ! ♦♦♦
https://www.referendum.interieur.gouv.fr
Un site à consulter sur le sujet https://referendum-adp.fr