Aura Aéro propose une nouvelle famille d’avions biplaces.
Après Elixir Aircraft et son biplace de sport Elixir arrivant en fin de processus de certification, c’est au tour d’une nouvelle société d’émerger dans le paysage aéronautique français, renouvellant ainsi l’offre dans le domaine de l’aviation générale, un événement majeur qu’il faut saluer ! Aura Aéro, née en août 2018, a été créée par trois compères déjà bien connus pour un autre programme, celui de la reconstruction d’un Dewoitine D-551 par l’association Réplic’Air implantée à Graulhet.
Les trois co-fondateurs sont en effet Jérémy Caussade (président et ingénieur en chef, au centre sur la photo), Fabien Raison (responsable du bureau d’études, à droite sur la photo) et Wilfried Dufaud (responsable technique, à gauche sur la photo) auxquels se sont associés Sylvain Mariat (designer), Nils Harald Hansen et d’autres membres de l’équipe Réplic’Air.
Tous ont déjà oeuvré au sein de Réplic’Air, de la construction de la réplique du Morane H de Roland Garros – qui a réalisé la traversée de la Méditerranée en 2013 un siècle après le pionnier – au projet de faire voler le dernier chasseur à hélice d’Emile Dewoitine. L’équipe travaillant déjà dans le « complexe aéronautique toulousain » cumule une « expérience de plus de quarante ans dans le développement, la production, la commercialisation et le suivi en service d’avions, allant du monoplace au quadriréacteur long-courrier ».
La décision de lancer ce programme a été prise il y a quatre ans et Aura Aéro a donc été créée l’an dernier pour donner naissance à une « nouvelle génération d’avions biplaces 100% français et écoresponsables », avec une famille baptisée Intégral, constituée « d’avions biplaces conçus pour la voltige, l’entraînement des pilotes civils et militaires, et également destinés aux voyages de loisir ». Avec des capacités VFR/IFR, la famille Intégral vise à conquérir « un marché en constante évolution », avec notamment « l’émergence de nouveaux besoins nécessitant des appareils aptes à remplir ces nouvelles missions, tel l’Upset Prevention and Recovery Training (UPRT) » précise-t-on à Toulouse-Francazal, où est installée la société.
Les deux premiers modèles seront les Intégral R (train classique) et Intégral S (train tricycle), des biplaces côte-à-côte prévus en certification CS-23 avec +9/-9 g comme facteurs de charge en monopilote (masse de 620 kg). La masse maximale au décollage est fixée à 815 kg. Le modèle R sera motorisé par un Lycoming à injection AEIO-390 de 210 ch contre 180 ch pour le modèle S avec un Lycoming AEIO-360. Dans les deux cas, l’hélice sera à pas variable ou à pas fixe, bipale ou tripale.
La « performance environnementale est aussi une composante clé du projet, avec l’utilisation d’un matériau composite, le bois-carbone, qui permet d’allier légèreté, résistance et facilité de mise en oeuvre et de réparation », indique-t-on à Toulouse. Avec l’aide de Jean-Marie Klinka
– ancien directeur du bureau d’études des Avions Mudry (Bernay) et instigateur du longeron bois-carbone pour le Cap-10BK – l’analyse de tous les types de construction a été menée afin de choisir la technologie la plus appropriée au cahier des charges. Le bois-carbone est ainsi apparue comme la « solution la plus raisonnable et la plus abordable en comparaison aux coques en carbone, aux tubes d’acier soudés, aux alliages rivetés façon Van’s ».
Cette analyse de la technologie à employer remonte à 2014 avec la rencontre de Jean-Marie Klinka et de l’équipe de Réplic’Air autour du Morane-Saulnier modèle H. C’est lors de ces échanges que l’idée de construire un avion de voltige moderne est devenue une évidence, avec les conseils de Jean-Marie Klinka en matière de certification, aérodynamique, structures d’avions de voltige. Air Menuiserie (Bernay), société spécialisée dans les structures en bois, dirigée par deux « anciens » des Avions Mudry, a également été sollicitée lors de l’élaboration du programme.
Les dimensions sont identiques pour les deux modèles, à savoir 8,78 m d’envergure pour 7,26 m de longueur et 2,46 m de hauteur. Les structures ont été calculées pour une activité intense en voltige (+9/-9 G en monoplace, vitesse de manoeuvre à 280 km/h, mires aux deux saumons de voilures, palettes d’ailerons pour diminuer les efforts en roulis), avec une vitesse de croisière de 180 Kt (335 km/h), une distance franchissable de plus de 1.000 km (1.111 km ou 600 nm) ainsi qu’une charge utile pouvant atteindre 330 kg dont 30 kg de bagages. La capacité en carburant s’élève à 175 litres.
L’ergonomie a été travaillée par Sylvain Mariat avec « le cockpit le plus large dans la catégorie », un tableau de bord de nouvelle génération et des sièges ergonomiques « pour une utilisation maximisée de l’avion, notamment dans ses activités de formation ». La sécurité étant au coeur de la conception, tous les modèles seront équipés « d’un parachute balistique de cellule, de réservoirs anti-crash ainsi que de sièges anti-crash avec absorption d’énergie », point inédit pour ce type d’appareil.
Pour faciliter la maintenance, une soute « systèmes » a été développée. L’accès aux organes vitaux de l’avion est annoncé comme « immédiat » pour diminuer la durée des visites périodiques. Un changement moteur est possible en moins d’une heure via un ensemble propulsif « Plug-and-Play ». Un système digital de suivi des opérations aériennes et de la maintenance sera proposé.
Les deux modèles sont actuellement en cours de certification EASA CS23 et seront également disponibles en kit (CNSK). Le premier vol du prototype (en version R avec 210 ch) est programmé en août prochain, « première étape d’une campagne d’essais en vol intensive de plusieurs mois, les premières livraisons étant prévues dès 2020. La production en série est en préparation sur deux sites de production français et la chaîne d’assemblage finale en Occitanie ». Le prix de base pour la version certifiée (CS23 EASA) sera de 280 K€ HT, le coût du kit restant encore à déterminer.
Aura Aéro dévoilera plus en détail sa famille d’avions Intégral à l’occasion du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace au Bourget, en étant présente sur le statique avec son prototype les jours d’ouverture au grand public (21-23 juin). La société a également prévue d’être présente à Châteauroux, du 21 au 31 août, lors des championnats du monde de voltige (WAC 2019). ♦♦♦
Photos © Aura Aéro et illustrations 3D Youenn B.