Quand le « système aéronautique » produit ses propres menaces…
C’est un mail envoyé ce jour par la DSAC Nord aux instructeurs et dirigeants d’aéro-clubs dans son secteur géographique d’activité. Le document est intitulé « Quand une préparation sérieuse d’un vol aboutit à l’intrusion dans une zone active ».
Le document poursuit : « Route étroite versus Route standard : quel est le bon choix ? »
Un Rex est alors décliné dont voici la teneur :
« Malgré une préparation rigoureuse de son vol, un pilote d’aviation légère a fait une intrusion dans une ZIT. Que s’est-il passé ? Lors de la préparation de son vol sur le site du SIA, conscient des risques de restrictions dus aux commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, le pilote décide de consulter les Notam en sélectionnant « Route standard » contrairement à son habitude. Cette sélection ne lui a pas permis d’avoir l’information relative à l’activation d’une ZIT et par conséquent, ce dernier a transité dans la zone ».
« Conséquences : une intrustion en ZIT étant un délit au regard de la loi, le pilote a été auditionné par les gendarmes et a été condamné à un rappel à la loi, accompagné d’une période de mise à l’épreuve ».
« Ce qu’il faut retenir : en sélection « Route étroite », la totalité des Notam des aérodromes et des FIR entre l’aérodrome de départ et celui d’arrivée est fournie, contrairement à la sélection « Route standard » qui n’identifie pas les Notam aérodrome si la FIR n’est pas spécifiée » précise le document de la DSAC.
Et de poursuivre avec le « détail qui tue »… Le document précise en effet : « Dans l’attente de la suppression de l’option « Route standard » prévue à l’été 2019, une alerte a été mise en place à la « Une du Jour » du site du SIA afin d’avertir les pilotes du risque de résultats incomplets ».
On croit rêver au 21e siècle ! Le SIA sait que son système ne fonctionne pas, induit les pilotes en erreur jusqu’à les envoyer en commission de discipline mais le SIA n’est pas capable de supprimer aussitôt cette fonctionnalité de « Route standard » alors qu’il se prétend être « la référence » en matière d’information aéronautique !
« L’avertissement » se trouve disséminé dans les nouvelles qui s’amoncellent au fil du temps sur sa page d’ouverture, une page que peu de pilotes doivent consulter car bien souvent le lien informatique des préparations de vol va directement sur les items Notams ou Préparation de vol. De plus, il est dit de « privilégier » une « route » plutôt que l’autre mais sans en préciser les conséquences du choix. On est bien là dans la « menace systémique », engendrée par le système prévu pour aider les pilotes à préparer les vols…
Et de rappeler que le SIA n’en est pas à son premier bug. On se souvient (un exemple parmi bien d’autres) que l’an passé, le Complément aux cartes aéronautiques, édité en avril 2018, a été déclaré obsolète par le SIA à l’automne suivant car « toutes les mises à jour n’avaient pas été prises en compte ». Voici un document, le seul dans son domaine, établi par le SIA qui dépend de la DGAC et fourni aux pilotes pour la préparation de leurs vols, et qui au final s’avère inexploitable mais les pilotes l’apprennent quand la deuxième édition va sortir, sept mois plus tard… Mais où sont les filets de sécurité du SGS interne de l’administration… qui ensuite va auditer les DTO pour noter s’ils sont bien mis en place un Retour d’expérience interne !
Mais si l’on croit la publicité, le SIA délivre toujours « une information fiable, utile, à jour et sans délai pour un vol en toute sécurité ». On croirait une réclame des années 1950…
On l’a déjà écrit à maintes reprises… Il n’est pas évident pour un pilote privé de se rappeler des différents codes des FIR. Si le SIA souhaitait — peut-être un jour… – répondre aux attentes des utilisateurs et non pas à celles de quelques ingénieurs informaticiens oeuvrant dans ses bureaux, il serait bon d’indiquer en rappel les codes des FIR pour que les pilotes, lors d’un voyage d’une région à l’autre, puisse saisir le bon code mais il semble que cette demande n’aboutira pas plus que par le passé !
Et pour une administration de l’Aviation civile qui souhaite mettre la priorité sur la « culture juste » – avec des années de retard sur les administrations d’autres pays – il aurait été plus juste de faire un rappel à la loi du pilote mais ne pas imposer une mise à l’épreuve. La leçon a été apprise, pas la peine de la répéter.
Par contre, la vraie source du problème, la cause primaire de l’infraction se trouve au… SIA mais là, aucune mesure n’est indiquée sauf la suppression du bug… à l’été prochain seulement ! En d’autres mots, c’est toujours l’utilisateur qui est fautif, l’administration jamais et cela casse la crédibilité et l’honnêteté intellectuelle du système ! La DGAC et surtout le SIA ont encore du chemin à faire… ♦♦♦
Lien vers le Rex Notam de la DSAC Rex Notam