Avril 1949, premier vol en Italie de l’Aerauto PL-5C.
Techniquement un succès, administrativement un échec… L’aérauto fut immatriculé I-AUTO en Italie mais ne put avoir son immatriculation de voiture car, propulsé par l’hélice d’un Continental de 85 ch, il ne disposait pas d’une marche arrière ! Par ailleurs, doté d’un seul phare avant et d’aucuns feux de position latéraux, il lui fallait une autorisation spéciale pour circuler sur des routes normales…
La roue avant était directrice et les deux roues arrière avaient des freins hydrauliques. Sa vitesse en configuration Route ne dépassait pas les 70 km/h. La propulsion venait du souffle de l’hélice et lui conférait des accélérations anémiques, doublées d’une inaptitude à monter les côtes un peu fortes.
Un peu d’histoire…
Conçu en 1946 par un jeune ingénieur, Luigi Pellarini, le prototype PL-2C fut fabriqué par la « Carrozzeria Colli » de Milan et présenté à la presse en août 1946. A l’époque, la « Carrozzeria Colli » était connue en Italie pour son travail de l’aluminium. Au moment du premier vol de l’aerauto PL-5, elle produisait de bien belles carrosseries telle celle de l’Alfa Roméo de la photo – carrosserie qui a un petit air commun avec le fuselage de l’Aerauto.
L’aerauto PL-2C est un engin tout métallique, revêtu d’aluminium, à ailes médianes, doté d’un moteur Walter Micron de 60 ch. De 1946 à 1952, Pellarini et Colli investissent de coquettes sommes dans la construction de plusieurs prototypes…
Encouragé par les essais positifs de l’Aerauto PL-2C sur route et en vol, Pellarini crée une société, Aernova, et conçoit l’Aerauto PL-3C, qui différe du PL-2C par ses ailes supérieures en ailes de mouette se repliant au-dessus du fuselage, sa roue avant carénée et un moteur Walter Micron plus puissant de 80 ch, dont on voit ci-après une vidéo de présentation…
L’évolution ultime de l’Aerauto est le PL-5C qui voit le jour en 1949, grâce à la collaboration financière d’un groupe d’industriels réuni dans une nouvelle société, Aerauto SpA.
Cette dernière version de l’hybride auto-avion métallique, avec son revêtement d’aluminium, est toujours construite par la carrosserie Colli qui le gratifie d’un véritable intérieur de voiture de tourisme alors qu’on aurait pu s’attendre à une Fiat 500 topolino (« souris » en italien) munie d’ailes. Lors de sa visite au Vatican l’Aerauto PL 5C montre son intérieur aux doux prélats intéressés…
Or donc, le PL-5C est un biplace côte-à-côte avec une place de secours à l’arrière, équipé d’un moteur Continental de 85 ch entraînant une hélice propulsive. Au sol, les ailes extérieures se replient vers l’arrière, et leurs extrémités s’attachent au plan fixe de la queue, protégeant ainsi l’hélice en rotation lors des déplacements routiers. Ceci est bien visible sur la description du brevet.
Une tournée de promotion et l’Aerauto s’en va…
Après avoir passé avec succès les tests sur route puis en vol, l’Aerauto PL-5C est immatriculée I-AUTO et, entre le 25 décembre 1949 et le début février 1950, effectue une tournée de démonstration dans de nombreuses villes italiennes. Cette tournée est un véritable « Giro » d’Italie de 4.000 km, dont seulement 800 km en vol car la météo de janvier 1950 se montre exécrable.
Ainsi l’Aerauto atterrit sur un aérodrome de la périphérie d’une ville puis, après avoir plié ses ailes, en gagne par les rues le centre, montrant au public l’intérêt d’une machine moitié avion moitié auto. Voici une vidéo de l’Aérauto dans les rues de Rome… Ce qui montre le côté farfelu de la machine et une démonstration totalement impensable de nos jours, 70 années après…
Pour pallier les difficultés d’ascension des montées sur la route, Pellarini dota le Continental du PL-5C d’un variateur d’incidence de l’axe moteur : 0° pour le vol, 25° pour la route. Malgré toutes les modifications du montage du moteur et du maniement des ailes, le PL-5C n’obtint aucune commande. Les militaires ne donnèrent pas suite et le projet fut finalement abandonné en 1952.
Les deux exemplaires construits furent ferraillés et l’ingénieur Pellarini, alors agé de 38 ans, dépité, s’en alla exercer ses talents en Australie. Il y développa l’Air Truck / Sky Farmer, un bizarre et affreux avion agricole (photo ci-dessus) qui eut un certain succes à l’exportation. Il fait encore les beaux jours de ses pilotes dans des présentations époustouflantes en meeting.
Arrivederci la machina I-AERO… ♦♦♦
Jean-Philippe Chivot
Aerauto PL-5C
Moteur : Continental 85 ch
Envergure : 10,20 m
Largeur (véhicule routier) : 2,20 m
Longueur : 6,10 m
Hauteur : 1,76 m
Surface alaire : 13,20 m²
Masse à vide : 460 kg
Masse totale en charge : 700 kg
Vitesse maximale en vol : 180 km/h
Vitesse de croisière en vol : 160 km/h à 2.000 m
Vitesse maximale sur route : 100 km/h
Vitesse de croisière sur route : 70 km/h
Montée : 150 m/mn
Roulage au décollage : 180 m
Plafond : 4.000 m
Distance franchissable : 600 km