Quand la navigation en VFR de nuit des avions de ligne se faisait de phares en phares…
A l’époque des transpondeurs mode S, des approches GPS et (hélas) des VHF en 8.33 kHz, l’information semble relever de la préhistoire… mais pour mettre en place les liaisons aériennes commerciales dans l’entre-deux guerres, alors que les avions n’avaient aucun moyen de communication et encore moins de moyens de navigation à bord, on mit en place un réseau de… phares aéronautiques.
Si le jour, les pilotes naviguaient au cap et à la montre, avec des repères visuels au sol et sur la carte, de nuit, cela n’était plus possible. Or, pour que l’avion s’impose face aux transports routier et ferroviaire, il fallait pouvoir assurer des liaisons nocturnes, d’où ces multiples phares installés à intervalles réguliers le long des « routes aériennes » empruntées par les « liners » de l’époque. Les avions d’Air Bleu, assurant le transport du courrier, en seront également des utilisateurs assidus.
L’association La Mémoire de Bordeaux Contrôle (LMBC) s’est plongée dans les archives pour réaliser des expositions et également un ouvrage sur ces phares aéronautiques implantés en France mais aussi en Allemagne, aux Etats-Unis, en Europe du Nord. Le fascicule de 100 pages retrace cette « branche technologique » tombée en désuétude.
De ces phares implantés à partir de la fin des années 1920, il subsiste encore dans les campagnes des restes, sous forme généralement de plates-formes installées au sommet de pylônes de 7 à 30 m de hauteur. Ces équipements resteront opérationnels jusqu’à la fin des années 1950 environ. Leur portée allait de 35 à 100 km. Le document propose une carte des phares encore en place sur le territoire pour les incrédules…
Pour la France, les « routes aériennes » ainsi balisées, permettant aux pilotes de passer de phare en phare, concernaient principalement des lignes rayonnant au départ de Paris et rejoignant l’est, le nord, le sud par le couloir rhodanien ou encore le sud-ouest jusqu’à Bordeaux avec un segment reliant Bordeaux à Marseille via Carcassonne et Montpellier. La maintenance, la surveillance et la mise en oeuvre de ces phares étaient assurées par du personnel sur place.
Avec ce livret, figurant dans la collection Mémoire de l’aviation civile, c’est un… coup de projecteur qui est ainsi donné sur les balbutiements du transport aérien, un témoignage sur une époque révolue et une facette souvent méconnue de son développement. Le lecteur prend ainsi conscience de la formidable progression technologique effectuée de 1920 à nos jours, au moment où une autre facette technologique (celles des ADF et des VOR) disparaît à son tour… Un document au rapport qualité/prix attractif pour tout passionné d’histoire aéronautique. ♦♦♦
Illustration © Albert Brenet/Musée Air France
– Les phares aéronautiques, par LMBC. 100 pages, 15 € port compris.
La Mémoire de Bordeaux Contrôle, CRNA/SO : 1, avenue de Beaudésert, CS10023, 33692 Mérignac Cédec. Contact : gegetdr@gmail.com