Juin 1925, en VFR vers le pôle Nord, la tête à l’air… Une aventure racontée par Jean-Philippe Chivot
Les préparatifs de l’expédition
Plutôt que d’expédier les hydravions à l’autre bout du monde vers un point de départ en Alaska, comme lors de ses premières tentatives de 1922 avec un Junkers, Amundsen a choisi de commencer son expédition à King’s Bay, au nord-ouest du Spitzberg où existe une importante mine de charbon en activité à seulement 750 miles du pôle Nord.
Le 9 avril 1924, Amundsen et ses acolytes partent en bateau de Tromsö (Norvège) pour le Spitzberg. Il y a deux navires pour effectuer la traversée. Le « Hobby » pour transporter les hydravions et le « Farm » (transport de la marine nationale norvégienne) pour Amundsen et Ellsworth. Leur destination est donc King’s Bay, près de la mine de Ny Aalesund. De là, il reste quelques 2.500 km aller-retour à parcourir pour survoler le pôle Nord.
Le 12 avril, il faut maintenant débarquer les avions alors que 3 km de banquise séparent le « Hobby » de la terre ferme. La solution se présente sous la forme d’un solide bateau à vapeur qui brise la glace tout en traçant un chenal permettant de rapprocher de la côte les avions puis de les débarquer. Il faut ensuite les assembler sur la terre ferme.
Amundsen, Ellsworth et les autres pilotes pensent que les hydravions sont capables de décoller à pleine charge d’une baie couverte de glace car neige et glace offrent moins de résistance au décollage que l’eau libre. C’était d’autant plus bien vu que, au cours de la dernière guerre, un Catalina pouvait décoller sans encombre sur de la glace si elle était suffisamment solide.
Enfin le 9 mai, le N24 et le N 25 sont prêts et les essais au sol sont concluants. L’envol est cependant différé jusqu’au 21 mai pour cause météo et parce que Amundsen estime que le décollage de la glace est quand même suffisamment risqué pour ne le tenter qu’une fois. Finalement, le 21 mai, le météorologue de l’expédition estime que le temps est suffisamment dégagé pour un décollage.
On fait chauffer les moteurs pendant presqu’une heure. Comme les pilotes seront à l’air pendant au moins 9 heures, ils portent de lourdes combinaisons en toile huilée, de gros sous-vêtements de laine et de cuir, et de larges bottes de toile rembourrées.
A 17h10, le N25 d’Amundsen avec Riiser-Larsen aux commandes rugit sur la glace de King’s Bay. La masse du Dornier, avec son plein de bidons d’essence de réserve, fait craquer la glace et un peu d’eau libre entoure l’avion, augmentant ainsi la traînée. Tous les spectateurs poussent alors l’avion pour lui faire prendre de la vitesse dans sa glissade initiale.
Avec ses moteurs rugissant à 2 000 tr / min, le N25 grimpe lentement au-dessus de la couche de glace. ♦♦♦ Jean-Philippe Chivot
Photos tirées de l’album de Roald Amundsen et publiées dans Les Ailes
Demain : survol des fjords et passage au-dessus de stratus, à la recherche d’un point pour se localiser… Lien vers le troisième épisode