Premier vol d’un Nord 1203 Norécrin après restauration par les Ailes Anciennes de Savoie.
Le 11 octobre dernier, Pierre-André Velletaz a effectué le « premier » vol du Norécrin F-AYVV à partir du terrain d’Albertville. Cela faisait 38 ans que l’appareil était resté sans voler… Ce Nord N-1203 III n°359 est l’un des derniers Norécrin construits en 1957. Il vola jusqu’en 1980 aux mains de différents propriétaires, dont Nord Aviation et la SNIAS, en France et en Europe. Arrêté à cette date pour une grande visite, il ne revolera pas… L’association des Ailes Anciennes de Savoie l’a acheté en 1984. Son carnet de route révélait alors 1.050 heures de vol effectuées depuis sa sortie d’usine.
La restauration a duré 10 ans, étant menée exclusivement par les membres de l’association. Commencée en 2008 par un démontage complet suivi de la restauration de la cellule, la machine a été remontée en 2012. Ensuite, chaque sous-ensemble tel que moteur, train d’atterrissage, tableau de bord, circuit électrique, a été soigneusement restauré. Le premier démarrage du moteur est intervenu en 2016. Deux années auront encore été nécessaires pour mener à bien ce chantier. L’ancien F-BHVV est devenu entre-temps le F-AYVV, en passant sous le registre des avions de collection.
Ce 11 octobre 2018, dans sa livrée blanche, le monomoteur a repris l’air pour un premier vol de 40 mn, en bénéficiant d’une belle journée automnale. La vérification des fonctions vitales de la machine a révélé que tout fonctionnait correctement. Une belle récompense après dix d’année d’efforts et de ténacité pour cette petite équipe savoyarde de passionnés.
Le Norécrin a fait partie du « renouveau des ailes françaises » après la Libération, avec un appareil conçu à la demande de l’Etat français. De construction entièrement métallique, sans haubans, avec cabine intégrée et train rentrant, le Norécrin dénote par rapport aux biplans encore très répandus, style SV-4 Stampe, lorsque son prototype, le triplace N-1200, prend l’air en décembre 1945, aux mains de Georges Détré. Les diverses évolutions mèneront au N-1203, quadriplace motorisé par un Régnier (Snecma par la suite) 4L00 de 147 ch et décliné en plusieurs modèles.
Premier avion de tourisme français de l’après-guerre, le Norécrin est alors produit par la Société nationale des constructions aéronautiques du Nord (SNCAN), qui sera absorbée par Nord-Aviation puis par la SNIAS (future Aérospatiale) quand Nord-Aviation et Sud-Aviation seront fusionnées. 378 modèles auront été produits quand la chaîne s’arrêtera.
Le Norécrin a été ainsi un acteur majeur de l’aviation légère des années 1945 à 1970, dans les aéro-clubs ou aux mains de particuliers. Ce fut le monomoteur le plus répandu entre 1946 et 1955, avant l’arrivée de la gamme des Rallye. Sept exemplaires seraient encore en état de vol en France selon les Ailes Anciennes de Savoie.
Fin par rapport aux biplans d’avant-guerre, le Norécrin connaîtra quelques accidents durant sa carrière, certains dus au dépassement du domaine de vol par des pilotes alors peu habitués à des avions plus sophistiqués. En cas d’atterrissage en campagne, le constructeur avait prévu que l’appareil puisse se poser sur le ventre, avec un renfort structural, les marche-pieds latéraux pivotant d’eux-mêmes pour ne pas endommager le fuselage. Georges Détré fera ainsi quelques atterrissages volontaires sur le ventre pour montrer cette possibilité ! ♦♦♦
Photos © Ailes Anciennes de Savoie.