Vers la grande braderie d’Aéroports de Paris via sa privatisation…
Ce 4 octobre, les députés par seulement 39 voix « pour » et 7 « contre » ont donné leur feu vert pour la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP). Faisant partie de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), ce dispositif de cession de 50,63% des parts de l’Etat a été approuvé. La nuit précédente, un changement de cadre juridique a été réalisé à la sauvette pour supprimer l’obligation de l’Etat à détenir une majorité de parts au sein d’Aéroports de Paris mais aussi de la Française des Jeux et Engie, entités appelées également à être privatisées prochainement.
En se séparant d’Aéroports de Paris – 3e acteur aéroportuaire au monde, 1er en Europe, gérant 22 aéroports à l’international – l’Etat brade le patrimoine comme ce fut déjà le cas avec la concession des autoroutes. Sous couvert de vouloir récupérer – une seule fois… – 9,5 milliards d’euros sur cette opération de privatisation d’ADP, l’Etat va ainsi perdre une importante source de revenus assurée dans le temps et un patrimoine foncier inestimable (près de 7.000 hectares) – du « court-termisme » absolu. Le chiffre d’affaires en 2016 est donné pour 2.947 millions d’euros avec un résultat net de 435 millions d’euros. Ce sera donc un très beau cadeau fait aux « milieux privés » liés de près au gouvernement – le groupe Vinci est déjà sur les rangs…
Les conséquences risquent d’être importantes pour les utilisateurs de l’espace aérien, notamment pour les aérodromes dits secondaires autour de la capitale mais aussi pour les compagnies aériennes utilisant Orly ou CDG, Air France en tête ayant déjà tiré la sonnette d’alarme en prévoyant une « dérive » des redevances dans un proche avenir. La promesse du ministre de l’Economie de définir un « cahier des charges strict » devant permettre à l’Etat de passer « à une logique d’investissements dans l’avenir » avec un « Fonds d’innovation de rupture » (!) reste comme toute promesse que des mots… La concession sera limitée à 70 ans, période après laquelle l’Etat… devrait retrouver la pleine propriété du foncier et des infrastructures mais avec des indemnités prévues pour ADP.
L’Etat souhaite un accord entre lui et ADP sur le montant des redevances, l’Etat voulant garder un pouvoir de décision, notamment sur le développement des aérodromes. Au niveau des autoroutes, on a vu que les accords (dont certains sont toujours tenus secrets à ce jour) ont été « détournés » par les gestionnaires privés en augmentant les segments les plus lucratifs et en diminuant ceux peu utilisés afin d’obtenir la moyenne d’augmentation des tarifs fixée par l’accord… sans oublier l’augmentation progressive de la durée de concession sous couverts de quelques travaux de maintenance… ♦♦♦