Et si l’on supprimait les pilotes pour vendre plus d’avions et d’hélicoptères légers ?
L’idée n’est pas nouvelle. Certains constructeurs en rêvent et participent déjà à des programmes de recherche pour faciliter l’accès au vol sans passer par la case « apprentissage du pilotage » car passer le brevet demeure un frein à la vente d’avions – ce n’est pas le cas des luxueuses voitures où il suffit d’avoir le permis de conduire obtenu à vie. Il faut en effet absorber de la théorie, acquérir de l’expérience par la pratique et, une fois breveté, il faut encore maintenir ses compétences dans le temps…
Pour éviter cela, il suffit donc de vendre… des avions autonomes ! L’acheteur et propriétaire d’avion n’aura qu’à monter à bord, indiquer à l’ordinateur de bord sa position, le terrain de destination puis mettre en route le moteur. Le reste sera pris en compte par les systèmes de bord, du début de roulage au départ jusqu’au parking à l’arrivée… Avec certains avions de nouvelle génération (Cirrus par exemple), on glisse déjà vers cette nouvelle population de « pilotes » qui n’ont pas d’intérêt particulier pour l’aviation si ce n’est d’y trouver un moyen de déplacement personnel souple…
D’où l’idée de la start-up américaine XWings, créée par Marc Piette il y a deux ans, de rendre autonomes les aéronefs de l’aviation générale, à commencer par le Cessna 172, modèle le plus répandu à travers le monde dans son segment de monomoteur quadriplace à pas et train fixes. La start-up met en avant les 3.293 unités neuves vendues l’an passé dans le domaine de l’aviation à pistons (avions, hélicoptères, tous modèles confondus) contre plus de 80 millions de véhicules routiers.
Augmenter la population de « pilotes » (0,2% de la population des USA de nos jours) permettrait d’augmenter la production d’avions légers et donc de diminuer les coûts de production afin de réduire le prix actuel du Cessna 172, proche de 300.000 dollars du fait du faible nombre d’appareils produits malgré un concept armorti depuis les années 1970. Pour XWing, il s’agirait d’atteindre des chiffres de production de 100.000 unités par an avec un marché pouvant les absorber grâce aux nombreux Américains réalisant, chaque année, des voyages longue-distance en voiture…
Pour leur éviter la nécessité d’obtenir licence, qualifications et les maintenir à jour, XWing souhaite se passer des pilotes avec la mise sur le marché d’avions autonomes… afin d’ouvrir de nouveaux marchés, notamment dans le domaine de la multi-copropriété privée.
Durant ces deux dernières années, XWing a ainsi développé un logiciel orienté vers l’aviation générale pour automatiser le vol des avions légers, hélicoptères et autres eVTOL. La société a levé récemment un fond de 4 millons de dollars avec, parmi les différents actionnaires, la société Microsoft. XWing emploie déjà une dizaine de salariés. L’objectif est d’obtenir un logiciel « plug and play » permettant aux aéronefs de l’aviation générale de devenir autonomes.
L’objectif du Xwing Autonomy Flight Management System (AFMS) sera de « constamment analyser l’environnement et modifier la trajectoire si besoin vers une destination définie ».
Le système est prévu pour gérer l’espace aérien, les communications avec le contrôle, suivre les différents systèmes de l’aéronef… A bord, l’équipage ne sera alors plus constitué que de… passagers. ♦♦♦
Photo © XWing / Max Libertine