Un unique prototype des années 1930 récupéré dans son jus…
Le musée d’Angers-Marcé alias l’Espace Air Passion récupère au fil du temps différents avions dont quelques trésors oubliés… Ainsi, en 1999, récupéré dans son jus d’époque, avec son immatriculation hâtivement peinte sur ses flancs, c’est l’Albert A-61 qui remonte à la surface, stocké depuis des décennies dans une ferme de l’Aisne…
C’est l’un des avions imaginés par Edouard Albert, pilote privé dans les années 1920 qui crée sa Société anonyme des Avions Albert. Le jeune constructeur demande à l’ingénieur Albert Duhamel de concevoir en 1926 un premier avion, le TE-1 dénommé TE en l’honneur d’Alphonse Tellier dont Edouard Albert est le neveu. Le prototype croise à 150 km/h avec son Salmson de 40 ch.
L’A-10, en 1929, est un quadriplace motorisé par un Hispano-Suiza de 100 ch. L’Albert A-20 est un bimoteur, avec deux Walter de 60 ch, qui restera également au stade du prototype. L’A-11, quadriplace de transport sanitaire, sera construit à 2 exemplaires. L’A-20 prévu pour le transport postal reste un exemplaire unique.
En 1930 l’A-60 voit le jour, un très élégant biplace de tourisme à cockpit en tandem, architecture répandue à l’époque, des Caudron aux Mauboussin en passant par les Farman. Sa silhouette affinée, avec pantalons de roues, lui permet d’atteindre 170 km/h avec un moteur en étoile Walter de 70 ch bien caréné. Un seul exemplaire (F-AJFY) sera construit…
A partir de l’A-60, des variantes vont être développées, désignées A-61 et A-62. Ces modèles sont destinés à participer au Concours national technique des avions de tourisme, organisé à Orly, en septembre 1931. Pour répondre au cahier des charges du concours, ils disposent d’ailes repliables, exigence imposée pour faciliter le rangement dans les hangars. L’A-61 est motorisé par un Salmson 7Ac, un 7-cylindres en étoile de 95 ch tandis que l’A-62 reçoit un Renault 6Pb, un 6-cylindres en ligne inversé de 95 ch.
Construit à Drancy, l’A-61 participe aux épreuves du concours, piloté par Edouard Albert. L’appareil participe également à un Tour de France fin 1931, toujours dans le cadre du concours. A l’issue de ce périple, l’appareil est classé second au classement général mais il sera arrêté de vol en 1933. Un an plus tard, la société des Avions Albert cessera son activité après avoir réalisé d’autres prototypes, mono ou bimoteurs, dont l’A-140, monoplace de course destiné à participer à la Coupe Deutsch de la Meurthe en 1933 avec son Régnier R6 de 220 ch.
De cette aventure, il reste donc l’A-61 n°01, avion unique au monde. Ce prototype est en cours de restauration dans les ateliers de l’Espace Air Passion, à Angers-Marcé, avec le souci
« de préserver le caractère authentique de cet exemplaire unique ». ♦♦♦
Photos © F. Besse/aeroVFR.com et EAP