Le point sur le programme du monomoteur quadriplace développé par Guanyi Aviation.
Fondée en 2009 par Songhua Zhu, Guanyi Aero est « la première société privée en Chine dan sle domaine de l’aérien avec des capacités de conception, de production et de commercialisation ». Dès l’année suivante, Guanyi Aero devient sous-traitant pour différents programmes aéronautiques, ayant au fil des ans comme partenaires Zodiac Aerospace, Potez et d’autres pour produire des éléments ou équipements au bénéfice notamment du constructeur chinois d’avions de ligne, Comac. Ses interventions concernent les structures métalliques ou composites, l’électronique, la simulation, les facteurs humains…
Après 8 années d’activité, le PDG a décidé de créer Guanyi Aviation, implantée à Shanghai, pour s’intéresser à l’aviation générale. Ainsi, le projet du quadriplace GA20 a été dévoilé au salon de Zhuhai en 2016, appareil déjà évoqué sur ce site ici et là.
Pour ce faire, la société s’est entourée d’une solide équipe où l’on trouve notamment une forte présence française :
– Philippe Blot est en charge des nouveaux matériaux. Il a travaillé pendant 20 ans dans le domaine de la recherche et du développement des matériaux composites chez Airbus.
– Jean Grouas est expert en flottement aéroélastique (flutter), avec 30 ans d’expérience en bureau d’études aéronautiques et en aérodynamique.
– Christian Rivaud s’occupe de la production et du suivi des coûts, une expérience acquise chez Airbus.
– Christian Briand est le directeur des essais en vol. L’ancien chef-pilote de Daher-Socata (TB-31, TB-320, gamme TBM) sera assisté de Daniel Muller, ancien directeur technique et pilote d’essais des Avions Robin.
– Jean-Paul Vaunois, ingénieur-aérodynamicien, notamment sur les programmes Airbus mais également connu pour ses études aérodynamiques sur les capots des avions Robin.
– Bernard Guibert, ingénieur avec 28 ans passés dans la recherche et développement pour l’aviation civile (Dassault Aviation).
Côté Chinois, l’équipe comprend :
– Xijin Zhang, aérodynamicien, avec 50 années en bureau d’études dont la participation à la conception des C919 et ARJ21.
– Hongxinig Song, responsable de la navigabilité, avec 40 années dans le domaine de la certification (Y12).
– Fei Liang, responsable des structures.
– Ningkam Li a travaillé sur la chaîne d’assemblage de l’A320 mais aussi en fabrication composites, développement de pilote automatique.
– Jiang Li, directeur de la recherche.
Pour développer l’aviation générale, la société s’appuie sur la politique développée par le gouvernement chinois, visant à favoriser la construction d’aérodromes destinés à l’aviation générale (500 plates-formes en 2020), à faciliter la production d’avions légers (5.000 opérationnels en 2020), à ouvrir l’espace aérien dans les basses couches pour passer de 1.000 à 3.000 m verticalement.
La société chinoise met en avant le fait que le retard de l’aviation générale chinoise par rapport au reste du monde ouvre d’importantes marchés, car avec une superficie similaire à celle des Etats-Unis, la Chine ne compte que 1% de la flotte privée d’avions américaine soit 1 pour 10.000 machines. Une croissance de 25% est attendue sur les 20 prochaines années…
Avec une demande des compagnies aériennes pour la formation de pilotes, des avions d’entraînement deviennent alors une nécessité pour les écoles de pilotage et un quadriplace a été retenu comme premier modèle. Le GA20 est ainsi destiné à être « le premier avion de l’aviation générale entièrement développé par une entreprise privée en Chine ». Les marchés visés sont la formation au pilotage, le tourisme, l’aviation de club et le voyage d’affaires.
L’étude de marché, en 2014, a analysé les appareils sur le marché, avec d’un côté des avions européens (Diamond) et américains (Cessna) chers, matures mais anciens et de l’autre, des avions chinois (Eagle 500, un clone du TB-20) produits à 50 exemplaires et non exportables faute d’une certification européenne ou américaine. Il s’agissait de positionner l’appareil à développer. La conception a débuté en 2015.
Le GA20 sera entièrement en composites, avec une architecture classique. Le train tricycle est fixe. La motorisation de base sera le Lycoming O-320 (160 ch) avec en option, le Lycoming IO-360 (180/200 ch) ou le Continental CD-155. L’hélice retenue est la Duc Flash (hartzell en option). L’avionique sera la suite Garmin G500 (G1000 en option).
Pour le cockpit, une analyse des facteurs humains et la construction à l’échelle 1 d’une maquette a permis de définir la cabine. Les portes basculent vers l’avant, dégageant l’accès au cockpit.
Côté caractéristiques, le GA20 fait 8,10 m de long pour 9,40 m d’envergure et 2,90 m de hauteur. Il affiche 1.080 kg de masse maximale au décollage et 500 kg de charge utile (équipage et carburant) soit une masse à vide de 580 kg, des chiffres qui n’auraient pas déplu à Jean Delemontez. Avec 2 fois 80 litres de carburant et à raison de 32 l/h (75% de la puissance à 3.000 m), la distance franchissable atteint les 1.200 km. La vitesse de croisière maximale (75% à 3.000 m) est de 265 km/h, le plafond de 3.500 m et le taux de montée à la masse maximale de 3,4 m/s.
Une production est prévue en France (près de Toulouse) mais aussi aux Etats-Unis (Wichita, Kansas !) et en Chine car les certifications chinoise (CAAC), américaine (FAA) et européenne (EASA). L’unité française s’occupera des marchés indiens, brésiliens et africains. Le début de production est prévue en 2018, les premières livraisons en 2019. Le planning diffusé en septembre dernier a un peu glissé puisque le premier vol du prototype était programmé pour décembre 2017 alors que le roll-out est désormais prévu en avril prochain. La production chinoise se fera dans l’usine de Nanchang.
Avec des précommandes prises depuis l’an passé, Guanyi Aviation table sur 20 livraisons en 2018, 60 en 2019 et 100 en 2020. Le tableau de ventes escomptées jusqu’ane 2040 porte sur 20.000 appareils, pour atteindre une croisière de 2.500 monomoteurs par an.
Le constructeur ne souhaite pas en rester là car dans ses présentations, d’autres appareils sont prévus à l’avenir en complément de la gamme développée à partir du monomoteur quadriplace GA20 de base – une illustration montre un GA20 équipé d’une voilure à fort allongement.
Il est ainsi question d’une extrapolation en bimoteur quadriplace avec motorisations hybrides, le GA30. Les projets concernerait un avion cargo (10 à 19 places) voir des jets d’affaires. A suivre ! ♦♦♦
Photos © Guanyi Aviation