Dans la région toulousaine, le projet de reconstruction d’un chasseur de la Dernière Guerre se poursuit…
Dans la région de Toulouse, le projet de reconstruction d’un Dewoitine D-551 par l’association Replic’air se poursuit. Depuis l’état des lieux effectué en octobre dernier et publié sur 22 pages dans le Mook d’aeroVFR, plusieurs chantiers ont progressé pour prochainement faire voler pour la première fois le chasseur qui aurait dû remplacer le Dewoitine D-520.
Côté moteur, le Saurer, version sous licence suisse de l’Hispano-Suiza 12Y51, prévu sur le chasseur de 1940 est en partie revenu à Toulouse après une analyse de son état à Melun-Villaroche, avec la participation technique du groupe Safran et de l’Amicale des Amis du musée Safran. Récupéré dans un musée privé, son très bon état a été validé par un contrôle des cylindres et pistons par endoscopie. Il n’a pas tourné depuis quarante ans.
Avec ses 6 carburateurs Solex remis à neuf et réglés pour délivrer 875 à 980 ch contre 1.000 ch au décollage à l’époque (1.100 ch en surpuissance si besoin en combat aérien), ce GMP de 36 litres de cylindrée était l’un des premiers moteurs français de la classe des 1.000 ch avec une production démarrant juste avant l’Armistice. Un deuxième groupe a été acquis, devant servir de « spare » en cas de besoin, même si sa culasse fissurée doit être réparée. Les blocs d’aluminium dans lesquels seront taillées les pales de l’hélice tripale ont déjà été réceptionnés.
Les longerons de voilure ont été réalisés par Airbus, partenaire majeur du projet lancé par une équipe d’ingénieurs dont certains travaillent chez l’avionneur. Ils ont été taillés dans la masse, le procédé de construction retenu par le bureau d’études d’Emile Dewoitine n’étant pas techniquement ou financièrement envisageable.
La totalité des cadres de fuselage sont déjà formés et bon nombre de pièces de structure déjà stockées, identifiées par sous-éléments de la cellule. Le gabarit de montage du fuselage (ci-dessous) est fin prêt dans l’atelier de Colomiers qui sert à Réplic’air durant la semaine. Il manquait encore la fabrication des longerons de fuselage d’une seule pièce – 4 longerons d’une longueur de 5 m – à réaliser sous la forme d’un oméga pour rigidifier le tout.
Après un premier essai infructueux le lundi 19 février, un second essai s’est avéré satisfaisant le mercredi 21 février en ayant ajusté les réglages d’un dispositif créé de toutes pièces pour former les tôles d’aluminium aux dimensions souhaitées pour les omégas.
En plusieurs passages aller-retour, effectués à la main, les essais ont confirmé cette solution technique. Une fois formés, les longerons subiront un traitement thermique. A Colomiers, le fuselage va donc pouvoir prochainement prendre forme, à côté des voilures.
Durant ce temps, d’autres chantiers sont menés de front. Ainsi, deux campagnes de soufflerie, sur les quatre prévues, ont déjà eu lieu à la soufflerie verticale de l’Onéra à Lille. Disponible, cette veine verticale est en fait utilisée avec la maquette orientée vers le bas, comme en soufflerie horizontale… Avec la participation de l’Onéra, des essais sont ou seront menés avec la maquette en mode « planeur » ou « motorisée ».
Les polaires de l’époque seront ainsi vérifiées mais aussi l’alimentation du radiateur ventral. Certains points comme les couples à la remise de gaz en configuration approche pourront être analysés avant les essais en vol de ce chasseur qui n’a jamais volé, puisque ferraillé par l’Occupant après l’Armistice de juin 1940 – même si des données peuvent être utilisées à partir des essais menés sur le D-550, version de course utilisée par Marcel Doret, pilote d’essais du constructeur.
Si le planning initial du projet a glissé, l’équipe de Réplic’air compte « mettre un coup de collier » durant la période estivale et le Dewoitine D-551 devrait être sur roues pour la mi-octobre. Ensuite, la mise au point se poursuivra à Graulhet, où Réplic’air bénéficie d’infrastructures importantes. C’est là que seront menés les essais au sol avant de ramener le monoplace à Toulouse-Blagnac, pour le premier vol en bénéficiant des installations d’essais de la plate-forme. A suivre ! ♦♦♦
Photos © François Besse / aeroVFR.com