L’illustrateur s’affiche dans les aéro-clubs…
René Deymonaz ne pratique pas une discipline aéronautique mais on le retrouve dans de nombreux clubs, qu’il s’agisse de vol moteur, de vol à voile, d’ULM ou encore de voilures tournantes… Il est en effet présent sous la forme d’affiches attirant l’attention des pilotes sur un point particulier de sécurité. Qui n’a pas vu, ici ou là, une de ses illustrations ?
Ces illustrations, ce sont celles réalisées chaque année pour la campagne de sécurité telle que définie par l’Instance de sécurité de l’Aviation de loisir (ISAL), avec Alain Jamet comme animateur. En 2015, pour l’avion, il s’agissait de trois thématiques autour de la piste : « Vitesses d’évolution et marges de sécurité », « Plan d’approche » et « Transition approche stabilisée et toucher ». Affiches à retrouver avec ce lien car le site du ministère changeant à chaque gouvernement, il est difficile de retrouver les documents mis en ligne auparavant avec de nouveaux liens dont la durée de vie n’est pas garantie…
En 2017, la campagne des « compétences techniques » a porté sur trois autres thématiques : « L’intégration à partir de la verticale », « L’interception et la stabilisation de la finale » et « La remise de gaz », dont les affiches sont à retrouver ici !
René Deymonaz a ainsi traité différents thème de sécurité pour le vol moteur – y compris de nombreuses affiches liées à un symposium tenu il y a quelques années et ayant pour thème la « préparation du vol en aviation légère » – mais aussi pour l’hélicoptère, le planeur, la montgolfière ou encore le ballon à air chaud.
Des dessins, il en fait depuis son enfance et ne s’est jamais arrêté depuis. En 1963, il entre dans l’Aéronavale, via l’école de Rochefort, avant de se retrouver électronicien au sol au sein de la Flotille 24F basée à Lann-Bihoué. Son domaine, ce sont tous les équipements embarqués à bord du Lockheed P2V7 Neptune, un avion de lutte anti-sous-marine. D’où l’entretien et la maintenance des radars et autres détecteurs magnétiques…
Devenu électronicien de bord, sur Atlantic et Neptune, il participe à de multiples missions en métropole ou en Polynésie française, n’abandonnant pas ses crayons pour quelques illustrations. Après une soirée animée avec des collègues, certaines dessins finiront même en grand format sur les bâtiments militaires d’un atoll, ce qui lui vaudra un passage devant un colonel de l’armée de l’Air commandant la base…
Après l’armée, il tente une expérience dans le domaine de l’artisanat, comme peintre en lettres pour tous travaux, tout en réalisant des affiches de sécurité routière pour Renault Véhicules Industrie (RVI). Ayant réouvert ses ouvrages techniques, il passe en 1984 un concours Air Inter pour redevenir électronicien dans l’aérien. Les montures qu’il aura alors à traiter seront les Fokker F-27, Caravelle Super 12, Mercure et Airbus A300.
La compagnie intérieure étant reprise en 1997 par Air France, il finit par se retrouver dans un service de communication interne, où son travail consiste à s’occuper de la sécurité en maintenance, notamment via des affiches où l’humour n’est jamais absent. S’il prend sa retraite en 2000, il poursuit un temps sa production d’affiches pour la compagnie nationale avant de travailler essentiellement pour la DGAC à partir de 2001, même s’il collabore régulièrement avec l’armée de l’Air et le groupe Safran.
C’est notamment pour illustrer les sujets abordés par la Direction de la sécurité de l’Aviation civile (DSAC) lors de son symposium annuel sur la sécurité des vols – principalement dans le domaine de l’aviation commerciale – qu’il est fait appel à René Deymonaz. Son interlocuteur est alors Yannick Robert, en charge de la communication à la DSAC. Une réunion, avec un ou deux spécialistes du domaine à traiter, permet de bien conceptualiser la future illustration, qui deviendra ou non une affiche par la suite.
Le visuel est mis au point en réunion préparatoire, avec le texte prévu, destiné à faire passer un message que ce soit vers les équipages techniques, les équipes de maintenance ou encore les contrôleurs. Revenu chez lui, René Deymonaz passe ensuite au crayonné, pouvant réaliser plusieurs études de personnages, avant d’assembler le tout dans un format A4 qui sera repris au propre, au feutre.
Les aéronefs retenus seront dessinés à partir d’images trouvées sur internet. La phase suivante consiste à scanner ce dessin puis le colorer sous Photoshop, avec de multiples calques superposés permettant ensuite de retoucher à volonté l’arrière-plan, une annotation ou encore la couleur d’un élément précis de l’appareil représenté… La colorisation se fera essentiellement par des à-plats de couleurs, en limitant les dégradés pour faciliter la lecture de l’affiche.
Seront alors rajoutés le « bloc-marque » soit le logo du ministère chapeutant la DGAC ainsi que les mentions DGAC/DSAC. L’adresse du site du ministère (la dernière en date…) figure également sur l’affiche comme la signature de l’illustrateur, réduite à « Deymo », son diminutif depuis l’école, car plus simple à énoncer et à mémoriser avec deux syllabes et non trois… La version finale sera alors transmise pour accord avant d’établir la version haute définition destinée à l’imprimeur et permettant ainsi un agrandissement jusqu’à l’affiche de taille A3 si besoin. ♦♦♦
Illustrations © René Deymonaz. Photo © F. Besse / aeroVFR.com