De l’évolution des GAFOR de 1971 à ceux d’aujourd’hui où l’on ne saisit pas « l’amélioration » apportée à la précision et à la qualité des prévisions VFR…
Le site Aeroweb comporte une rubrique dédiée « Prévision VFR ». Depuis novembre 2017, une mise à jour était annoncée pour ce 16 janvier mais au matin du 17 janvier, un message laconique annonçait simplement « Mise à jour d’Aeroweb reportée ultérieurement ».
Cette rubrique fournit le découpage de la France en 61 zones GAFOR numérotées (carte ci-dessous), GAFOR voulant dire « General Aviation FORecast » ou prévision pour l’aviation générale.
Dans sa rubrique « Prévision VFR », Météo-France fournit par exemple le message texte codé suivant, établi par Lyon LFLY (direction inter-régionale de Météo-France).
GAFOR reçu le Mercredi 17 janvier 2018 à 06:00 UTC
GAFOR LFLY 0915
BBBB
70 71 O LOC D1 TEMPO 0911 M2 SHRA LOC MON X SHSN
72 O LOC M1 TEMPO 0911 M2 SHRA LOC MON X SHSN
73 D1 LOC O LOC M2 SHRA TEMPO 0913 MON X SHSN
74 O LOC D1 LOC M2 SHRA TEMPO 0913 MON X SHSN
75 77 O TEMPO 0913 LOC D3 SHRA TEMPO 0812 LOC X CB
76 O LOC D1 TEMPO 0915 LOC X SHSN
78 D1 LOC O TEMPO 0915 M2 SHRA MON X SHSN
79 X SHSN=
A l’utilisateur d’aller ensuite repérer, sur la carte, l’emplacement de la zone qui l’intéresse. Dans ce bulletin, la seule prévision de zone sans ambiguité pour le VFR est la zone 79 (les Alpes) qui est fermée au VFR pour cause d’averses de neige… Les autres zones font appel aux codes LOC (LOCalement, mais où dans la zone ?), TEMPO (TEMPOrairement, sans localisation dans la zone ni fréquence d’apparition) et MON (MONtagne).
Autre exemple :
GAFOR reçu le Mercredi 17 janvier 2018 à 06:00 UTC
GAFOR LFQQ 0915
BBBB
30 31 O TEMPO 0912 LOC D2 SHRA
33 O TEMPO 0912 LOC D2 SHRA ISOL M4 CB
32 34 36 37 O TEMPO 0915 D2 SHRA LOC M4 CB=
Le message fournit ici par Lille pourrait être, à première vue, favorable au VFR car des conditions O (Oscar) majoritaires sont mentionnées dans les 7 zones concernées. Mais encore une fois, les codes LOC, TEMPO et ISOL sont utilisés pour signifier que « temporairement » il y a des conditions difficiles, voire marginales, sous des averses de pluie avec cumulonimbus. Bien sûr, ne sont précisés ni la localisation dans la zone de ces zones de temps marginal ni la fréquence d’apparition dans la période de validité. Météo-France « ouvre le parapluie » de ses prévisions VFR et ne pourra être tenu pour responsable d’un vol VFR se terminant dans la seule forte averse d’une zone lors de la période de validité…
On peut faire une comparaison avec la météo en Allemagne… car Deutscher Wetterdienst (DWD), équivalent germanique de Météo-France, utilise largement les zones Gafor sur son territoire, comme le montre cette carte.
Mais le « parapluie » de DWD dans les prévisions est mieux adapté au vol VFR. Elle utilise les codes ISOL, OCN et FREQ qui donnent alors une probabilité d’apparition du type de temps dans la période de validité. ISOL, comme sur cet exemple pour la pluie, veut dire moins de 50% de probabilité d’apparition de la condition de type de temps dans la zone 50. De plus, l’altitude moyenne de la zone, 1.100 ft, est mentionnée.
OCN veut dire de 50 à 75%, FREQ veut dire plus de 75%. De plus, le découpage du territoire allemand en zones GAFOR, plus récent et mieux adapté aux moyens actuels de communication, respecte beaucoup mieux les conditions aérologiques locales. Que dire pour la France de la zone 35 qui va du Havre à Dunkerque en suivant la côte ? Le cap Gris Nez ne fonctionne comme barrière naturelle que pour les marins de plaisance et pas pour les aviateurs de loisirs !
Faisons un petit rappel historique des zones GAFOR en France pour clore le débat. Elles sont apparues il y a 45 ans, à l’été 1971, et ce à l’initiative du météorologue bien connu au Bourget, Georges Chabod, et avec pour objectif de servir au futur kiosque téléphonique Aviation de Météo-France.
Comme le lecteur le comprendra rapidement, la comparaison de cette carte avec la carte actuelle GAFOR est des plus instructives ! La zone 30 actuelle était alors coupée en deux (zone 20) de même que la zone 35 actuelle coupée alors en quatre au sud de la région parisienne. Georges Chabod cherchait ainsi à constituer des zones homogènes météorologiquement parlant et il avait une sacré expérience du vol, en VFR notamment, avec Jean Eyquem, le rédacteur-en-chef de la revue Aviasport à l’époque et le président de l’APPA, future AOPA-France.
On a voulu ensuite… simplifier, ce qui se comprenait sans doute pour un message téléphonique enregistré, que les pilotes pouvaient alors écouter en composant un numéro de téléphone et en indiquant les zones GAFOR souhaitées. Mais aujourd’hui, le smartphone est arrivé depuis longtemps et un nouveau découpage des zones GAFOR s’impose de toute urgence, avec un découpage plus fin et bien mieux adapté aux vols de loisir en VFR. C’est une question de sécurité des vols et cela rentre parfaitement dans l’objectif du Plan de sécurité de l’Etat (PSE), n’est-ce pas ? ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com