Ne pas se tromper de manette, voila une sacro-sainte obligation du pilotage. Et cette erreur arrive encore trop souvent, nous dit Jean-Philippe Chivot.
L’histoire qui suit est arrivée à un mien ami pilote. Il faisait très beau et très chaud. Le mien ami emmena dans un DR-400 deux passagers pour un vol d’agrément de fin de matinée d’été…Beau décollage, la campagne est belle et dans la chaleur de la cabine, sous un soleil de plomb, le pilote quitte le circuit de piste.
Tout à coup, vers 1.000 pieds sol, le moteur se met à ratatouiller. Le pilote teste les magnétos, regarde la pression d’essence, remue la manette des gaz. Rien n’y fait, le moteur continue obstinément à refuser de donner la puissance nécessaire à la croisière. Mon ami pilote décide alors de se poser dans un champ. Son choix est le bon : un magnifique champ aux blés fraichement coupés.
L’atterrissage est anthologique et tout le monde descend d’un avion intact, sans aucune rayure. Le pilote constate alors que la manette de richesse, située sur la console centrale du cockpit coté passager, est poussée vers le milieu. Lors du debriefing et après vérification du bon fonctionnement du moteur, il parut presque certain que le passager avait pris la manette de richesse pour une manette d’aération des pieds !
Pour éviter au pilote de telles méprises, surtout dans le feu d’une action du pilotage en combat aérien, on eut l’idée de donner aux manettes une forme qui, au toucher, en rappelle la destination. A tout seigneur tout honneur : le train d’atterrissage…
Ce dispositif s’est retrouvé sur des célébrités de l’aviation de tourisme : Beech Bonanza, Scintex Rubis, etc. Voici le levier de train d’un Beech Baron…
Il m’a fallu quelques vols pour m’apercevoir que ce levier avait la forme d’une roue de train… Au toucher, ce n’était pas évident mais la manette avait quand même une forme qui la distinguait des autres. Forme efficace ? Quelques 50 ans apres son apparition, cela reste à prouver ! Au passage notez les rainures sur la roue, destinées sans doute à éviter les dérapages dans des mains mouillées…
Vient ensuite la manette des volets.
Elle a la forme d’une aile et on la retrouve sur bon nombre d’avions car presque tous ont des volets… Toujours sur le Beech Baron, cela donne ceci…
Effectivement, aucun danger de prendre cet objet pour une manette de train ou de richesse de mélange. Enfin, en 1945, les Américains, poussés par les circonstances, ont été encore plus loin dans la forme incongrue d’un levier : celle du levier de sortie d’une crosse d’appontage, forme qu’il ne fallait pas confondre avec une autre sous peine de graves ennuis.
Là, pas moyen de se tromper, mais je n’ai jamais eu l’occasion de l’essayer ! ♦♦♦