Cinquantenaire pour l’Equipe de voltige de l’armée de l’Air (EVAA) en 2018.
Entre 1962 et 1964, l’Aviation légère de l’armée de Terre (Alat) a développé son équipe de voltige, équipée de Nord N-3202, pour participer aux compétitions nationales et internationales, et aussi effectuer des présentations en patrouille lors de meetings. En 1967, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Maurin, décide de créer l’Equipe de voltige de l’armée de l’Air (EVAA). Cette nouvelle unité aura pour mission de représenter la France et l’armée de l’Air lors des manifestations aériennes et compétitions internationales.
Si l’instruction ministérielle date du 24 octobre 1967, il faut attendre le 1er mars 1968 pour voir naître effectivement l’EVAA sur la base de Salon-de-Provence. La machine utilisée est l’incontournable SV-4 Stampe et les trois premiers pilotes sont (de gauche à droite sur la photo ci-dessous) le capitaine Robert Baudoin, l’adjudant Daniel Héligoin et le sergent-chef Jacques Lejouan. La durée d’affectation des pilotes est alors de l’ordre de 3 ans.
Finalement, Robert Baudoin restera à l’EVAA jusqu’en 1973, Jacques Le Jouan seulement jusqu’en 1969 tandis que Daniel Héligoin quittera l’équipe en 1971. Il rejoindra par la suite la société d’Auguste Mudry et, avec Montaine Mallet, crééera une école de voltige aux Etats-Unis sans oublier des présentations en meeting sous le nom des « French Connection », une patrouille de deux Cap-10B. Ce biplace produit par la CAARP à Beynes puis les Avions Mudry à Bernay a été retenu par l’armée de l’Air pour la pré-sélection de ses pilotes.
En 1969, le sergent Ange Belinghéri et l’adjudant-chef Jean-Claude Champion rejoignent l’EVAA suivis, en 1970, du sergent-chef Michel Kolly. Disparu en vol sur Stampe, en septembre 1969, Jean-Claude Champion laissera son nom à une compétition, la coupe Champion… Jusqu’à l’année 1970, la machine demeure le Stampe, désormais dépassé et remplacé au début des années 1970 par le Cap-10B pour la formation de base et l’entraînement, et le Cap-20 « lourd » pour les compétitions. Les biplaces sont peints en blanc avec damiers noirs (décoration retenue jusqu’en 1977), les monoplaces en jaune avec damiers noirs (jusqu’en 1976).
En 1970, c’est la première participation de l’EVAA à un championnat du monde de voltige, organisé cette année-là à Hullavington, en Grande-Bretagne. Trois des quatre pilotes de l’EVAA y sont présents (Robert Baudoin, Daniel Héligoin et Jean-Claude Ordoux et Angel Belingheri en observateur) tandis que l’équipe de France comprend également Robert Paar (Alat), Louis Pena (Alat) et André Delcroix. Le Cap-20, pas encore au point, ne se classera pas bien…
En juillet 1972, les 7e champonnats du monde sont organisés à Salon-de-Provence. L’EVAA est alors constituée des pilotes Robert Baudoin, lieutenant André Romary, adjudant Robert Dousson et adjudant Jean-Pierre Le Berre. Mais au mondial, les Américains vont raffler tous les podiums avec leur Pitts S-1S. L’EVAA va poursuivre sa progression, changeant de pilotes régulièrement au fil des affectations ou des drames – Robert Dousson trouve la mort aux commandes d’un Cap-20 en juin 1974, après perte d’une partie du bord d’attaque suite à une figure effectuée sous trop fort facteur de charge.
En 1974, l’équipe est constituée des lieutenant Marc Flamand, adjudant Jean-Louis Feltés, sergent-chef Pascale Féraud, Jean-Pierre Le Berre, Robert Dousson étant remplacé en 1975 par le sergent-chef Jean-Louis Sbihi. En 1976, c’est au tour des adjudants Claude Bessière et Patrick Limet de rejoindre l’équipe. Les années suivantes verront arriver le capitaine Seguin, l’adjudant Jean-Louis Jordano – que l’on retrouvera plus tard aux commandes d’un Pilatus PC-7 de la patrouille Ecco…
En 1976, la décoration des Cap-10B et Cap-20 change pour retenir les couleurs tricolores… En compétition, l’EVAA poursuit son ascension, remportant ainsi les premiers championnats de France organisés à Amiens en 1977. Avec des pilotes dont l’Etat assure les budgets de fonctionnement, avec mise à disposition de moyens matériels et humains (mécaniciens…) importants, il est logique que l’EVAA remporte régulièrement les premières places lors de compétitions nationales…
Au début des années 1980, l’équipe comprend les Feltès, Bessière, Jordano, Pidoux, Lebouvier et Guillet. En 1981, l’aspirant Patrick Paris fait son apparition et en 1982, c’est l’arrivée du sous-lieutenant Patrick Louis. Les années 1980 vont se poursuivre avec de nouveaux noms (Jean-Claude Beauvais, Jean-Paul Mondière) et les évolutions progressives du Cap-20 « lourd » en Cap-20L dit « léger » (ci-dessous le prototype n°001) puis le projet de Cap-20/260 dit l’Arlésienne car ce Cap-20 remotorisé par un 6-cylindres connaîtra une trop longue gestation pour être compétitif à sa sortie. Cet unique Cap-20 fait partie désormais de la collection de l’Amicale Jean-Baptiste Salis à La Ferté-Alais…
L’année 1987 voit la disparition en « service commandé » du lieutenant Eric Kopinski. En 1988, une marche est franchie au niveau international. Cette année, Claude Bessière devient champion du monde du programme Libre lors des championnats organisés à Alberta, au Canada. C’est sa 14e année au sein de l’EVAA et il a déjà accumulé les titres nationaux (1982, 1983, 1985, 1986 et 1988). Au même championnat à Alberta, Patrick Paris devient champion du monde en Libre intégral. C’est sa 10e année comme pilote de l’EVAA…
L’équipe est passée en 1986 sur le nouveau Cap-230 motorisé d’un Lycoming de 300 ch pour rester compétitif vis à vis de la concurrence, notamment russe. En juin 1987, Guy Ecobichon disparait en « service commandé ». En 1989, le sergent-chef Sylvie Breton est la première femme à devenir pilote de l’EVAA. Elle deviendra championne de France en 1990. Cette année-là, l’EVAA atteint enfin la consécration… Aux championants du monde tenus à Yverdon, en Suisse, Claude « Coco » Bessière devient champion du monde absolu. Avec 3 pilotes (de gauche à droite, Mondière, Bessière, Paris), l’équipe de France ramène 9 médailles…
Après ces victoires, Claude Bessière et Patrick Paris quitteront l’EVAA, notamment pour devenir instructeur voltige au SEFA pour le premier, entraîneur pour différentes équipes de voltige, à l’étranger ou en France, pour les deux ex-pilotes de l’EVAA.
Les années 1990 verront de nouveaux pilotes à Salon : François Claudel, Fabrice Palha, Jean-Marc Girbe, Sylvie Breton, Jean-Paul Mondière, Christian Sens, Régis Huillier, Pierre Chicha, Jérôme Bolin, Didier Armada, voire un aviateur du temps de son service militaire, avec Xavier De Lapparent en 1992… Les machines évoluent et l’EVAA est passée sur Cap-231. En 1998, l’EVAA fête ses 30 années d’existence. Au début des années 2000, les pilotes ont pour nom Jean-Michel Delorme, Lionel Béraud, Laurent Narjoux.
Depuis 1999, la machine est le Cap-232 avec son aile carbone plus rigide pour des rotations encore plus rapides en roulis. Les derniers pilotes arrivés sont le lieutenant Pierre Varloteaux et le capitaine François Le Vot. Jean-Michel Delorme trouve la mort en août 2005 à Saint-Yan, quand la structure de son Cap-232 le lâche. L’EVAA cherchera alors une nouvelle monture pour retenir en 2008 les Extra 330SC et LC après avoir testé les Sukhoï 26, 29 et 31, Cap 222, Extra 300, Extreme 3000. En 2006, le lieutenant Renaud Ecalle s’est fait vite remarquer aux côtés des Varloteaux, le Vot, Rallet. Il devient champion du monde en 2009 à Silverstone sur Extra 330SC. Il trouvera la mort l’année suivante, lors d’un voyage aérien.
La relève au sein de l’EVAA viendra ensuite du lieutenant Alexandre Orlowski et du capitaine Alexis Busque. En 2017, l’équipe était constituée des Busque, Varloteaux, Orlowski et Lalloue. L’EVAA est toujours basée à Salon-de-Provence, faisant partie, avec la Patrouille de France, des Equipes de Présentations de l’armée de l’Air (EPAA). Ce 1er mars 2018, elle fêtera ainsi ses 50 années d’existence… ♦♦♦
Photos © armée de l’Air. Profils Jean-Jacques Petit.
Elo Expert-Claudin dit
Bonjour, merci pour ce bel article qui retrace la grande histoire de notre Équipe ! Nous attendons des évènements sympas pour cet anniversaire.
Je pense qu’il manque malgré tout les résultats de « la relève ». En 2013 François Le Vot devient champion du monde Unlimited aux Etats-Unis, la France est championne du monde par équipe avec lui, Olivier Masurel (civil) et François Rallet.
AleXis et Alexandre ont commencé les compétitions en 2012 et ce dernier termine 2e au Championnat d’Europe Advanced en 2013 puis devient champion du monde Unlimited en 2015 à Châteauroux (France). Cette année-là, la France a raflé presque tous les titres (champion du monde masculin et féminin individuels, par
équipe, ne manque que le Libre Intégral). En 2017, « Popov » a été champion du monde par équipe avec François Rallet (ex-EVAA) en Afrique du Sud.
http://www.civa-results.com/2017/WAC17/multi_R002s01s02s03s04.htm
En 2017 les Capitaines sont rejoints par le Lieutenant Oddon, membre de Dijon Voltige et le Capitaine Sébastien Berneyron, ex-leader de la Cartouche Doré. Sans oublier tous les mécaniciens au top !
https://www.flickr.com/photos/elo_expert/collections
https://uploads.disquscdn.com/images/15cc9224304ec273ca3a00021dd8043beddbec32f4fbd1bc7a7b1cebf08a5847.jpg
aerovfr.com dit
Corrigé… Le site de l’EVAA fait effectivement mention d’une utilisation de Nord 3202 et de Zlin à cette période post-Stampe et avant l’arrivée des Cap.
angel belingheri dit
https://uploads.disquscdn.com/images/d6de74d9138c6fb1e2827dd6a5e797f83d9be4c213bcfaf4ca37fb53de5f9f38.jpg
EVAA 1969 : Belingheri, Héligoin, Ordoux, Kolly, Baudoin
angel belingheri dit
Bonjour, juste une petite rectification puisqu’elle me concerne. En 1970 à Hullavington ce n’est pas Dousson mais Belingheri qui est le 4e pilote de l’EVAA present au championnat du monde. Dousson sera mon remplaçant à mon départ en 1970. D’autre part on oublie un peu trop que les Nord 3202 prétés par l’ALAT ont permis de « sauver » cette équipe car sans eux, l’arrivée tardive des cap 10 et 20 en auraient signé le glas .
angel belingheri dit
Une autre petite rectification si vous le permettez, il n’y a jamais eu de Zlin à l’EVAA, pour le championnat du monde de 1970. L’Equipe de France composée de Paar (ALAT) était sur N3202, Ordoux et Héligoin sur le Zlin de Delcroix de Lille, Baudoin sur Cap20 et moi-mêeme sur Cap-10. L’observateur était Kolly et Louis Pené n’était pas present.
Autre information, on doit la création des insignes de l’équipe de voltige et de la PAF au commandant Barcaroli qui dirigeait les EPAA (Equipes de Présentation de l’AA).