Le remorquage de planeurs à la mode EASA à partir du 8 avril 2018.
L’arrêté du 14 décembre 2017 « relatif aux conditions de conversion des qualifications voltige, remorquage, montagne et autorisation de site des personnels navigants professionnels et non professionnels de l’aéronautique civile en qualifications additionnelles » précise les nouvelles modalités pour les pilotes remorqueurs…
Sont ainsi concernés tous les pilotes titulaires d’une qualification ou d’une autorisation additionnelle nationale (selon l’arrêté du 31 juillet 1981 modifié « relatif aux brevets, licences et qualifications des navigants non professionnels de l’aéronautique civile ») et devant donc « convertir » ces dernières sur leurs licences européennes. Cet arrêté entre en vigueur le 1er janvier 2018 tandis que les DTO ne pourront voir le jour que le 8 avril 2018 au plus tôt… Les instructions du 7 octobre 1985, relative à la délivrance des autorisations additionnelles au brevet et à la licence de base de pilote d’avion, et du 21 janvier 1986, relative à la formation des pilotes non professionnels d’avions au remorquage de planeur, sont abrogées.
Tout pilote privé titulaire d’un PPL(A) ou d’un LAPL(A) et détenteur d’une autorisation de remorquage de planeurs peut et doit obtenir une qualification de remorquage de planeurs conforme au FCL.805. Pour faire apposer cette aptitude sur sa licence européenne, il faut attester d’une expérience dans ce domaine et ce, selon plusieurs possibilités :
– fournir la preuve de cette expérience du remorquage de planeurs via sa licence (si elle est mentionnée…) ou son carnet de vol sur lequel figure une mention « Apte au remorquage de planeurs » apposée par l’instructeur l’ayant délivrée, selon une instruction datant de janvier 1986. Ces deux cas sont dans la réalité peu répandus et l’administration n’a alors aucune trace de ces formations parfois délivrées il y a plusieurs décennies… Cependant, les DSAC/IR prendront bien en compte le « carton » que le SFA (puis le SFACT) délivrait alors à l’issue d’une formation au remorquage assurée dans un centre national, principalement Saint-Auban… Mais tous les pilotes remorqueurs n’ont pas (ou plus) ce « carton » répondant à la circulaire n°8095 SFA AG PEI du 25 octobre 1971…
– d’où la solution alternative acceptable par l’administration, à savoir fournir une « attestation d’aptitude au remorquage de planeurs datant de moins de 6 mois précédant la demande », établie par un instructeur (donc FI-A) disposant de l’autorisation au remorquage de planeurs et habilité à assurer de la formation à cette activité.
Un pilote vélivole disposant déjà des privilèges d’exercer le remorquage de planeurs aux commandes d’un motoplaneur (TMG ou Touring Motor Glider, type Scheibe SF-25 ou Diamond HK-36TTC Super Katana) obtient une qualification de remorquage de planeurs apposée sur sa licence de pilote de planeur.
Pour les pilotes professionnels, titulaires d’un CPL(A) ou d’un ATPL(A), ayant l’autorisation de remorquage de planeurs et ayant assuré une activité remorquage avant le 8 avril 2018, ils pourront obtenir leur qualification européenne en justifiant simplement sur l’honneur « avoir effectué une activité de remorquage de planeurs avant cette même date ». Avec la réglementation européenne, les « professionnels » n’auront pas après le 8 avril 2018 l’aptitude au remorquage « automatiquement » sur la simple présentation de leur licence comme c’était réglementairement le cas auparavant – mais pas en pratique car les chefs-pilotes des clubs vélivoles ne sont pas fous ! Ils devront désormais suivre égalemnet une formation à cette pratique selon le FCL.805.
Pour l’instruction au remorquage, si le pilote est titulaire d’un PPL(A) et d’une qualification d’instructeur FI(A), ou une qualification d’instructeur FI(A) sous supervision, ou encore d’une qualification d’instructeur FI(A) restreinte et de la mention « Apte au remorquage de planeurs », il est alors « réputé » apte à effectuer de l’instruction au remorquage. Pour les pilotes professionnels (CPL et ATPL), s’ils sont la qualification FI(A), sous supervision ou non, et s’ils justifient avoir effectué « une activité de remorquage de planeurs avant le 8 avril 2018 », il en sera de même avec qualification additionnelle apposée sur la qualification d’instructeur FI(A).
Le FCL.805 concernant le remorquage de planeurs (mais aussi de banderoles…) précise que les candidats à la qualification devront compter au moins 30 heures de vol comme commandant de bord et au moins 60 décollages/atterrissages en avion, si la qualification est menée sur avion (en TMG, si formation assurée sur TMG), suivre une formation en ATO ou DTO avec une partie théorique et pour la pratique, au moins 10 vols d’instruction au remorquage (dont au moins 5 avec instructeur à bord). Si le pilote remorqueur n’a pas de licence vélivole (SPL), il devra de plus effectuer 5 vols de « familiarisation » en planeur pour connaître les problèmes à l’autre bout de la « ficelle ». La nouvelle qualification européenne de pilote remorqueur devra être prorogée par une expérience en la matière (soit 5 remorqués dans les 24 derniers mois…) sous peine sinon d’un réentrainement obligatoire.
La FFVV devrait faciliter la conversion des pilotes remorqueurs franco-français en pilotes remorqueurs européens avec la mise à disposition, début 2018, d’une déclaration déjà rédigée et à compléter pour obtenir sa qualification européenne auprès de sa DSAC/IR. Ceci sera donc à faire ces prochains mois, avant le début de la saison 2018. A noter que la fédération vélivole a édité récemment un nouveau Guide pratique du pilote remorqueur (avion, motoplaneur, ULM) consultable en ligne gratuitement.
Par rapport au précédent ouvrage (Ed. Cépaduès), les spécificités des différents aéronefs (avion, TMG, ULM) sont désormais prises en compte ainsi que le concept TEM (Threat and Error Management, gestion des erreurs et des menaces). Des tableaux de criticité passent en revue toutes les phases de remorquage, convoyage compris, avec les menaces potentielles et les parades à mettre en place, permettant ainsi aux pilotes déjà qualifiés de réviser certains points après la coupure hivernale. Enfin, procédure déjà non pratiquée depuis plusieurs années, le retour au sol disparait totalement, remplacé par un largage du planeur en altitude, procédure nettement plus sûre à l’usage. ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com
Lien vers l’arrêté du 14 décembre 2017 paru au JO.