Un risque sans doute en accroissement dans les années à venir.
Le risque aviaire demeure parfois dans les esprits un problème plus associé à l’aviation commerciale qu’à l’aviation légère (sous-entendue à hélices…), avec l’ingestion d’oiseaux par les réacteurs, notamment en phase de décollage et montée initiale, générant des situations critiques. Le cas le plus emblématique demeure l’atterrissage forcé dans l’Hudson d’un A-320 dont les deux réacteurs ont été endommagés par la rencontre en vol avec des oies…
Malgré le différentiel de vitesse plus faible avec les avions légers, le risque d’une collision aviaire demeure bien réel, avec des dommages qui peuvent ne pas être de simples « bosses » mais entraîner la perte de l’appareil. Plusieurs cas sont intervenus ces deux dernières années :
– Janvier 2016 : en Espagne, un TB-20 s’écrase (4 morts) après avoir perdu une partie de sa voilure à la suite d’une collision aviaire.
– Mars 2016 : toujours en Espagne, un Cessna 172S s’écrase (3 morts). Les restes d’un vautour ont été retrouvés à proximité de l’appareil.
– Mai 2016 : un DR-400 sur un trajet Espagne-France percute un vautour, avion détruit, équipage tué (3 personnes).
– Août 2016 : le pilote d’une Cessna 172S, au décollage de Lognes, ne parvient pas à éviter un vol d’oiseaux (plusieurs dizaines) en montée initiale, vers 200 ft. L’hélice et l’aile droite subissent des chocs. Le pilote se repose après un tour de piste basse hauteur (lien vers le rapport du BEA avec la photo ci-dessous).
– Novembre 2017 : à Montpellier, un DR-400 en approche de nuit percute des cigognes. Le pare-brise éclate. Le pilote poursuit la finale et se pose sans autres dommages.
Ces événements montrent bien que le risque aviaire concerne aussi l’aviation légère, dans les basses couches (décollage, montée initiale et approche) mais aussi en croisière, quelle soit basse (attention aux mouettes en longeant les falaises de Normandie…) ou haute (au passage de massifs montagneux). Les planeurs pouvant évoluer en secteur montagneux, au plus près des oiseaux, ne sont pas exempts de ces rencontres brutales avec des rapaces.
En 2017, un planeur Duo-Discus évoluant dans le Vercors a percuté un vautour. L’extrémité démontable d’une des voilures a été arrachée sous le choc, soit une perte de 1,90 m d’envergure environ. Après analyse du comportement du planeur et en ayant trouvé une plage de vitesse permettant le contrôle de ce dernier, l’équipage est rentré à son terrain à 35 km du lieu de la collision, après avoir imaginé un instant devoir évacuer le planeur en vol, ce qui a donné lieu à un Rex.
La photo d’ouverture a été prise sur le terrain de Coulommiers il y a quelques mois. Une cinquantaine de cigognes y sont présentes, une partie de « l’escadrille » d’une centaine de cigognes utilisant des thermiques à la verticale de l’ancienne base militaire, très active le week-end, avec avions, planeurs, ULM… Quelques semaines auparavant, c’était un vol d’une dizaine de cigognes enroulant une ascendance dans la vent arrière de La Ferté-Alais qui était évité de justesse par un Robin…
Lors d’une récente réunion organisée par la commission Formation-Sécurité de la FFVV à Paris, à l’attention des instructeurs de la région Ile-de-France, les vélivoles de Coulommiers ont apporté une nouvelle information. Cet été, ils ont dénombré une soixantaine de… vautours évoluant à proximité de leur aérodrome. Conclusion : les vautours, ce n’est pas uniquement dans le Vercors ou dans les Pyrénées. Avec le réchauffement climatique, flore et faune remontent de plus en plus vers le nord…
Le Service technique de l’Aviation civile (STAC/DGAC) a publié dernièrement un livret sur le risque aviaire en aviation générale, consultable et téléchargeable gratuitement. Chaque année, ce sont plus de 800 collisions animalières qui sont enregistrées dont une soixantaine jugées critiques. Les rapaces entrent en ligne de compte pour 30% des cas.
Cet ouvrage donne des recommandations pour « sécuriser les vols » :
– Prévenir le risque animalier lors de la préparation des vols : en évitant les zones propices à une présence importante d’oiseaux.
– Gérer le risque animalier en adoptant « les bons réflexes » : garder ses distances, vigilance accrue dans certains secteurs, connaissances des « us et coutumes » des oiseaux en thermique ou vol de pente. On note ainsi qu’il est dangereux de passer sous un vautour car ce dernier, se croyant en danger car offrant son ventre non protégé à un prédateur, a souvent le réflexe de replier les ailes et de se « laisser tomber ».
– Notifier les collisions animalières. Il est rappelé que le « reporting des événements de sécurité aérienne, et des collisions animalières en particulier, est fondamental et obligatoire dans le domaine de l’aéronautique » via le règlement européen 376/2014, avec comptes rendus d’événements de sécurité pour l’aviation générale (CRESAG) devant être rédigés par les pilotes et transmis par les aéro-clubs à la Direction de la sécurité de l’aviation civile.
– Formation et sensibilisation des pilotes sur les risques de collisions animalières. ♦♦♦
Lien vers le livret « Collision aviaire en aviation générale » publié par le STAC/DGAC.