Au jour le jour, le suivi d’une unité de l’armée de l’Air en 1940…
Avec ce hors-série de la revue Avions, les Editions Lela Presse poursuivent leur travail de sauvegarde de la mémoire aéronautique, et notamment celle de l’armée de l’Air durant la Seconde Guerre mondiale, avec un numéro consacré au Groupe de Chasse II/3, de septembre 1939 à juin 1940, du déclenchement de la guerre à l’Armistice en passant par la « drôle de guerre ». En 110 pages, Bernard Philippe retrace ainsi l’activité de cette unité durant cette courte période.
Constitué de deux escadrilles, le GC II/3 a hérité des traditions des escadrilles de la Grande Guerre, à savoir la SPA 37 « Charognard » et la SPA 81 « Lévrier », dont les symbôles animaliers seront peints sur les flancs de chaque appareil, du moins au début. A la déclaration de la guerre, en septembre 1939, le GC II/3 vient de toucher des Morane-Saulnier MS-406 prenant la suite des désuets Dewoitine D-500/501 à cockpit torpédo et train fixe. Le groupe, avec ses MS-406 et quelques bimoteurs Potez 63, quitte alors sa base de Dijon-Longvic pour rejoindre l’aérodrome de Fayence en vue de gérer de possibles attaques italiennes sur le sud de la France.
L’unité va connaître ensuite de multiples relocalisations, de Cannes-Mandelieu à Chambarran-Marcilloles en passant par Dijon, Connantre, Maubeuge, Le Luc, Avord ou encore La Ferté-Gaucher, Perpignan, Bray-sur-Seine… et l’on en passe. Les vols d’entraînement se multiplient en 1939 avec quelques casses matérielles. La première victoire sur un Dornier 17 est obtenue en novembre 1939. L’hiver 1939, bien rude, va limiter les vols et ce n’est qu’en mars 1940 que les rencontres avec les « bouts carrés », alias les Messerschmitt Bf-109E, vont réellement reprendre pour les pilotes français assistés de pilotes tchèques.
En avril, l’unité découvre les premiers Dewoitine 520 destinés à l’instruction. La fin de la « drôle de guerre » intervient le 10 mai 1940 avec l’attaque allemande. le GC II/3 est alors transformé en urgence sur D-520, chasseur plus performant que le MS-406 dont le déficit de puissance de l’Hispano-Suiza par rapport au Daimler-Benz des 109 explique l’incapacité répétée des chasseurs tricolores à rattraper des dispositifs ennemis. Les pilotes n’ont pas vraiment eu le temps de s’entraîner sur leur nouvelle monture avant de rejoindre le front.
Si le D-520 s’avère performant, des problèmes de moteur ou d’armement seront régulièrement rencontrés, avec notamment des armes de calibre trop faible et insuffisamment alimentées en munitions pour obtenir des tirs efficaces. Cependant, 54 victoires dont 34 certaines seront revendiquées par le GC II/3 à la fin des hostilités et avant son passage en Afrique du Nord.
Les archives du II/3 étant peu importantes, l’auteur s’est appuyé sur le journal de marche des deux escadrille, leur journal d’opérations, des carnets de vol retrouvés, des photographies prises par les acteurs et les témoignages accumulés au fil des ans, auprès des familles des pilotes. Ceci permet une riche iconographie, en très grande partie inédite, avec notamment des photos faites par les pilotes – dont un certain Robert Killy, père du futur champion de ski… Une vingtaine de profils couleurs de MS-406 et D-520, signés Thierry Dekker, accompagnent le texte, illustré également d’extraits de carnets de vol des pilotes. A ne pas manquer si vous vous intéressez à cette période… ♦♦♦
– Le Groupe de Chasse II/3. Charognards et Lévriers dans la tourmente (septembre 1939-juin 1940), par Bernard Philippe. HS n°46 revue Avions. Ed. Lela Presse. 110 p. 17,50 €