Septembre 1945 : un drôle de remorquage dans le ciel… Jean-Philippe Chivot nous a encore déniché dans la presse de l’époque un événement étonnant.
Un beau jour de l’an de grâce 1945, après la défaite du Japon, George Yaffe pilote privé se balade tranquillement à 2.000 ft non loin de la base de modification des avions de la Marine US sis à Johnsville, en Pennsylvanie, quand le moteur de son Stinson Voyager fait un bruyant « Bang » accompagné d’une perte totale de la pression d’huile.
Il doit atterrir en catastrophe sur l’immense piste de la base navale. Les mécaniciens constatent que son Franklin 90 ch a avalé un roulement et ne peut être réparé sur place. Amusé, un responsable de la base propose alors à George Yaffe de « remorquer son Stinson » jusqu’à l’aérodrome de Wingsfield tout proche, son aérodrome d’attache.
« OK, dit George mais il va falloir démonter les ailes ». « Non » lui répond le marin qui a en tête l’idée d’un nouveau jeu : « On va vous remorquer par les airs »… Un câble de remorquage est fixé à l’hélice du Stinson. Le câble en nylon est attaché au plateau d’hélice, celle-ci étant soigneusement ficelée pour l’empêcher de mouliner dans le vent relatif.
Le capitaine Taylor s’installe aux commandes du Stinson et son copain, le lieutenant Ryan, prend son bien aimé Grumman Wildcat et les voilà partis vers Wingsfield à la vitesse de croisière d’environ 200 km/h, soit un peu plus que la vitesse maximale d’un bon Stinson et égale à la vitesse d’approche sur porte avions du Wildcat. Côté Wildcat, le câble avait été accroché à la la structure en lieu et en place de la crosse d’appontage. Le chasseur embarqué devait voler « queue basse » pour éviter de souffler le Stinson Voyager.
L’histoire ne dit pas comment s’est passé l’atterrissage car, a priori, il a dû s’effectuer le câble d’attelage toujours en place entre un Wildcat de 3 tonnes et 1.000 ch trainant derrière lui un « planeur » Stinson d’une tonne. A l’atterrissage, le Stinson toujours en l’air a dû se faire tirer par un Wildcat roulant déjà au sol et ralentissant doucement pour ne pas se faire rattraper.
Et ces fous de marins américains imaginèrent alors que ce type remorquage deviendrait monnaie courante pour ramener au bercail les avions en panne moteur… En fait, l’année
1946 fut pour l’aviation privée une merveilleuse année comme le disait, en chanson, Frank Sinatra… ♦♦♦