De retour de la convention de France Spectacle Aérien (FSA).
Lors de plusieurs interventions lors de la 4e Convention de France Spectacle Aérien (FSA), ce 25 novembre, l’expression « negative training » a été utilisée… C’est synonyme d’un entraînement effectué dans de mauvaises conditions, dont les résultats vont à l’encontre du but recherché. Dans le domaine des présentations en vol, c’est aller à l’encontre de la… sécurité des vols.
C’est dû au fait que la réglementation a un train de retard. Le jour d’un meeting, un pilote de présentation – volant sur un avion de voltige à hélice par exemple… – a le droit de faire des évolutions jusqu’à 330 ft/sol et des passages à plat à 100 ft/sol parallèlement au public. Mais ces faibles hauteurs, auxquelles il a droit, il ne pourra les approcher que le jour du meeting. Le reste du temps, lors de ses entraînements, la réglementation lui interdira. On est dans le parfait syndrome de l’insécurité réglementaire, quand la réglementation va à l’encontre du but recherché : une meilleure sécurité, passant par un entraînement régulier au plus proche des conditions réelles du meeting…
Ce problème est connu depuis longtemps (déjà évoqué ici en novembre 2015) et le dossier a été soulevé il y a plus d’un an par FSA lors des réunions du Groupe de travail sur les manifestations aériennes (GTMA) – regroupant administration et acteurs du milieu – et évoqué à différentes occasions notamment lors du séminaire organisé à Saint-Yan en 2016. L’administration a bien compris l’enjeu mais dans les faits, le dossier a dû se perdre dans un tiroir car rien n’a bougé depuis un an. Dommage quand au même moment, il est question du PSE AL, alias le Programme de sécurité de l’Etat dans le domaine de l’Aviation de loisir et où il serait préférable de constater des avancées concrètes plutôt que de voir des tableaux de statistiques noircis…
Si l’arrêté franco-français du 4 avril 1996, régissant encore les manifestations aériennes, semble être impossible à modifier dans des délais compatibles avec la durée de la vie humaine, car notamment lié à plusieurs ministères, on pourrait imaginer, surtout dans un pays où « impossible n’est pas français », pouvoir bénéficier d’une dérogation ! Il suffirait alors de retenir quelques aérodromes, répartis sur l’ensemble du territoire, pour permettre à des pilotes de présentation de s’entraîner – enfin – dans des conditions réelles, comparables à celles utilisables le jour du meeting.
Officieusement, l’armée de l’Air n’est pas opposée à mener une réflexion sur le sujet, et voir si, après analyse de sécurité, des responsabilité et des coûts éventuellement associés, des bases pourraient accueillir de tels entraînements le temps du week-end, en période d’inactivité. Seul problème, à ce jour, la DGAC n’a toujours pas contacté officiellement l’armée de l’Air à ce sujet.
Si ce dossier avançait enfin, il pourrait être lié à un autre, celui d’un protocole à envisager sur les aérodromes disposant d’un contrôle aérien, lors de la tenue d’une manifestation aérienne, quand la question se pose alors : « Qui tient le micro ? ». Le contrôleur… qui connait bien son terrain certes mais n’a aucune compétence pour gérer une manifestation aérienne, ou le directeur des vols dont la responsabilité est justement le suivi des évolutions sur la plate-forme pendant le meeting ? Ce dossier, qui n’a pas plus avancé que le précédent ces 12 derniers mois, demeure primordial pour la sécurité des vols mais c’est du côté de la Navigation aérienne que se trouve, quelque part dans un autre tiroir, la solution…
Envoyé par sa hiérarchie à la convention de la FSA, Patrick Disset (DSAC Sud) a bien (re)noté les demandes en la matière de la part des utilisateurs, rééllement concernés par leur propre sécurité, et il est donc reparti « la valise pleine ». Il a auparavant évoqué le processus en cours pour harmoniser les décisions des différentes DSAC/IR car avec un même texte réglementaire applicable à tous, la localisation géographique du meeting peut entraîner parfois des différences de traitement notables… D’où la promesse de la DGAC de mettre en place des Rex périodiques pour uniformiser le traitement des meetings dans toutes les régions.
Faute d’un document, la DGAC a également prévu l’élaboration d’un manuel technique spécifique aux manifestations aériennes, à l’usage de ses inspecteurs en charge du suivi sur le terrain des meetings. Des intervenants dans la salle ont souligné la venue parfois lors d’un meeting d’inspecteurs débutants que le directeur des vols de la manifestation doit… former alors qu’il n’a pas le temps et que ce n’est pas son rôle ! D’où la nécessité à l’avenir de bénéficier d’équipes de l’administration comprenant un inspecteur débutant et un inspecteur expérimenté, pour du « coaching » plus efficace.
D’où la nécessité également de pérenniser le stage tel que celui organisé par Jacques Aboulin à Saint-Yan, en avril 2016, peu avant son départ en retraite. Ce séminaire a fait se cotoyer sur plusieurs jours des directeurs des vols, des pilotes de présentations et des inspecteurs de surveillance. Tous avaient pu échanger en salle après avoir suivi des présentations réelles peu auparavant, pour que chacun apporte son point de vue, ses critères, ses attentes… Nul doute que tous ces sujets feront partie des échanges lors de la prochaine réunion du GTMA, le 25 janvier prochain ! Il n’est pas trop tard pour la saison 2018 ! ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com