De retour de la convention de France Spectacle Aerien (FSA)…
L’association France Spectacle Aerien (FSA) – regroupant tous les acteurs du meeting aérien : organisateurs de manifestations, directeurs des vols, pilotes de présentation, commentateurs, pistards, spotters… – tenait sa 4e Convention ce samedi 25 novembre à Ecully, près de Lyon. L’affluence a été record avec plus de 160 personnes dans la salle, révélant au passage que le thème de cette année – La parole aux organisateurs – était fédérateur… par la force des choses.
Il est vrai que la saison passée a été « plus difficile » avec bien souvent des « mesures de sûreté démesurées » comme le soulignait dans son éditorial, Jean-Noël Bouillaguet, président de FSA. Certaines manifestations, déjà bien reconnues, ont dû être annulées (Lens, Cervolix…). Le monde du « spectacle aérien » est ainsi à un tournant avec beaucoup d’incertitudes non pas sur l’avenir lointain mais pour la saison 2018. Le vendredi après-midi, un atelier avait déjà accueilli plusieurs organisateurs de meetings pour dresser l’état des lieux et entrevoir des pistes d’action.
Le samedi – en plus des différentes présentations sur lesquelles nous reviendrons – une table ronde a synthétisé les échanges effectués lors de cet atelier et a donné la parole à des organisateurs. Ceci a permis de mettre en lumière un système devenu incohérent et imprévisible. Régis Grébent a expliqué les raisons de l’annulation du Lens Air Show suite à des exigences toujours en hausse en matière de moyens de sûreté, avec des évolutions au fur et à mesure que la date de la manifestation se rapproche et malgré que les précédentes éditions n’aient pas révélé de dysfonctionnements.
Dans une présentation, chiffres à l’appui, Cyrille Valente, président de l’Amicale Jean-Baptiste Salis (La Ferté-Alais) avait auparavant montré l’évolution des coûts engendrés par les exigences et les demandes parfois surréalistes, comme la fouille de… toutes les voitures à l’entrée du plateau de l’aérodrome. Il faut alors négocier, proposer d’autres solutions et faire valider le tout par le préfet. Cela reste donc bien souvent la décision d’une seule personne, même si les services sous sa responsabilité poussent parfois à la surenchère.
Et Michel Fritsch (FOSA) de donner un exemple. Si un organisme veut imposer des bornes de béton pour empêcher des voitures bélier, il faut bien demander quelle est l’effet recherché et de proposer une solution alternative qui peut s’avérer bien moins coûteuse que la location et le transport de blocs de béton. Ainsi, une tranchée avec une butte de terre peut aussi bien remplir cette fonction…
On découvre aussi que dans une même région, un meeting qui attire 20.000 personnes dans la journée a droit à des escouades de policiers, de gendarmes, plus d’une dizaine de véhicules de pompiers, un hôpital de campagne et l’on en passe. Quinze jours plus tard, à quelques dizaines de kilomètres de là, une manifestation faisant la moitié d’entrées ne se voit pas imposer la… moitié du dispositif mais une fraction bien plus faible. Là, où la facture des services mis en place atteindra plusieurs dizaines de milliers d’euros, elle sera… nulle ici sans que l’on sache le pourquoi.
Certains proposent des meetings gratuits – comme à Lens ou à Meaux – mais ce modèle économique semble en perte de vitesse même si leurs organisateurs, comme Patrick Monbrun (meeting de Meaux), souhaitent amener toutes les classes sociales dans un meeting aérien. Le modèle est mis à mal quand les budgets sécuritaires explosent, tout en notant que les « acteurs » du meeting, les pilotes de présentation et/ou les propriétaires des appareils, rentrent difficilement dans leurs fonds tandis que bien souvent, le budget logistique et moyens de sûreté dépasse largement celui du plateau…
A Avignon, Jean-Pierre Sirieix (président de l’aéro-club organisateur du meeting) préconise un modèle économique payant, seule solution à l’avenir. Le monde du meeting ne doit pas rougir avec des billets au prix compris entre 10 et 30 euros, par rapport à une place de cinéma, de concert ou de match sportif quand on prend en compte l’organisation d’un meeting, le nombre d’animations et sa durée. Les tarifs peuvent être encore plus élevés à l’étranger. Il suffit alors d’expliquer au public le pourquoi du prix, en lui listant auparavant les nombreuses présentations qu’il va voir…
D’où le passage obligatoire par une bonne communication, comme l’a expliqué Roland Labrosse (meeting de Roanne), imposant de l’anticipation avec une chronologie étalée sur un an et la réalisation de divers moyens d’information : presse locale, newsletter, dossier de presse, communiqués de presse, site web spécifique, plaquette pour les partenaires, soirée la veille du meeting avec présentation en vol « Sunset » pour les partenaires (sponsors et institutions). Au passage, on reste effaré qu’au 21e siècle, en France, le calendrier des manifestations ne soit à peu près connu que vers avril de l’année en cours alors qu’à l’étranger, bien souvent, les dates sont connues dès l’année précédente. Sans doute un manque d’anticipation !
Au final, si des pistes – souvent de bon sens – ont été définies pour tenter d’améliorer la situation et réussir à ne pas (trop) subir des exigences en croissance exponentielle, comme le recours du tribunal administratif s’il le faut, il n’en demeure pas moins que la tâche des organisateurs de manifestations aériennes s’est fortement compliquée ces derniers temps, augmentant encore plus les responsabilités qui pèsent sur leurs épaules.
Avec des « difficultés croissantes dans une organisation déjà fragile », même si le slogan de FSA est là pour (re)dynamiser le milieu (« Airshows mus go on ! »), l’hésitation pourra sans doute encore naître dans les cerveaux de différents organisateurs. Il faut donc interpeller, dénoncer l’inflation des exigences et convaincre que la situation actuelle n’est pas tenable dans le temps.
Dans le cas contraire, ce serait une perte importante allant bien au-delà des soucis financiers de quelques organisateurs car comme l’a rappelé Jean-Noël Bouillaguet, les meetings, « ce n’est pas un terrain de jeu pour enfants gâtés » mais une formidable vitrine de l’aviation civile et militaire, participant – en suscitant des vocations – au recrutement vers les différents métiers de l’aérien, tout en permettant au patrimoine aéronautique français, important et de qualité, d’être entretenu et conservé. ♦♦♦