Si les capitaux et les matériaux ne rencontrent pas trop de problèmes pour circuler en Europe, c’est parfois moins le cas pour les êtres humains, surtout s’ils sont à bord d’aéronefs…
L’IAOPA-Europe – une nouvelle fois… – dresse le bilan du fameux « ciel unique » tel qu’il devrait être pour l’aviation générale en Europe, c’est-à-dire la capacité à pouvoir traverser en vol les frontières des pays européens avec les mêmes contraintes que les autres modes de transport… Mais en pratique, c’est encore loin d’être le cas. L’organisation européenne cite ainsi le pire cas avec la Grèce où l’administration a compliqué les choses à outrance.
Pour franchir la frontière grecque, il faut que le pilote 1) choisisse comme destination un aéroport… international, 2) accepte de payer de 200 à 300 euros pour une courte escale en Cessna 172 car les aéroports internationaux sont gérés par une société privée, Fraport, 3) et le pilote devra en plus fournir quatre documents avant tout vol : plan de vol, General Declaration (GenDec), un formulaire et le document 731, pure invention locale. Il devra ainsi déclarer les noms de tous ses passagers, avec les numéros des passeports ou cartes d’identité.
En Islande, l’entrée dans le pays doit également se faire obligatoirement par l’un des six aéroports internationaux. Aucun préavis n’est requis mais les Douanes, les autorités sanitaires et l’Immigration exigeront le GenDec, la liste des bagages et un manifeste de fret. Et la même procédure devra être suivie au départ, avec les mêmes documents à fournir pour comparaison. On est loin des annonces de liberté de mouvement liées au traité de Schengen – signé en 1990 et entré en application en 1995, il y a plus de 20 ans !
L’IAOPA-Europe rappelle qu’il y a quinze ans, pour protester contre le traitement infligé aux pilotes par rapport aux autres modes de transport (voiture, train), elle avait organisé un rassemblement de 100 avions pour rejoindre Lahr en Allemagne au départ de Colmar, en France. Avec un certain succès puisque l’obligation de passer par un aéroport international pour relier la France à l’Allemagne, et d’autres pays, fut annulée.
Mais l’obligation de déposer un plan de vol VFR fut maintenue, du moins pour la plupart des pays européens. Certes, l’association reconnait que la situation sécuritaire a évolué ces derniers temps et que les contrôles aux frontières se sont à nouveau durci et qu’il est donc déjà difficile de maintenir la situation actuelle… Elle reconnait aussi que déposer un plan de vol est désormais aisé via un smartphone, en quelques minutes et sans avoir à payer une redevance.
Mais l’IAOPA-Europe ne veut pas se contenter de cela et poursuit son idée de pouvoir voler dans les pays Schengen sans avoir à déposer un plan de vol VFR. Si une évolution globale de la situation semble peu probable, une évolution progressive pourrait se mettre en place par le biais d’accords bilatéraux. Et d’indiquer qu’aujourd’hui, il est possible de voler d’Allemagne vers l’Autriche, de la République tchèque vers la Pologne… sans déposer de plan de vol, suite à des accords bilatéraux signés entre les pays concernés, avec parfois des restrictions (vols hors des espaces contrôlés, contact obligatoire avec l’ATC au passage de la frontière, etc.). La marche (très, très…) lente du fameux projet européen… ♦♦♦