150 ans d’exploits et d’inventions aéronautiques autour de la capitale.
L’éditeur Parigramme s’est spécialisé dans les ouvrages consacrés exclusivement à Paris… L’histoire des quartiers, les passages couverts, les abris sous-terrains, les maisons d’artistes, les promenades littéraires, les intérieurs parisiens, Paris vu et vécu par les écrivains, les immeubles insolites, les lieux de légende, etc. Au fil du temps, tous les thèmes y passent et il n’y avait pas de raison que la facette aéronautique soit oubliée. Frédéric Borel a donc relevé le défi avec l’aval de François Besse – un homonyme de l’auteur de ce billet… – directeur éditorial.
Comme le titre l’indique, c’est le Paris des débuts de l’aviation qui a été retenu avec de nombreux événements ou exploits survenus en région parisienne et non pas seulement intra-muros. Les premières pages évoquent le premier ballon à hydrogène parti du Champ-de-Mars en août 1783 puis le premier vol libre humain en montgolfière réalisé quelques mois plus tard à partir du bois de Boulogne, dans l’ouest parisien.
Puis ce sera le temps des pionniers du plus lourd que l’air, Clément Ader avec ses expériences menées aux commandes de l’Eole puis de l’Avion III, les expérimentations du capitaine Ferber à Meudon, les envolées plus ou moins réussies des frères Voisin sur la Seine, le bond de quelques dizaines de mètres par le XIVbis de Santos-Dumont déjà connu pour ses facéties en dirigeable au-dessus de la capitale.
La région parisienne était alors au coeur de cette technique balbutiante consistant à voler, avec Louis Blériot, Robert Esnault-Pelterie, Henry Farman et d’autres pionniers ayant choisi comme terrains d’envol les zones dégagées de Buc, Issy-les-Moulineaux ou encore le premier aéroport au monde, Port-Aviation.
On croise au fil des pages des inventeurs – comme Gustave Eiffel et sa soufflerie toujours opérationnelle de nos jours – des « acrobates », tel Adolphe Pégoud et ses premières boucles ou encore Jules Védrines venant se poser sur le toit des Galeries Lafayette en Caudron G-3, malgré l’interdiction du préfet, le tout pour remporter un prix proposé par le célèbre magasin. Un autre pilote se fera remarquer en 1919 en passant en Nieuport sous l’Arc de Triomphe. Charles Godefroy n’a pas accepté que l’aviation soit absente au grand défilé de la victoire…
Auparavant, de 1870 à la Première Guerre mondiale, les ballons et dirigeables auront connu leur heure de gloire et quelques drames, des débuts de la poste aérienne au départ de Gambetta en ballon lors du siège de 1870 en passant par le départ du jardin des Tuileries de la première édition de la coupe Gordon Bennett.
Dès 1908, le premier Salon aéronautique prend place au Grand Palais et durant la Première Guerre mondiale, la région parisienne devient le coeur principal de l’industrie aéronautique avec une multitude de constructeurs principalement implantés dans l’ouest de la capitale, de Puteaux à Levallois-Perret, de Courbevoie à Boulogne-Billancourt, de Vélizy-Villacoublay à Suresnes.
Puis Paris, via l’aéroport du Bourget, sera associée aux raids qu’il s’agisse de l’envol depuis Le Bourget de l’Oiseau Blanc puis du Point d’Interrogation vers les Etats-Unis ou l’atterrissage du Spirit of Saint-Louis de Charles Lindbergh. C’est également le temps des défis avec des records décrochés par des Maryse Bastié ou Maryse Hilsz.
Par de multiples courts chapitres de quelques pages, bien illustrés et agencés par thèmes (Les pionniers, Les avancées, Le temps des défis, Au service de l’art et de la science, Pour la Guerre, Divertir et se divertir), l’auteur entraîne son lecteur dans cette épopée aéronautique de la capitale jusqu’aux années 1920, avec le début de l’aviation commerciale. Au bilan, un agréable voyage dans le temps pour retrouver le passé aéronautique de Paris.
On pourrait imaginer un second tome avec les lignes aériennes au départ de Paris dans les années 1930, les courses aériennes au départ de la capitale ou en Ile-de-France, l’essor de l’aviation commerciale avec la montée en puissance des aéroports parisiens – du Bourget à Paris-CDG en passant par Orly – l’activité des aérodromes secondaires, l’héliport d’Issy-les-Moulineaux, les usines aéronautiques en proche banlieue, les musées (du Bourget aux Arts & Métiers), le Centre d’essais en vol de Brétigny, etc. ♦♦♦
– Paris à la conquête du ciel, par Frédéric Borel. Ed. Parigramme. 226 p. 19,90 €. www.parigramme.com