Deuxième participation d’un HPA français au concours de Lasham.
On se souvient du projet de premier HPA (Human Powered Aircraft) français mené en 2015 par une équipe française entraînée par David Reungoat, enseignant-chercheur. Le Millésime 1 avait alors effectué une courte envolée lors d’un concours en 2015 en Grande-Bretagne, écourté par un décrochage de l’appareil après un décollage sous forte assiette.
En 2017, sur la base de l’expérience acquise l’an passé, le projet Human Impulse a été repris par différents groupes d’étudiants. L’équipe originelle de quatre enseignants-chercheurs de l’université de Bordeaux s’est étoffée de professeurs de l’ENSAM et de l’ENSMA. Plus de 100 étudiants et apprentis de l’université de Bordeaux, en DUT, licence pro et master (maintenance aéronautique, matériaux, génie mécanique, composites…) ont travaillé désormais sur le programme, notamment dans le cadre de l’IMA (Institut de Maintenance Aéronautique).
Certains étudiants se sont chargés de la structure en dépron-carbone, d’autres de l’avionique, d’autres encore de l’amélioration de la voilure et des commandes de vol. Certains groupes ont étudié différents supports pour le siège, le guidon, les roues. Ils ont également adapté une nouvelle transmission avec un renvoi d’angle pour améliorer le rendement et optimiser le système de propulsion avec une hélice bipale de 3 m d’envergure. Une maquette numérique du Millésime 2 (50 kg à vide, 26 m d’envergure, 225 à 350 W de puissance nécessaire au vol pour atteindre 25 km/h), développée sous Catia, a été réalisée avec une nomenclature de tous les éléments.
L’objectif commun à tous était d’effectuer à nouveau un vol lors de la compétition internationale tenue à Lasham, Grande-Bretagne avec réalisation d’une remorque pour transporter le HPA en pièces détachées comprenant notamment 7 tronçons pour la voilure, deux parties pour le fuselage… La remorque, devant faire moins de 300 kg, a été développée sous Catia avant d’imprimer les plans pour le soudeur de l’école.
Le projet comprenait un « test de portance », destiné à valider l’élément structurel le plus important, la voilure et la nacelle. Des bouteilles d’eau, d’un poids équivalent à celui de la masse devant être soulevée pour décoller, ont été réparties sur toute l’envergure tandis que l’aile était placée à l’envers (extrados vers le bas). Il s’agissait de vérifier que l’aile pouvait supporter les 120 kg constitués de 50 kg de masse à vide de l’appareil et 70 kg du pilote.
L’essai étant concluant, l’équipe a pu rejoindre à la mi-juillet le terrain de Lasham pour la compétition organisée par le British Human Powered Flying Club. L’objectif était de réaliser un vol de plusieurs dizaines de mètres. Les derniers problèmes ont été réglés quelques jours avant le 17 juillet, date du départ pour l’Angleterre. Alors que l’équipe française, arrivée sur place, déballe son matériel, John Edgley, aux commandes de son Aérocycle, effectue trois vols de plus de 300 m de long.
Le lendemain, 18 juillet, le briefing (4h30 chaque jour pour voler au lever du soleil avec des conditions très calmes, est annulé pour cause de mauvais temps. L’équipe française en profite pour préparer son HPA, faire quelques réglages. Il faudra vers 22h00 redémonter rapidement l’appareil car une tempête éclate avec de la pluie forte.
Le 19 juillet, les conditions météorologiques ne sont toujours pas favorables. Le 20 juillet, l’équipe française décide de profiter d’une accalmie pour tenter un vol malgré des conditions non optimales, avec un vent de 6 km/h, instable. Après 30 minutes pour monter l’appareil – un temps record – trois tentatives seront menées et le Millésime 2 a ainsi pu réaliser un vol de 3,11 secondes « parfaitement contrôlé et maîtrisé du décollage à l’atterrissage ».
L’appareil se pilote en mode 2-axes (profondeur et lacet). D’autres vols n’ont pas été tentés par la suite après la découverte de la fragilisation du renvoi d’angle – tous les essais de validation des éléments n’avaient pu être menés à fond avant la compétition, faute de temps… D’autres problèmes ont été rencontrés notamment sur le servo-moteur des commandes, suite aux rafales de vent ayant trop sollicité la structure.
Aussi, ne souhaitant pas risquer de casser l’appareil – notamment sa voilure fragile avec ses 26 m contre environ 20 m pour les autres appareils – afin de pouvoir l’améliorer et participer à la compétition l’an prochain, l’équipe de Bordeaux a arrêté les vols après son envolée de 3,11 secondes. En net progrès donc par rapport à la précédente envolée, « même si la vidéo n’est pas très spectaculaire », précise David Reungoat, car le vol a été parfaitement piloté avec décollage, vol en palier et atterrissage. On est certes encore loin des vols réalisés par les deux premiers au classement général (les Aerocycle 3 et Airglow), qui ont effectué des vols de 2.000 m de long.
Au final, l’équipe française est arrivée troisième au classement, tout en étant la seule équipe universitaire, sur un total de 7 inscrits mais 3 concurrents avaient finalement déclaré forfait… David Reungoat envisage d’organiser une compétition internationale de HPA l’an prochain en France. A suivre… ♦♦♦
Photos © IUT de Bordeaux/IMA