Edition 2017 avec cinq aéronefs en finale du Grand Prix du Patrimoine de l’AeCF…
Le Grande Prix du Patrimoine s’est tenu ce 29 mai, organisé par l’Aéro-Club de France avec le soutien du GIFAS, de la Fondation Saint-Exupéry et d’AIRitage (patrimoine Aérospatiale, Matra et Airbus). Ce prix a pour vocation de « favoriser la sauvegarde du patrimoine aéronautique international et de le faire connaître au plus vaste public, en gratifiant une action particulièrement exemplaire de préservation ou de restauration dans ce domaine ».
Le jury – composé de onze personnalités du monde de l’aéronautique, de la culture, de la politique et animé par Max Armanet, président de la commission Patrimoine de l’AeCF – devait départager cinq finalistes sélectionnés par la commission Patrimoine et le collège expertal de l’AeCF, à savoir :
– Moynet Jupiter 360/6 n°03 (F-BLKY) : ce bimoteur de formule « push-pull » a été remis en état par l’Espace Air Passion à Angers-Marcé. Reposant sur un concept signé André Moynet, pilote des Forces aériennes françaises libres (FAFL) durant la Seconde Guerre mondiale, cet avion était prévu pour les vols d’affaires. Produit par la société Matra, il a effectué son premier vol en décembre 1963 à partir de villacoublay. Du quadriplace, on passe au 6-places tandis que la puissance installée augmente. Trois cellules seront réalisées dont l’une pour les essais statiques. Le troisième exemplaire devient la propriété d’Andry Moynet avant d’être confié à l’aéro-club de Neuilly, aux Mureaux. Finalement, en 1993, l’instigateur du programme confie l’appareil au musée d’Angers. Deux associations (AIRitage et « Je me souviens ») s’associent en 2011 pour soutenir le projet de remise en état de vol lancé en 2007. Présenté en statique et encore inachevé au salon du Bourget en 2015, ce Jupiter devrait reprendre l’air ces prochaines semaines, après une remise en état complète de la cellule, avec révision complète des moteurs, hélices, instruments. Ce sera le seul Moynet 360 Jupiter en état de vol dans le monde… Ce projet a reçu la Coupe du GIFAS (15.000 €).
– Caudron Luciole C-272 (F-PAPI) : emblématique des années 1930, avec notamment l’Aviation populaire, le Caudron Luciole est un biplan biplace en tandem motorisé par un moteur Renault, Caudron et le constructeur automobile étant alors associés pour développer l’aviation de loisirs et de tourisme. La désignation « Luciole » a été retenue par les frères Caudron, Gaston et René, pour rendre hommage à une jument qui transportait leurs premières machines vers le champ d’aviation. Ce C-272-5, n°6.799, est sorti d’usine en septembre 1933. Il sera utilisé en club jusqu’en 1968. Marie-France et Serge Maigrot le rachètent en 1982 pour le confier à Stéphane Lemoine, ce dernier se chargeant de le restaurer au sein de l’Association de préservation du patrimoine de Lessay. L’équipe comprend d’anciens employés de Caudron, des professionnels de la restauration issus du Musée de l’Air du Bourget et de l’Amicale Jean-Baptiste Salis. Le 14 juillet 1989, après 3.000 heures de travail, le Caudron a retrouvé le ciel avec son moteur d’origine, un Renault Bengali de 100 ch. Le projet a remporté la Coupe Saint-Exupéry (10.000 €).
– CM-170 Fouga Magister n°482 : dans le cadre du Musée aéronautique de Bretagne, président par Hughes Duval, ce CM-170 Fouga Magister a été utilisé par l’Ecole de l’Air de 1965 à 1997, à partir de la base de Salon-de-Provence. Avec son empennage en V, dit « papillon », le biplace en tandem remplit alors son rôle d’avion d’entraînement militaire, produit en France mais également sous licence en Allemagne et en Israël. Le type sera notamment utilisé par la Patrouille de France avant que celle-ci ne passe à l’Alpha Jet en 1981. Ce n°482 a été récupéré en 1998 par l’association des Ailes villeneuvoises, il est tout d’abord stocké en 2004 à Bordeaux, puis convoyé par la route en 2009 vers Rennes pour rejoindre le parc du Musée aéronautique de Bretagne en cours de constitution. Sa remise en état est alors entreprise en visant une restauration fidèle à l’état initial de l’appareil. Ce Fouga a reçu la Coupe AIRitage (5.000 €).
– Chance-Vought F-4U-5N « Corsair » (F-AZEG) : restauré à La Ferté-Alais par l’équipe des « Casques de Cuir », ce Corsair a été livré à l’US Navy en septembre 1951. En 1952, il est utilisé lors de la guerre de Corée avant de rejoindre la flotte de l’armée de l’Air hondurienne, l’US Navy passant aux jets. Après plusieurs changements de propriétaires, il est acquis par Jean Salis en 1985. En 2008, décision a été prise de réaliser une grande visite. Après dix années de chantier, après avoir déjà fait entendre son moteur en étoile lors d’essais au sol, ce Corsair devrait retrouver la troisième dimension l’an prochain. Il sera alors le seul Chance Vought Corsair F4U à voler en France. Si l’appareil est emblématique des combats de la Dernière Guerre notamment dans le Pacifique, le type fut également utilisé par l’Aéronavale frança!se, de l’Indochine à l’Algérie. Plus de 12.500 exemplaires ont été produits après le prototype mis en vol en mai 1940. Ce Corsair a remporté le Prix du Patrimoine de l’Aéro-Club de France.
– SV-4C Stampe n°536 (F-PSVC) : conçu en Belgique avant la Seconde Guerre mondiale mais produit principalement en France après la Libération, le Stampe a été produit à plus de 950 exemplaires. Il a permis de relancer la formation au pilotage après la Seconde Guerre mondiale, pour alimenter les cockpits des avions de chasse et de transport. Il va également participer à la relance de la voltige aérienne, étant abondamment utilisé dans les aéro-clubs. Ce SV-4C n°536, fabriqué en France, a été mis en service en 1946 à l’aéro-club Hispano-Suiza, à Pontoise. Il rejoint en 1956 l’aéro-club Jean Bertin à Chavenay, puis devient en 1975 et jusqu’en 1993 la propriété de Jean-Claude Croc, président de l’aéro-club. Un nouveau propriétaire en fera don en 2012 – alors qu’il est en cours de restauration – au Cercle des machines volantes (CMV), association implantée sur le terrain de Compiègne. Le chantier y sera poursuivi avec entoilage, remise en état des réservoir, capots, commandes de vol et son moteur Renault 4P de 140 ch.Ce SV-4C a repris l’air le 6 octobre 2016. Ce Stampe a reçu le Prix du Patrimoine de l’Aéro-Club de France. ♦♦♦