L’histoire d’un concepteur français trop mal connu.
Max Holste a débuté sa carrière avant la Seconde Guerre mondiale en travaillant au bureau d’études de Farman puis chez Amiot. En 1939, il conçoit et construit un racer destiné à participer à la Coupe Deutsch de la Meurthe édition 1939… qui n’aura pas lieu. Le racer prendra cependant son envol. Pendant la guerre, il développe des études pour un planeur bipoutre et un avion expérimental, un monomoteur monoplace à doubles dérives.
Après guerre, ce dernier va être extrapolé en plusieurs projets d’avions de tourisme jusqu’au MH-52 qui participe en 1946 au concours des avions légers à Marignane. Une série de 13 appareils verra le jour, ce qui ne sera pas le cas d’un bimoteur léger. Les projets suivants portent la désignation MH-152, avec un avion polyvalent qui va donner naissance au fameux MH-1521 Broussard, l’avion de liaison de l’armée de l’Air. Construit à plus de 300 exemplaires, le Broussard reste l’avion le plus connu à ce jour à porter les initiales du concepteur.
N’ayant pas la capacité industrielle à produire autant d’appareils, Max Holste doit s’associer à la Sipa et à la Seca pour délivrer dans les temps les machines attendues par l’armée de l’Air, celle-ci saluant la capacité du constructeur à tenir ses délais voire à livrer avec anticipation ses appareils.
Max Holste passe ensuite à un projet plus ambitieux, celui du Super Broussard, un bimoteur toujours rustique, solide, apte à travailler sur pistes mal préparées. Le MH-250 sert d’étalon mais, toujours en manque d’installations de production et d’un financement suffisant, le concepteur doit se tourner vers Nord Aviation pour produire les modèles dérivés dont le MH-260. Ce dernier donnera naissance par la suite au Nord 262 à cabine pressurisée, le concepteur ayant dû abandonner son programme au profit de Nord Aviation.
Le 2-6-2 deviendra à nouveau l’avion à tout faire de l’armée de l’Air mais aussi un avion de transport pour différentes compagnies aériennes, françaises et étrangères, même si le développement du biturbopropulseur a rencontré de nombreuses difficultés liées à la turbine Bastan, déclinée en plusieurs modèles pour tenter d’offrir à chaque fois une puissance toujours plus élevée et d’atteindre une fiabilité acceptable.
Ayant regagné son indépendance, Max Holste travaille alors sur le projet d’un « Twin Otter » à la française, imagine un autogire de 4-5 places, envisage s’installer au Maroc pour finalement rejoindre le Brésil. Là, il participe à la conception de l’EMB-100, le premier modèle conçu par Empresa Brasileira de Aeronautica, alias Embraer. C’est à partir des différents EMB-100 conçus par Max Holste que le bureau d’études brésilien développera ensuite l’EMB-110 Bandeirante, un biturbopropulseur à ailes basses, utilisé dans le domaine civil et militaire, premier maillon de la gamme Embraer à venir…
Cette histoire des « avions de Max Holste » a été rédigée il y a quelques années par Jacques Delarue, l’ancien directeur général des Avions Max Holste, à Reims-Prunay, société détenue alors à 49% par Cessna Aircraft. La plate-forme de Reims-Prunay sera le terrain d’implantation par la suite de Reims-Cessna avec à sa tête un certain Pierre Clostermann.
Publié en 1993, l’ouvrage était épuisé. Les éditions du Trait d’Union (la revue de la Branche française d’Air Britain) ont décidé de le rééditer début 2017. Si la qualité de l’impression n’est pas toujours à la hauteur des attentes du lecteur, avec des photos uniquement en noir et blanc de qualité moyenne car souvent trop sombres, cet ouvrage est le seul à rendre hommage à Max Holste, disparu en 1998.
Ne se voulant pas une biographie du concepteur, ce livre est un « résumé historique de l’oeuvre créatrice du concepteur de talent qu’il a été », précisait son auteur dans son avant-propos. En ce sens, il répond parfaitement à son objectif, faire connaître les réalisations d’un ingénieur souvent peu ou pas connu… ♦♦♦
– Les avions de Max Holste, par Jacques Delarue, Ed. Le Trait d’Union. 200 pages. 30,00 €
Franco de port : 30 € + 5,84 € de frais postaux, par chèque à l’ordre de la BFAB à adresser à Jean Delmas, Résidence Colbert, 107 Allée D. Casanova, 93320 Les Pavillons-sous-Bois. http://bfab-tu.fr
Photos reprises de la 4e de couverture de l’ouvrage.