L’UFH, regroupant les opérateurs sous voilures tournantes, exige une pause réglementaire.
L’Union française de l’hélicoptère (UFH) a déjà fait ce constat par le passé : le « cadre légal concernant les vols en hélicoptère s’alourdit chaque jour un peu plus, sans même parfois être maîtrisé par les pouvoirs publics. Et de nouveaux décrets vont encore venir détériorer cette situation au printemps ».
A l’approche des élections, l’UFH compte interpeller « tous les représentants politiques sur cette question cruciale pour l’avenir de cette filière qui représente 33.100 emplois directs et 70.000 emplois indirects en France. Depuis 2011, 10 à 15% des acteurs du marché ont disparu compte-tenu du contexte économique, du manque de perspectives règlementaires stables et de l’insuffisance de soutien politique à cette filière d’excellence » précise le communiqué.
Même « l’existence de l’Héliport d’Issy-les-Moulineaux est régulièrement menacée par les pouvoirs politiques locaux à l’approche des élections ou par des projets immobiliers malgré son implantation historique, son importance pour pour les secours et son rôle pour l’attractivité de la capitale auprès des acteurs nationaux et internationaux ».
L’UFH souligne encore que « presque tous les jours, l’EASA publie de nouvelles prescriptions, parfois contradictoires, sur la législation aéronautique, ce qui rend son application de plus en plus problématique. S’il est indispensable d’harmoniser les législations entre pays dans le secteur aéronautique, le traitement administratif accroît la charge de travail des équipes aux dépends de la sécurité concrète des vols et de la santé économique des acteurs, déjà durement touchés par la crise ».
La législation sur le survol des zones hostiles par les monomoteurs est « l’un des derniers exemples criants de cette situation règlementaire qui ne touche pas que la France. L’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne le sont aussi. En Europe, 500 à 700 sociétés, qui pilotent une flotte de 4.000 appareils, sont potentiellement menacées » selon l’UFH qui précise « qu’aucune étude ne démontre la dangerosité des monomoteurs » et qu’il faut « plus de 25 ans pour amortir le coût des machines et que la filière a pris de nombreuses mesures pour réduire les risques et améliorer l’efficacité énergétique et sonore des appareils ».
Face à « cette situation plus que préoccupante pour la sécurité des vols et l’économie du secteur, l’UFH n’exige, ni des effectifs, ni des financements, mais simplement une pause règlementaire de deux ans ». Pour Dominique Orbec, président de l’UFH, cette pause « doit permettre à la profession, mais aussi à son administration de tutelle, d’assimiler et de comprendre les textes déjà publiés afin de s’y s’adapter. Mais ce délai devra aussi et surtout être mis à profit pour engager, en coopération avec les autorités d’aviation civile, la refonte des dispositions qui posent de réels problèmes opérationnels, quand elles ne vont pas carrément à l’encontre des objectifs sécuritaires recherchés ».
L’UFH en profite pour rappeler certains points :
– « Saviez-vous que la réglementation souhaite imposer aux hélicoptères d’être bimoteur pour survoler certaines zones, alors que la flotte est composée à 80 % de monomoteurs, adaptés en terme de sécurité et de réalité opérationnelle ? C’est comme si les pouvoirs publics annonçaient du jour au lendemain que tous les véhicules professionnels devaient être tout terrain pour parer au risque d’embourbement des villes, sans tenir compte de l’impact économique, social ou environnemental d’une telle mesure ».
– « Saviez-vous que des réticences administratives ont conduit à renoncer au renfort des hélicoptères suisses, parmi les plus expérimentés en matière de secours en montagne, lors de l’incident de téléphérique, en septembre 2016 dans le Massif du Mont-Blanc ? Compte-tenu des différences d’interprétations de part et d’autres de la frontière, les opérateurs suisses ont pu déposer les secouristes mais n’ont pas pu évacuer le public. Les 33 personnes bloquées ont dû passer la nuit dans les cabines et attendre l’arrivée des hélicoptères français le lendemain.
Saviez-vous qu’un pilote de plus de 60 ans peut continuer à faire du travail aérien de haute précision (transport de charges, lutte contre les incendies, etc.) mais ne peut plus transporter de passagers ? ».
– « Saviez-vous que les coûts de formation des équipages ont augmenté de 200 % depuis 2014 en raison de l’évolution de la réglementation ? ».
– « Saviez-vous qu’il n’est pas rare que les acteurs de la filière reçoivent plus de 1.200 pages de législation à commenter sous 10 jours ». ♦♦♦
Photo © Airbus Helicopters