Le plan statégique de l’EASA pour la sécurité sur la période 2017-2021.
Fin janvier, l’EASA a mis en ligne sur son site un document intitulé « Rulemaking and Safety Promotion Programme, including the European Plan for Aviation Safety (EPAS) » (Réglementation et programme de promotion de la sécurité, comprenant le plan européen pour la sécurité de l’aviation). Ce programme est prévue sur les années 2017-2021. Pour chaque action, les paramètres pris en considération sont la sécurité, l’environnement, le rapport coût/efficacité proportionné aux risques, une réglementation identique pour tous les acteurs d’un même segment du marché aéronautique.
Le niveau de sécurité a été établi pour les différents segments de l’activité aéronautique, en prenant en compte les accidents mortels et le nombre de décès sur l’année passée (2015) en comparaison avec la moyenne sur les dix dernières années. Tous les segments et causes d’accidents sont passés en revus avec les actions prévues durant les 5 années à venir.
Au paragraphe 5.5 apparaît l’aviation générale, limitée à « l’aviation de loisirs sur aéronefs à voilures fixes » (Fixed-wing leisure flying). Le document précise que « dans les cinq dernières années, les accidents impliquant des avions de loisirs ont atteint une moyenne de près de 80 décès par an en Europe (sans prendre en compte les accidents mortels impliquant des ultra-légers motorisés). De plus, en 2015, 65 décès ont été comptabilisés avec des avions (2e résultat le plus élevé) lors d’opérations non commerciales et 27 dans le domaine vélivole (3e résultat en nombre). Ces deux activités représentent les plus hauts scores en accidents mortels en 2015 ».
L’EASA, via son General Aviation Road Map, veut faire de cette constatation sa « priorité stratégique ». Bien qu’il soit « difficile de mesurer avec précision l’évolution de la sécurité en aviation générale faute de données consolidées (exemple, nombre d’heures de vol accumulées), il est raisonnable de penser que des évolutions du niveau actuel de la sécurité ont été atteints au niveau européen, malgré toutes les initiatives et efforts dans ce domaine », précise le document.
D’où l’organisation par l’EASA d’un atelier de travail en octobre dernier, portant sur la sécurité en aviation générale, pour partager les connaissances et s’entendre sur des actions de sécurité devant contribuer à améliorer la sécurité. Les domaines stratégiques en la matière et les actions prévues ont été identifiés et débattus lors de cet atelier de travail.
Des leviers systèmiques, pour promouvoir la sécurité
Cette section concerne les actions intervenant sur le « système » ou ayant des conséquences transversales concernant l’aviation générale dans sa totalité.
– Améliorer la diffusion de messages de sécurité (2017) : il s’agit d’améliorer la diffusion de la promotion de la sécurité par les Autorités, associations, aéro-clubs, compagnies d’assurance en visant ne priorité les instructeurs et les pilotes via des outils comme les ateliers ou les journées/soirées « sécurité ».
– Instruction en vol (2018) : développer du matériel faisant la promotion de la sécurité, visant à rendre plus efficace les bénéfices en sécurité lors des vols de prorogation avec instructeur, comprenant les différences entre types d’aéronefs.
– Promouvoir de la technologie améliorant la sécurité (2017) : encourager l’installation et l’usage de la technologie moderne (exemple, information météo, moving-maps, protection du domaine de vol, applications sur tablettes, systèmes anti-collision, incidencemètres, etc.). Dossier lié à la réglementation pour faciliter l’installation rapide et économique de tels systèmes.
Garder le contrôle
Cette section traite des compétences en pilotage, de la conscience de la situation et de la gestion des positions inhabituelles ou du décrochage au décollage, en vol, durant l’approche ou à l’atterrissage, mais aussi la préparation des vols, l’accélération-arrêt et la remise de gaz. « Garder le contrôle » (Staying in control) de l’appareil évite les accidents dus à une perte de contrôle. Celle-ci intervient généralement quand l’appareil sort de son domaine de vol normal, créant un élément de surprise pour l’équipage. Les accidents par perte de contrôle sont fréquents et tragiques. Avec 47% des cas, les situations inhabituelles dont la perte de contrôle sont la raison principal des accidents mortels, ces dix dernières années, pour les avions utilisés en opérations non commerciales.
– Documentation EASA sur « garder le contrôle », l’approche et l’atterrissage dont la remise de gaz (2017) : une vidéo sur ce sujet est prévue, devant focaliser son contenu sur l’approche et l’atterrissage, traitant des performances, de la préparation et de la gestion du vol, des approches stabilisées, de la remise des gaz et de la technique d’atterrissage. Le rappel de l’importante de l’angle d’incidence fera partie des sujets traités.
– Campagne sur « Garder le contrôle » (2018) : lancement d’une campagne sur des sujets relatifs à « garder le contrôle », comme les performances d’un aéronefs, la préparation et la gestion du vol, le rôle de l’angle d’incidence, le concept TEM (Threat and Error Management ou Gestion des erreurs et des menaces), récupération d’une situation anormales, reconnaissance et récupération d’un décrochage, gestion de la surprise.
Gérer les conditions météo
Cette section concerne les sujets météo comme l’entrée en IMC, les conditions de givrage, le givrage carburateur, les mauvaises conditions météo. La météo est un facteur important relevé dans les causes d’accidents en aviation générale, avec souvent des pilotes sous-estimant les risques d’une évolution météorologique juste avant de décoller et durant le vol, tandis que le temps se dégrade. Gérer le mauvais temps peut augmenter la charge de travail d’un pilote et diminuer sa conscience de la situation et son niveau de pilotage. La prise de décision peut également être affectée alors qu’un biais de compréhension peut entraîner des pilotes à poursuivre leur route malgré des conditions météo de plus en plus menaçantes.
– Meilleure appréhension de la météo par les pilotes (2018) : produire du matériel de promotion de la sécurité (vidéo), relatif à la conscience de la météo, la préparation du vol, la gestion de ce dernier et un débriefing, l’usage des services d’information en vol, l’intérêt d’utiliser la technologie moderne dont des systèmes d’information météo en vol (comrpenant GPS intégré, applications connectées sur mobile en 4G, etc.), la communication avec le contrôle aérien, l’entrée par inadevertance en IMC, le TEM et les facteurs humains.
– Lancer une campagne de promotion de la sécurité mettant en avant le vol aux instruments pour les pilotes de l’aviation générale (2018) : promouvoir un accès plus simple des pilotes de l’aviation générale à l’IFR pour améliorer la sécurité et l’efficacité à travers l’Europe.
Prévenir les collisions en vol
Cette section concerne la complexité de l’espace aérien, les infractions à l’espace aérien et l’usage de la technologie. Les statistiques montrent que les collisions touchent autant les pilotes débutants qu’expérimentés et peuvent intervenir dans toutes les phases du vol et à toute altitude. Cependant, la majorité des collisions intervient de jour et par excellentes conditions météo. Une collision est plus probable quand des avions sont concentrés, notamment à proximité d’un aérodrome. La pénétration non autorisé d’un espace aérien contrôlé par un aéronef de l’aviation générale est aussi un sujet relatif à la sécurité.
– Risque d’infraction liée à l’espace aérien (durée continue) : les Autorités nationales devraient jouer un rôle majeur en agissant et en promouvant les priorités locales dans ce domaine.
– Promotion européenne sur les pénétrations en espace aérien et les collisions en vol (2017-2018) : développer et mettre en place une campagne européenne sur les pénétrations en espace aérien contrôlé et la réduction du risque de collision, comprenant une meilleure conscience de la complexité de l’espace aérien et l’usage de la technologie comme l’ADS-B.
– Fourniture de services pour les vols de l’aviation générale (durée continue) : augmenter la qualité des services d’assistance assurés pour les vols en aviation générale via les gestionnaires des services de la navigation.
Gérer le vol
Cette section concerne la navigation, la gestion carburant, la conscience du sol et des obstacles, et les atterrissages forcés. La plupart des accidents sont dus aux actions des pilotes, comprenant des décisions prises lors de la préparation d’un vol ou suite à des conditions changeantes durant le vol. Les décisions du pilote, dont sa capacité à hiérarchiser la charge de travail, affecte la sécurité et la survie de l’aéronef et ses occupants.
– Transport sécurité d’objets dangereux (2017) : publication d’une brochure pour informer les pilotes sur les risques liés au transport d’objets dangereux.
– Gestion carburant (2018) : compiler et diffuser des documents déjà disponibles sur la gestion carburant.
– Conscience du sol et des obstacles pour les avions légers (2019) : rechercher les possibilités d’un TAWS léger (GNSS) via les CS-STAN. TAWS pour Terrain Awareness and Warning System, système d’alerte pour une meilleure conscience du sol. CS-STAN, réglementation devant permettre l’installation de nouveaux équipements à coûts minimum sur des appareils d’ancienne génération, non prévus au départ pour cet équipements n’existant pas lors de leur certification. ♦♦♦
Lien vers le document complet sur le site de l’EASA.