Dernier épisode du feuilleton de Jean-Philippe Chivot. La troisième tentative, pleine d’émotions, fut la bonne pour Jean Batten…
Lien vers l’épisode précédent
Ellen et Edward essayèrent une nouvelle fois de la faire renoncer à son projet. Jean répondit à Edward : « Ted, si tu m’aimes vraiment, prêtes moi les ailes de ton Moth et nous nous marierons à mon retour ». Edward céde. Elle fait échanger les ailes de son Moth par celles d’Edward et renvoit à Rome les ailes empruntées.
48 heures après son retour de Rome, elle repart au petit matin pour l’Australie. Elle s’arrête une nouvelle fois à Marseille puis à Brindisi, Athènes, Damas et Bagdad. A chaque étape, elle adresse un télégramme aux journaux londoniens. Elle croise les trimoteurs de la KLM ou des Imperial Airways qui remontent vers l’Europe et se font abondamment photographier.
A chaque étape, elle bataille pour avoir une chambre, quitte à s’imposer au culot dans celles réservées aux passagers des vols réguliers. Elle rencontre le front intertropical à la hauteur de Phuket, en Malaisie. Elle n’a connu jusqu’alors que le mauvais temps en Méditerranée.
Pour elle et pour l’avion, c’est un choc. Des murailles d’eau à traverser qui font tousser le moteur en plein vol sur la mer, une visibilité qui peut tomber à 50 m… il lui faut un courage hors du commun pour ne pas faire demi-tour.
Elle arrive cependant à Batavia (Djakarta) où le temps commence à s’améliorer et, lors de son escale dans l’ile de Timor, face à l’Australie, la lecture des journaux lui montre qu’elle a deux jours d’avance sur Amy Johnson lors de son raid quatre années plus tôt.
Sa mère, interviewée à Londres, ne tarit pas d’anecdotes à la gloire de sa fille sans n’aucunement citer l’aide financière de Fred, Victor, Edward et de Lord Wakefield. « Ma fille a du vendre son piano pour voler » disait elle.
« Leaving Brooklands, England »… le Moth G-AARB de Jean Batten…
Venant de Timor après une demi-journée de vol, Jean Batten se pose le 23 mai 1934 à 14h58, sous un soleil radieux, à Darwin, au nord-ouest de l’Australie, où un caméraman de la Fox Movietone l’attend. Jean Batten a mis à peine 15 jours pour relier l’Angleterre à l’Australie et elle devient brusquement une célébrité mondiale. ♦♦♦
En bonus…
Une publicité d’époque de la De Havilland Aircraft Co. Ltd. vantant les atouts du Moth comme moyen de transport du « sportsman »… avec un dialogue précisant l’état d’esprit des « gentlemen flyers » britanniques de l’époque !
– Lieu : club de Londres
– Heure : samedi après-midi
– Saison : hiver
– Epoque : actuelle
– Réflexion… : le soleil brille… un petit tour dans les airs… trop beau pour rester en ville. Un tour au golf. Où aller jouer ? A son club personnel en banlieue… hum… du monde… trop de monde. Non ! Par dessus les collines et loin d’ici, c’est là où nous irons jouer aujourd’hui. C’est plutôt bon ! Ah ! Ce nouveau parcours près de Leicester où habite Brown.
– A haute voix : Porter ! Téléphonez à Stag Lane et demandez-leur de sortir mon Moth, et aussi au Major Brown à Leicester et dites-lui que je lui donne rendez-vous sur le parcours de golf à 14h00, et envoyez ma voiture aussi. Je dinerai au Club ce soir.