Suite du feuilleton sur le périple de Francis Chichester entre Londres et Sidney.
Lien vers l’épisode précédent.
Onzième étape : Rangoon-Victoria Point (1.000 km). Victoria Point (le terrain de nos jours en photo d’ouverture) est une ville située à 250 km au nord de Phuket, à l’extrémité d’un cap sur la côte est de la Malaisie. La ville se nomme maintenant Kawthaung et possède un petit aéroport.
Le départ de Rangoon fut savoureux. Dans l’axe de décollage se situait la plus haute pagode de la ville… Cette pagode était un remarquable repère aéronautique mais dans la brume matinale du départ, il fallait absolument l’éviter ! A Victoria Point Chichester dut tourner un certain temps pour trouver l’aérodrome proche de la mer, caché dans les cocotiers.
L’atterrissage fut difficile car la piste était en travaux et ne lui laissait que 300 m au plus pour se poser. Le lendemain à l’aube, le décollage faillit mal tourner. A pleine charge sur un terrain boueux, le Moth ne prenait pas de vitesse. Grâce à plusieurs grands coups de manche, Chichester parvint quand même à l’arracher du sol presque en bout d’aérodrome.
Douzième étape : Victoria Point-Singapour (1.250 km). Cette étape demandait quelques 10 heures de vol. Au début, le temps était superbe mais à partir de Pénang, Chichester rencontra les prémices de la… mousson. Les orages le forcèrent à suivre toutes les endentures de la côte dans une atmosphère saturée d’humidité avec très peu d’endroits où se poser en cas de problème moteur.
Ce ne fut heureusement pas le cas et Chichester dit s’en être sorti par l’autosuggestion. Il psalmodiait dans le cockpit : « Il fait beau, il fait beau ». Le passage par le travers de Kuala Lumpur fut le plus difficile. Toutes les îles étaient noyées dans la pluie et on l’avait averti que le terrain de Kuala Lumpur devenait un infect bourbier en cas d’orage.
Il calcula qu’il lui restait suffisamment d’essence pour aller directement à Singapour et il espérait que le temps irait en s’améliorant. Le vol lui sembla interminable jusqu’à l’approche finale. Il se posa sur la pelouse mouillée. Acclamé par les quelques officiers anglais présents, il courut avec eux avaler un double whisky soda.
Singapour Seletar en 1934
Après avoir dîné au mess de la RAF, il remit au lendemain l’entretien du moteur et se mit à écouter les histoires d’aviateurs de l’époque : celle de l’Italien qui cassa 17 avions, ou mieux celle du commandant anglais d’escadrille qui volait encore après son 35e avion fracassé. Au petit matin il prit son breakfast dans la plantation de caoutchoutiers bordant le terrain et décolla en direction de Batavia, l’actuelle Djakarta, non sans avoir par télégramme prévenu de son arrivée le consul britannique. ♦♦♦ (A suivre…)
Demain : la suite du feuilleton verra Francis Chichester aux prises avec une tornade. Lien vers le sixième épisode.