Quatrième épisode du feuilleton signé Jean-Philippe Chivot sur le voyage au long cours de l’aviateur britannique Francis Chichester. Ce dernier est désormais en Iran et vise l’Inde puis la Birmanie…
Lien vers l’épisode précédent.
Septième et huitième étapes : Bushire-Chabahar (Iran) avec 1.200 km et Chabahar-Karachi, en Inde (700 km). Ces étapes consistaient à suivre la côte du golfe persique puis celle du golfe d’Oman jusqu’à Karachi. Par un temps magnifique, Francis Chichester se posait sur chaque terrain des Imperial Airways et refaisait les pleins d’essence et d’huile.
A Jask puis à Chabahar, il fut reçu à dîner par le représentant des Imperial Airways. A Karachi, le mécanicien de De Havilland nettoya les bougies, régla le jeu des culbuteurs et transvasa quelques 180 litres d’essence dans les réservoirs. La photo d’ouverture montre l’aérodrome de Karachi en 1930 avec son imposant hangar à dirigeable construit en 1928 pour le R101 anglais, dirigeable qui s’écrasa de nuit à Beauvais lors de son voyage inaugural en direction de Karachi.
Au programme des huitième et neuvième étapes : Karachi-Jhansi (1.250 km) et Jhansi-Calcutta (1.100 km). Traverser l’Inde en survolant les plaines de l’Indus et du Gange par beau temps ne posa aucun problème. L’organisation de l’Empire britannique était au service d’un gracieux sujet de sa majesté en voyage au long cours…
Chaque jour, il faisait plus chaud et chaque jour, Chichester cuisait un peu plus dans sa combinaison Sidcot en toile huilée, fourrée de laine. Il s’en débarrassa pour l’étape Jhansi-Calcutta et se posa le soir à 15 km au nord-est de Calcutta sur l‘aérodrome de Dum Dum. Dum Dum était, depuis 1850, un camp militaire britannique et ressemblait, vu du ciel, à une immense pelouse de gazon anglais…
Chichester se dirigea vers le Flying Club installé là depuis deux ans. Il y reçut un accueil chaleureux et se mit, comme après chaque long vol, à travailler sur le moteur : changement des 8 bougies, nettoyage des filtres, vidange de l’huile et réglage du jeu des culbuteurs.
L’aérodrome de Calcutta Dum Dum en 1935 : cocotiers, ciment devant le hangar et herbe pour la piste. Le quadrimoteur est un Armstrong Whitworth AW.15 Atalanta mis en ligne à partir de 1933 par les Imperial Airways
Dixième étape : Calcutta-Rangoon en Birmanie, soit 1.250 km. C’est en général à l’arrivée en avion en Birmanie que les choses se corsent. Chichester, qui volait à la mi-janvier, était toujours dans le beau temps mais commençait à rencontrer des orages relativement isolés. Et le sol, couvert d’une végétation luxuriante et sillonné de ruisseaux, ne lui semblait pas vraiment propice aux atterrissages d’urgence. Aussi longea-t-il encore la côte où, de temps en temps, une étendue de sable lui aurait permis de se poser et sûrement d’attendre de longues heures des hypothétiques secours..
Il pilotait maintenant en chemisette et bermuda et commençait à s’ennuyer ferme ! Pour se distraire, il bombardait les bateaux de pêche rencontrés avec ses canettes de jus de fruits vides. Après avoir croisé le Fokker trimoteur de la KLM qui retournait en Hollande, Chichester atteignit Rangoon et chercha le champ de courses près de la fameuse pagode, champ sur lequel il devait se poser.
Le champ de courses de Rangoon en 1930, sur lequel dut atterrir Chichester
La piste était suffisamment longue mais très étroite. Il dut batailler ferme contre le vent de travers pour ne pas emboutir les belles barrières blanches. A sa descente du Moth, il fut accueilli par un ingénieur anglais qui avait l’habitude d’aider et d’héberger les pilotes privés, Bert Hinkler, et surtout le plus étrange d’entre eux, le baron von Koenig-Warthausen qui fit, en 1930, le tour du monde avec son Klemm à moteur de 40 ch à simple allumage. ♦♦♦
Demain : poursuite du périple en Birmanie mais le pilote va y rencontrer la… mousson !
Lien vers le cinquième épisode.