Deux tomes pour présenter toutes les productions des Avions Breguet.
Henri Lacaze est un récidiviste… Début 2013, il a déjà proposé chez Lela Presse un imposant ouvrage (432 pages, plus de 400 images) concernant l’un des plus anciens constructeurs aéronautiques français, Morane-Saulnier – un siècle de production et de projets développés par la firme de Puteaux, faisant ainsi le tour de la question… Il est important que l’histoire des constructeurs aujourd’hui disparus soit ainsi « gravée » dans le papier car le temps passe, certaines archives disparaissent et les derniers témoins nous quittent.
En 2016, il s’est attaqué à un autre grand constructeur, Louis Breguet. Et cette fois, il lui a fallu deux tomes pour mener à bien l’histoire de cette société aéronautique depuis ses débuts en 1905 jusqu’au début des années 1970. Le découpage s’est fait en retenant les biplans pour le premier tome, et les monoplans pour le second. « L’ère des biplans » (272 pages, 750 images…) révèle ainsi les débuts de l’ingénieur avec des tentatives dans le domaine des voilures tournantes, rapidement abandonnées au vu des résultats.
Louis Breguet passe alors à l’architecture biplane, avec une série d’appareils plus ou moins réussis, et notamment d’imposants bombardiers avant l’arrivée du fameux Breguet XIV qui participe à la Première Guerre mondiale mais reste surtout connu pour son utilisation pour le transport du courrier aux débuts de l’Aéropostale. Le modèle 19 va donner naissance aux « Bidon » et « Super Bidon » dont le plus célèbre est le « Point d’Interrogation » avec lequel Costes et Bellonte réaliseront, en 1930, la première traversée de l’Atlantique Nord dans le sens est-ouest.
L’ouvrage révèle quelques appareils particuliers. Se glissant parmi les biplans, le monoplan LE construit par Breguet selon les directives du Laboratoire Eiffel (LE) avait des années d’avances avec son aile basse et son fuselage très aérodynamique. Hélas, l’appareil sera détruit lors de ses premiers vols par un pilote sans expérience, menant à la fin de ce projet futuriste. Peut-on oublier le Léviathan, un imposant biplan à l’unique hélice entraînée par… quatre moteurs qui ne sera pas produit après les essais du prototype. Louis Breguet passe ensuite au « tout-acier » avec notamment le modèle 27 et son fuselage-poutre à l’arrière, pour dégager le champ visuel de l’observateur-mitrailleur.
« Le règne du monoplan » (336 pages, 830 illustrations) évoque la réalisation de bombardiers, d’avions de transport et d’appui sans oublier quelques hydravions. Dans les années 1930, les usines ont été nationalisées tandis que le bureau d’études se lance dans la « modernité » avec le tout métal et des architectures monoplan. Ce sera notamment la production des bimoteurs Br-690 et dérivés qui connaîtront le combat durant la bataille de France en 1940.
Côté avions de transport, c’est entre autres l’élégant bimoteur Br-500 Colmar avant l’arrivée, quelques années plus tard, du fameux Deux-Ponts utilisé par l’armée et Air France. Des incursions dans d’autres domaines seront également faites, avec notamment un retour aux voilures tournantes mais aussi la production de planeurs dont les fameux 901 (monoplace) et 904 (biplace) qui décrocheront de nombreux records.
Les programmes majeurs à partir des années 1960 comprendront le monoturbopropulseur embarqué Br-1050 Alizé, le Jaguar, l’Alpha Jet et le patrouilleur maritime Atlantic – ces programmes seront repris par les Avions Marcel Dassault lors de l’absorption de Breguet Aviation pour devenir AMD-BA au début des années 1970. Les Breguet 940 et 941, des Stol à la motorisation complexe pour assurer tous les cas de panne d’une ou de plusieurs motorisations, ne connaîtront pas le succès, pas plus que des chasseurs à réaction comme le Br-1001 Taon prévu pour répondre à un programme de l’Otan (anagramme de Taon ou l’inverse…)
Dans les deux cas – comme les autres « monographies » de l’éditeur nous y ont déjà habitué – ces imposants ouvrages, abondamment illustrés, regorgent de données, de projets restés sans suite, de plans 3-vues, d’illustrations techniques et d’écorchés qui en font des documents quasi-définitifs sur le sujet. Ils doivent assurément trouver place dans la bibliothèque de tout passionné d’histoire aéronautique… ♦♦♦
– Les Avions Breguet, par Henri Lacaze. Tome 1 : L’ère des biplans. Tome 2 : Le règne du monplan. Lela Presse. 272 + 336 pages. 2 x 59 €.