Un bilan de la sécurité en aviation générale en région parisienne par le contrôle aérien…
Lors de la réunion annuelle de la DSAC Nord, ce 19 novembre, Marc Thomas est intervenu en tant que responsable de la gestion de l’aviation générale en région parisienne pour le compte de la Direction des services de la Navigation aérienne, alias la DSNA. Son service « gère » 8 aérodromes contrôlés où l’on enregistre chaque année 800.000 vols IFR pour environ 700.000 vols VFR. Des effets de « cisaillement » sont constatés avec un fort trafic, d’importants croisements de flux et un « décalage » parfois entre l’aviation de loisirs et l’aviation IFR.
Côté aérodromes contrôlés, 534.756 mouvements ont été enregistrés en 2015 dont 106.645 pour Toussus-le-Noble. Il est constaté un trafic double à l’ouest de la capitale par rapport à l’est, avec peu de transferts entre est et ouest suite à la nécessité de faire désormais le « grand tour de Paris » – les pilotes brevetés depuis 2001 n’ont pas connu les « transits parisiens » via la verticale du Bourget ou le travers sud d’Orly, trajectoires diminuant considérablement la distance à parcourir…
Fort d’un suivi de l’activité portant sur 13 années d’analyse, avec des réunions hebdomadaires pour disséquer incidents et accidents survenus sur la période, avec une remontée des données via les chefs de la circulation aérienne, la DSNA note une stabilisation du nombre « d’événements » annuels (276 en 2015, 280 pour l’année 2016 non achevée) mais il a été constaté, en 2016, une forte recrudescence des incidents techniques.
Si des intrusions en espace aérien sont constatées – qu’il s’agisse d’avions, d’aéromodèles ou de drones – il est surtout noté de nombreux événements liés à la conduite du vol : confusion du QFU utilisé, incursion sur une piste, atterrissage ou décollage sur un taxiway, mauvaise intégration dans le circuit de piste ou sans clairance, rapprochement entre deux appareils, atterrissage au-delà du coucher de soleil aéronautique, non respect des procédures ou d’une clairance… Des cas relevés mentionnent la présence d’instructeurs à bord.
Des exemples sont cités comme celui d’un élève en solo supervisé se posant sur son terrain après le coucher de soleil aéronautique… Si des sorties de piste en latéral par leurs élèves peuvent surprendre des instructeurs, des sorties en longitudinal sont jugées moins acceptables – prise de décision de la remise de gaz.
Il est également noté des lâchers jugés trop précoces, élèves insuffisamment formés pour gérer certaines situations dans la circulation aérienne d’un aérodrome, le tout peut être sous la pression économique. Tout ceci peut mener à l’impression d’un « délitement de la figure de l’instructeur » et à la fiabilité de ce dernier. Un contrôleur est en effet plus rassuré quand il sait qu’un instructeur se trouve à bord même si ce dernier laisse poursuivre son élève dans l’erreur — mais jusqu’où ?
Un problème n’est pas nouveau mais il faut le répéter au vu du « turn over » annuel des pilotes volant en aéro-club vol moteur, soit près de 25% des 40.000 licenciés fédéraux… Ce n’est pas parce que vous êtes en fréquence avec un Service d’information en vol (SIV) que cela vous dispense de suivre votre trajectoire et de quitter la fréquence du SIV si votre route passe à proximité d’un aérodrome, a fortiori à sa verticale.
Le contrôleur du SIV peut être débordé et ne pas vous prévenir de l’aérodrome à proximité. Un pilote reste commandant de bord… Ceci pourrait éviter les cas répétés où des pilotes, en contact avec un service d’information, transitent dans le circuit de piste d’un aérodrome, sans être sur la fréquence de ce dernier, qui plus est à la hauteur du tour de piste…
En région parisienne, deux aérodromes arrivent en tête de ce type de problème. Chavenay-Villepreux, placé sur un axe nord-sud bien utilisé pour rejoindre le sud ainsi qu’Etampes-Mondésir, point de passage d’avions en transit autour de la capitale. Or ce dernier terrain n’a pas de visualisation radar (« au plus tôt dans deux ans »…) permettant de mieux suivre ces trafics « surprise ». D’où la volonté de la DSNA de tirer la sonnette d’alarme pour une meilleure prise de conscience de la part des « usagers ». Le message est passé… ♦♦♦
Photo © F. Besse/aeroVFR.com