Une biographie de l’ingénieur aéronautique et « chef industriel ».
Si l’on s’interroge sur les grands noms de l’industrie aéronautique française depuis les débuts de l’aviation, les noms de Marcel Bloch (futur Dassault), Louis Blériot, Louis Breguet, Emile Dewoitine, les frères Caudron, les frères Morane ont toutes les chances d’être cités. Henry Potez ne sera sans doute pas cité parmi les premiers et pourtant…
Ayant fondé à 27 ans la « Société des aéroplanes Henry Potez », ce dernier, ingénieur aéronautique, va devenir le principal constructeur aéronautique de l’entre-deux-guerres, employant jusqu’à 10.000 personnes notamment dans les usines ultra-modernes de Méaulte, produisant plus de 7.000 avions (dont les Potez 63…) pour l’armée de l’Air mais aussi pour la compagnie Air France.
Auparavant, Henry Potez s’est déjà fait un nom en s’associant avec Marcel Bloch pour réaliser la fameuse hélice Eclair retenue par l’armée pour équiper bon nombre d’avions durant la Première Guerre mondiale. Tous deux, jeunes ingénieurs, ont été affectés au service des fabrications aéronautiques. Ils travailleront en commun en 1916 au sein de la Société d’études aéronautiques (SEA) qui conçoit un avion commandé à 1.000 exemplaires mais dont seuls 100 seront produits en 1918, fin des hostilités oblige.
Henry Potez crééra alors sa propre société pour se lancer dans l’aventure de l’aviation de transport civil. Ce sera surtout le succès du modèle 25, utilisé par l’armée et les pilotes de l’Aéropostale. Les années 1930 verront le constructeur sortir une série d’avions légers, du 36 au 43 sans oublier le Potez 60 de l’Aviation populaire ou des multimoteurs comme le 56.
Si toutes les productions ne seront pas à la hauteur des attentes des utilisateurs – tous les constructeurs français « perdent pied » durant les années 1930 face aux productions américaines et allemandes… – l’activité se poursuivra jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Après la Libération, Henry Potez poursuivra son chemin dans le domaine politique (maire d’Albert) et industriel, de la Snecma aux Etablissements Henry Potez qui vont produire les Fouga Magister avant le programme du Potez 840, un quadripropulseur resté sans suite à la fin des années 1960, sans oublier les moteurs Potez…
Cet ouvrage de 420 pages, illustré de photos, retraçant la carrière de Henry Potez, de sa naissance à Méaulte en septembre 1891 jusqu’à son décès en novembre 1981, est assurément une bonne occasion de (re)découvrir l’aventure industrielle de ce constructeur aéronautique qui aura marqué de son empreinte le milieu aéronautique durant plusieurs décennies, avec un engagement toujours constant dans le domaine de l’aviation, y compris comme président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales. ♦♦♦
– Henry Potez, une aventure industrielle, par Stéphane Demilly et Sylvain Champonnois. Editions Privat. 420 p. 22 €.
Photo issue du site de l’aéro-club de Lorraine (Potez 58)