Le très copieux journal de marche d’un pilote d’observation durant la Grande Guerre.
Ces derniers temps, avec les commémorations liées à la Première Guerre mondiale, l’édition d’ouvrages aéronautiques concernant le conflit de 1914-1918 bat son plein. On ne s’en plaindra pas avec une période historique qui a été souvent délaissée par le passé au profit de la Seconde Guerre mondiale ou aux conflits plus récents, aux machines plus performantes et plus attirantes pour bon nombre de lecteurs.
Dans ce lot, au-delà des livres sur les as connus ou les premiers avions de chasse, l’ouvrage d’Olivier Demoinet apporte incontestablement son originalité, comme ce fut le cas avec l’ouvrage de Vincent Bartier sur le groupement des divisions d’entraînement du Plessis-Belleville. Olivier Demoinet a repris le journal de marche de Pierre Hadengue, son grand-père, et ce de façon magistrale.
Ingénieur agricole à Beauvais, Pierre Hadengue s’est engagé en 1912, à l’âge de 19 ans, dans la cavalerie, devenant officier des « Gros Frères », le surnom que se donnent les cuirassiers. Puis il passe dans le milieu de l’aviation, rejoignant l’escadrille 270, une unité d’observation, dont l’emblème est une libellule stylisée – ceci expliquant le titre un peu ésotérique au premier abord.
Durant la période de 1914 à 1919, il a rédigé au jour le jour son propre journal de marche. Le tout est publié en 220 et quelques pages avec de nombreuses photos : les membres de son unité, les avions utilisés, des photos verticales tirées des missions de reconnaissance, des extraits de carnets de vol, des courriers, des cartes pour montrer les déplacements des troupes…
On suit ainsi un combattant aérien durant la Première Guerre mondiale, avec un témoignage « vécu » sur le terrain. Arrivé un 2 octobre « dans l’aviation », Pierre Hadengue sera lâché le 16 octobre suivant après quelques séances de tours de piste courts sur MF11 à l’école de pilotage de Chartres, à raison de 3 à 5 atterrissages par jour. En décembre 1915, il est breveté pilote, volant ensuite sur Farman MF40 ou Sopwith Strutter. En janvier 1918, il prendra le commandement de son unité, avec deux escadrilles sous ses ordres.
Mais cette histoire est complétée d’un copieux « addendum » contenant de superbes photos, l’intégralité du livre d’or de l’Escadrille 270, racheté par l’auteur, la chanson de l’escadrille, le livret de l’Ecole d’aviation militaire de Chartres, une Note sur la conduite et le règlage de l’avion Farman Type 11 ou encore la totalité des pages du carnet de vol de Pierre Hadengue… avec, au final, un superbe ouvrage de 360 pages proposé au prix modique de 25 €. Chaudement recommandé ! ♦♦♦
– Des gros frères à la libellule : 1914-1919, journal de marche de Pierre Hadengue, par Olivier Demoinet. Ouvrage édité à compte d’auteur. 360 p. 25 €. Site de l’auteur.