L’une des disciplines sportives pour le vol moteur.
Si l’on pense « activité sportive » en vol moteur, on pense aussitôt à la voltige… mais la Fédération aéronautique internationale (FAI) reconnait d’autres disciplines, comme le pilotage de précision et le rallye aérien. Ces deux activités sont très similaires dans leur concept, basé sur la précision de la navigation, la régularité sur les temps de vol, l’observation et un atterrissage de précision.
En pilotage de précision, le pilote est seul à bord. Auparavant, en salle, il a dû définir sur sa carte une navigation selon un énoncé définissant chaque point de virage selon différentes méthodes : relèvement et distance à partir d’un point, recoupement de deux arcs de cercle, coordonnées géographiques, distances à partir de deux points mais en kilomètres pour l’un et en nautiques pour l’autre !
Une fois la navigation calculée, celle-ci est aussitôt corrigée et le pilote part à son avion avec le bon tracé. Il doit ensuite réaliser la navigation à la seconde près, tout en cherchant au sol à localiser une quinzaine de photos qui lui ont été données sans oublier quelques sigles pouvant être disséminés dans les champs, pile sur le trait de la nav.
En rallye aérien, les principes sont identiques mais l’équipage est constitué d’un pilote et d’un navigateur. L’énoncé de la navigation n’est donné à l’équipage que 20 ou 30 mn avant l’heure de décollage de l’avion. Tout se prépare donc dans le faible espace d’un cockpit et vu qu’une épreuve peut compter jusqu’à une quinzaine de points, quand le pilote met les gaz à l’heure prévue, le navigateur n’a souvent pu tracer la trajectoire que sur quelques points. La suite de la nav devra donc être déterminée en vol, tout en aidant le pilote à positionner les photos, à trouver les sigles et à valider chaque segment de nav dépassant rarement les 7 mn de vol…
Pour se donner du temps, il faut déclarer une vitesse-sol très faible, soit 70 Kt minimum selon le règlement. Elle devra être tenue sur tout le parcours, à la seconde près sur les points tournants et donc le pilote devra composer avec le vent, en jouant aux gaz pour « tenir les temps », en sortant les volets et en ondulant autour de la trajectoire si le vent est arrière tout en notant que les écarts de plus de 90° de secteur sont interdits. Onduler constamment en S permet de plus de bien observer le sol à la recherche des photos et sigles.
Pour faire la promotion de cette discipline, le Comité régional aéronautique Ile-de-France (CRA 12) a organisé ce dimanche 2 octobre, comme chaque année, une épreuve amicale de rallye aérien pour encourager les pilotes à découvrir cette activité. L’organisation pratique en est révenue à l’aéro-club Brocard (Etampes-Mondésir) dont le chef-pilote est Philippe Odéon, également entraîneur de l’équipe de France de rallye aérien, rentrée du Portugal en août dernier avec les titres de championne du monde par équipe et en individuel.
Côté pratique, l’organisation technique était assurée par Solange Mirigay assistée d’Olivier Boutant, Sébastien Richard et Philippe Odéon. L’inscription était gratuite, avec fourniture de la carte au 1/200.000e, régle compas-distance-temps selon la vitesse déclarée sans oublier briefing sur la discipline et conseils pratiques pour préparer son vol. A ce jeu, une vingtaine d’équipages, venus de différents aérodromes, se sont affrontés à la difficulté d’une telle navigation, compliquée par un vent d’ouest soufflant entre 15 et 20 Kt vers 1.500 ft et impliquant des corrections de dérive et de puissance selon les effets du vent sur chaque branche.
La carte devait donc être bien préparée avec les caps sans vent, à lire à chaque fois dans le sens de la trajectoire, avec le minutage précis sur chaque segment et le listing à portée de main des temps de passage à la seconde près aux points tournants. Durant le vol, il aura fallu valider si les photos des points tournants, communiqués à chaque équipage, étaient justes ou non et ce pouvait être un simple croisement de routes en pleine campagne comme on en trouve partout… Quant aux photos à localiser, ce n’était souvent pas mieux…
Si en championnat, les Cessna 150/152 sont généralement omniprésents, différents types étaient présents à Etampes, allant de l’APM-30 Lion au Cessna 172 en passant par les RObin DR-400 ou 300, les MCR et Sportstar ou Rallye. L’aile haute apporte indéniablement l’avantage d’une bonne vision vers le bas. Les volants à la place des manches facilitent la gestion en cabine. Des volets efficaces offrent une bonne plage de vitesse et une sécurité lors d’évolutions dans les basses vitesses.
La trajectoire de chaque appareil étant enregistrée par deux « mouchards » embarqués, au retour, la trace de chacun constituait le juge de paix pour accorder ou non des pénalités à la fois dans le suivi du tracé idéal et dans le respect des temps de passage aux différents points de passage (CP ou Check-Point) depuis le point de départ (SP ou Starting Point) jusqu’au point final (FP ou Final Point). Les photos localisées au sol – quand les équipages parvenaient à en trouver quelques-unes ! – doivent être déclarées à partir du précédent point de passage et avec une distance en nautique (tolérance de 0,5 nm seulement).
Lors d’un vol de 50 mn environ, l’équipage de chôme pas… Il faut valider chaque segment de vol en confrontant la carte et le paysage devant le pare-brise, bien identifier le moindre hameau ou village, orienter l’appareil selon le tracé sol à suivre en prenant en compte l’effet du vent, regarder la montre ou le chronomètre pour tenir le temps à chaque CP mais aussi en route, surveiller les abords à la recherche des photos scotchées sur le tableau de bord et qu’il faut régulièrement consulter pour les mémoriser. Le tout au-dessus de la Beauce qui ne regorge pas de repères flagrants dans certains secteurs…
Les pilotes déjà convaincus par cette discipline exigeante – offrant une méthode de perfectionnement avec la tenue machine, une précision de la nav, une bonne lecture de carte, une dispersion de l’attention, de la méthode à bord – ont pu compléter leur entraînement. Ceux ayant déjà pratiqué par le passé le rallye aérien ont pu se « dérouiller » et retrouver certains réflexes. Les pilotes non-initiés ont pu découvrir les subtilités du rallye aérien et une fois le doigt mis dans l’engrenage, on se prend vite au jeu… Alors, prêt pour les sélections régionales l’an prochain à fin de participer ensuite à la finale nationale ? ♦♦♦
Photos © aeroVFR.com
V. A. dit
Sur le trace affichée, on voit que le pilote a zig-zagué pour maximiser le balayage visuel du terrain par le navigateur et augmenter ses chances de détecter les photos en route.
Il serait intéressant de republier cet article lorsque la saison recommencera au printemps prochain (en avril).