Magnifique ouvrage sur les derniers hydravions géants français…
Les Latécoère 631 n’auront réalisé qu’une courte carrière commerciale de 1945 à 1955 mais ces hydravions fascinent encore, pour plusieurs raisons. A l’époque, ce sont les plus gros avions en service au monde. Ils sont l’ultime aboutissement des hydravions géants, une des spécialités de l’industrie aéronautique française d’avant-guerre et que l’on a souvent oublié de nos jours… Les Latécoère hexamoteurs étaient aussi emblématiques de la renaissance de l’industrie française après la Libération.
C’est en 1937 que le ministère de l’Air a encouragé Latécoère a concevoir un tel appareil, avec réalisation d’une maquette de soufflerie de 10 m d’envergure « soufflée » à Chalais-Meudon. Construit à Toulouse, le prototype décolle pour la première fois en novembre 1942. Les essais se poursuivront après l’invasion de la zone libre par les Allemands. Avec le prototype du SNCASE SE-200, autre hydravion géant réquisitionné par l’Allemagne, le prototype du Laté 631 sera convoyé sur le lac de Constance pour y être… détruit par un raid de Mosquito de la Royal Air Force.
Un deuxième prototype, dont la constrution a été entamée à Toulouse, va être caché dans la campagne, en éléments séparés. Ce n’est qu’après la fin de la guerre qu’il sera achevé pour mener ses essais en vol entre Biscarrosse et Marignane. Puis ce sera la construction de plusieurs appareils pour relancer rapidement le transport commercial…
Mais ces géants deviendront les derniers d’une lignée sans suite, détrônés – dès leur mise en exploitation par Air France sur la ligne des Antilles en 1947 – par les avions terrestres plus simples à exploiter sans parler de l’arrivée prochaine du réacteur qui enverra au musée tous les avions à piston lorsqu’il s’agit de transport de passagers sur longue distance. La « mise à l’écart » des quelques 631 produits sera également liée à des incidents et accidents tragiques.
Ainsi, sur les 11 hydravions construits à Biscarrosse, seulement quatre connaîtront une réelle utilisation commerciale, les autres servant aux essais en vol et à la mise au point, le dernier de la série ne sera jamais achevé dans son hangar… Tout un système avait été mis au point autour de ces appareils, avec transport des passagers par train jusqu’à Biscarrosse-Parentis, avec hôtel sur place avant de prendre place à bord et rejoindre les Antilles. Les Laté 631 ont décroché quelques records du monde (distance, durée, vitesse) dont la plus longue liaison commerciale sans escale soit 4.700 km.
De cette aventure, il ne reste que quelques batîments, des slips le long du lac de Biscarrosse et des photos. Mécanicien aéronautique et pilote d’hydravion à Biscarrosse, Pascale Parpaite, durant plusieurs années, a rassemblé de nombreux documents et des témoignages d’acteurs de cette période. Avec l’aide de Gérard Bousquet, Henri Conan, Pierre Lauroua et Bruno Vielle et avec le soutien de Mémoire de l’Aviation civile, il a réalisé un ouvrage – conception graphique comprise – retraçant l’exploitation commerciale des Laté 631.
Il retrace ainsi dix années d’exploitation commerciale, liées à l’hydrobase de Biscarrosse et la ligne des Antilles, sans oublier l’exploitation par la Semaf puis par France-Hydro qui ont poursuivi l’activité après Air France. De multiples photos, schémas, documents agrémentent cette « brique » de 366 pages abondamment illustrées. Les hydrobases exploitées par les 631 sont passées en revue, des Hourtiquets à Port-Etienne, Fort-de-France, Douala, Léré ou Dakar. Les accidents qui ont jalonné la carrière des 631 sont détaillés avec l’aide des rapports des commissions d’enquête. La mise en ligne trop précipitée, faute d’une mise au point achevée, est soulignée.
Si le Laté 631 vous passionne, cet ouvrage – fruit de plusieurs années de recherche – est incontournable par la densité des informations qu’il contient, avec une riche iconographie issue des fonds du musée Air France, du musée de l’Hydraviation de Biscarrosse, de la Fondation Latécoère et de collections privées. L’auteur présentera son ouvrage le 2 septembre à Toulouse, lors d’une conférence sur les Latécoère 631. ♦♦♦
Photos © DR
– L’exploitation commercial des Latécoère 631, hydrobases et plans d’eau utilisés, par Pascale Parpaite, Editions Mémoires de l’hydraviation, 365 p, 40 € (port compris). Mémoires de l’hydraviation : lieu-dit Peigus, 84240 Ansouis. Contacts : memoireshydraviation@free.fr ou M. Conan au 04 90 79 24 05