Une étude anglaise sur l’utilisation fortement recommandée du GPS en aviation générale.
Si l’usage d’un GPS peut connaître des dérives (notamment absence de suivi de la navigation avec d’autres moyens, augmentation du syndrome de « destinationite » en faisant totale confiance au GPS malgré des conditions météorologiques qui auraient entraîné un déroutement sans GPS à bord…), sa présence à bord apporte une aide considérable qu’il devient de plus en plus incontournable avec la compléxité de l’espace aérien…
La CAA britannique, en collaboration avec la NATS (l’organisme gérant la Navigation aérienne outre-Manche) a mis en place dernièrement un groupe de travail portant sur les infractions à l’espace aérien (Airspace Infringement Working Group ou AIWG). Le constat était le suivant : plus de 1.000 incursions sont enregistrées chaque année dans un espace aérien en Grande-Bretagne. Lancée en avril dernière, l’étude a été publiée mi-juillet. Elle a porté sur 530 rapports d’infractions enregistrées ces trois dernières années.
Ces 530 dossiers représentent sur la période 2013-2015 environ 20% des infractions constatées car certains espaces ne sont pas gérés par la NATS et dans 10% des cas, les pilotes n’ont pu être identifiés. Les pilotes identifiés ont dû remplir un questionnaire pour comprendre la raison de l’incursion et établir des axes d’amélioration.
L’étude a ainsi montré que :
– les espaces aériens les plus impactés par les incursions ne bénéficient pas d’un suivi radar (Radar Service avec le suivi de la trajectoire par le contrôle).
– 75% des incursions ont été réalisées par des monomoteurs de l’aviation générale.
– aucun planeur n’a été concerné.
– 5% des trafics étaient militaires, dont 50% des hélicoptères.
– la moitié des appareils étaient équipée transpondeur mode S
– 86% avaient un transpondeur mode C.
– la moitié n’était pas en contact avec un organisme de la circulation aérienne.
– 60% des pilotes n’étaient pas membres d’une organisation aéronautique ou d’une association.
– 97% des vols étaient sous régime VFR.
– 74% des avions n’étaient pas équipés d’un GPS. Sur les appareils équipés, les GPS n’étaient pas allumés dans la moitié des cas.
– 35% des pilotes avaient plus de 1.000 heures de vol, 16% moins de 100 heures.
– 65% avaient un PPL ou NPPL, 21% un CPL ou ATPL et 6% étaient des élèves en formation.
– 35% des vols étaient des navigations, 27% du vol local de loisirs, 12% de l’entraînement à la navigation, 11% de l’entraînement en vol local, 12% des vols militaires et 3% des vols commerciaux.
– 15% des vols concernaient des vols avec instructeur à bord.
– la plupart des pilotes utilisaient une carte au 1/500.000e.
– 85% des incursions ont eu lieu avec une visibilité supérieure à 10 km.
– 70% des incursions ont eu lieu dans le plan horizontal, 30% dans le plan vertical.
Après analyse, la mauvaise préparation de la navigation n’intervient que dans 5 à 8% des cas. 25% des incursions ont pour cause initiale une « distraction » du pilote – cette distraction provenant de la charge de travail à bord (sans que les pilotes n’en soient forcément conscients) ou de la gestion des passagers accaparant le pilote. Ce manque de « présence » à bord a entraîné un suivi insuffisant de la navigation, avec diminution de la conscience de la situation, les pilotes volant donc trop près de leur capacités, au vu de leur manque d’expérience récente ou totale.
Les causes altimétriques (erreur de calage de l’altimètre) n’interviennent que dans 7% des cas. 6% des pilotes avaient bien conscience de l’espace aérien qu’ils voulaient traverser, mais ils l’ont pénétré avant d’avoir obtenu une clairance. 9% des cas sont liés à de mauvaises conditions météo. Le seul cas d’infraction volontaire est dû à un pilote de la RAF, en C-130 Hercules, décidant de monter à l’altitude de sécurité (MSA) en IMC sans en avertir le contrôle. Certains pilotes en IMC ont également effectué de fortes montées pour éviter un CFIT dans le relief, mais grimpant suffisamment haut pour pénétrer un espace réglementé sans autorisation.
L’étude a montré que le nombre de pilotes utilisant un GPS est très faible dans les cas d’infraction. Le groupe de travail préconise donc en priorité cette voie car c’est « le moyen le plus efficace pour améliorer la situation ». La CAA ne pouvant imposer l’usage d’un GPS, le groupe de travail préconise certaines mesures :
– des sanctions moindres pour les pilotes utilisant un GPS dans le cas d’une incursion.
– mieux intégrer l’usage des GPS dans la formation des pilotes.
– faire la promotion de l’usage des GPS.
– financer des applications gratuites de suivi du vol.
Le groupe de travail a ainsi imaginé plusieurs axes d’amélioration de la situation, en communiquant notamment sur le sujet, en rendant public les cas relevés avec les sanctions éventuelles, en encourageant des formations complémentaires ou réentrainements à la navigation, en améliorant la base de données des cas relevés, etc… – jusqu’à la proposition de suspendre la licence d’un pilote tant que l’analyse de l’infraction n’a pas été faite. ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com
Lien vers l’étude complète en anglais