Il est nécessaire pour un pilote d’être toujours « devant » son avion et donc d’anticiper tout ce qui pourrait survenir dans les prochaines minutes…
Le phénomène est bien connu. Quand un événement inattendu survient subitement dans un cockpit, le pilote connaît tout d’abord une phase de « sidération ». Il est surpris, marque un temps d’arrêt avant d’agir, qui peut compter plusieurs secondes dans le cas d’une panne moteur par exemple. De précieuses secondes parfois quand le sol est à proximité ou que la vitesse se rapproche de la limite basse…
L’inattendu, en vol, peut provenir de différentes situations, plus ou moins critiques. Un problème moteur peut être lié à une panne totale ou partielle. Une étude a montré que les accidents mortels sont plutôt survenus lors de pannes partielles. Quand la panne est totale, le pilote se concentre sur le pilotage… Quand la panne est partielle, il peut oublier la consigne principale qui est de « continuer à piloter ». L’inattendu peut également provenir d’une porte (cabine ou coffre à bagages) ou d’une verrière qui s’ouvre en vol, de la collision avec un oiseau, d’un problème de rentrée ou de sortie du train d’atterrissage.
Pour bien réagir si un jour un tel événément vous arrive, il est nécessaire de s’y préparer au sol et aussi de s’y entraîner si besoin en vol. Ce peut être le cas lors du vol de prorogation tous les deux ans avec un instructeur, en révisant certaines phases de vol parfois oubliées depuis le brevet… Décrochages, panne moteur en montée initiale, interruption volontaire de vol, virage engagé, positions inusuelles, encadrement en campagne sont autant d’exercices qui permettent d’être mieux préparé quand l’inattendu survient en vol… Voire un tour de piste contrôlé au moteur, aux palonniers et seulement au compensateur en tangage — avec en place droite un instructeur pour assurer la sécurité !
La préparation peut être mentale, en lisant des Rex ou des comptes-rendus d’incidents sur le site du BEA afin de prendre en compte des situations arrivées à d’autres pilotes. Comment ont-ils réagi face à l’inattendu ? Auriez-vous fait comme eux ou autrement ? Quels bénéfices tirer de ces expériences vécues ? Il est possible aussi au cours de ses vols de se poser des questions. Si la puissance du moteur diminue à cet instant, que fais-je ? Le moteur s’arrête à cet endroit du tour de piste, quelle trajectoire vais-je adopter ? Si j’étais perdu à cet instant de ma navigation, quelle solution mettre en place pour se retrouver ? La température et la pression d’huile montent, quel champ choisir à proximité ?
Répondre à ces différentes questions ou réflexions, calmement au sol, permet de garder en tête des solutions possibles selon les éventuelles situations imprévues. Avoir déjà pensé à des actions à mettre en place, face à tel ou tel problème éventuellement rencontré en vol, participe à diminuer le temps de réaction du pilote si l’incident survient réellement. Cette anticipation peut faire un jour la différence… ♦♦♦
Photo F. Besse / aeroVFR.com