De 1990 à 2002, le constructeur automobile japonais s’est intéressé à l’aviation générale… Retour sur une aventure restée sans suite.
Sur son compte Facebook, la société Scaled Composites – créée jadis par Burt Rutan – a mis en ligne l’unique photo officielle du Lima 2 et non du Toyota TAA-1 comme indiqué. Il s’agit d’un prototype resté sans suite, développé par la société de Mojave sous contrat avec le constructeur automobile japonais. Pour le géant industriel, ce projet visait à déterminer si les technologies de production automobile pouvaient être appliquées à l’aviation générale, afin de diminuer les coûts de production et donc le prix de vente final…
Dans un premier temps, un moteur Toyota équipant la Lexus, un V8 de 250 ch à refroidissement liquide, a été testé sur un bimoteur Piper Aztec, baptisé Lima 1. Ce dernier a effectué son premier vol en 1990. Une fois validé, le V8 a été installé sur un prototype dénommé Model 191-4 dans la nomenclature de la Scaled Composites, avant d’être baptisé plus simplement Lima 2 et immatriculé N191SC pour projet 191 de la Scaled Composites. Le futur Catbird de Burt Rutan s’inspirera de la silhouette du Lima 2 pour définir un monomoteur 5-places devant prendre la succession du Beechcraft Bonanza…
Ce prototype prit l’air à partir de Mojave en octobre 1991. Les essais furent menés dans le secret et si Toyota a fait certifier son moteur, la production de l’appareil ne sera jamais lancé. Le prototype a été détruit volontairement en novembre 1998. Les rares photos de l’appareil – autres que l’unique cliché officiel montrant le Lima 2 au-dessus de Mojave Airport et publié en ouverture – sont visibles sur le site Stargazer.
Mais Toyota n’en est pas resté là avec un nouveau projet, baptisé TAA-1 pour Toyota Advanced Aircraft, un monomoteur à train rentrant de 4 places de capacité. Le TAA-1, entièrement réalisé en fibres de carbone, a effectué son premier vol le 31 mai 2002, depuis l’aéroport de Mojave, Californie, avec John Karvow comme pilote d’essais.
Ce vol était l’aboutissement de près de quatre années de développement par une équipe d’ingénieurs. Les premières études remonteraient au début des années 1990 avec la définition du concept au sein de Ishida Aerospace (Texas), un bureau d’études spécifiquement mis en place pour éviter que le projet ne soit associé à Toyota.
La réalisation pratique du prototype a ensuite été confiée à la Scaled Composites, société spécialisée dans la réalisation rapide d’un prototype en matériaux composites et l’organisation d’un programme d’essais en vol. Peu d’informations ont transpiré depuis, le constructeur automobile étant avare de données techniques sur l’appareil.
Le TAA-1 (Model 302 pour la Scaled Composites) est un monomoteur quadriplace, de construction fibres de carbone, dont la cellule (aile et fuselage en un seul morceau) aurait été réalisé par deux sous-traitants et non pas par la Scaled Composites. Son moteur était un Lycoming IO-360 de 180/200 ch avec une hélice Hartzell constant-speed. Une bonne sélection de photos du TTA-2, immatriculé N72TA, est visible sur le site Stargazer.
Les rares échos évoquent un devis de masse plus élevé que celui escompté, avec comme résultat des performances moins intéressantes que souhaitées, le programme d’essais en vol se limitant à un faible nombre de vols après le premier vol initial. Le prototype sera stocké à Mojave.
On estime à 50 millions de dollars le coût du programme pour le constructeur automobile, qui comptait adapter sa technologie au monde aéronautique pour moderniser la flotte américaine comptant de 150.000 à 200.000 monomoteurs anciens. Mais après de fortes productions dans les années 1970, les ventes d’avions légers ont connu une baisse drastique passant de 10.000 à moins de 1.000 ces dernières années.
Ainsi prit fin le projet de Toyota d’investir le milieu aéronautique… D’autres constructeurs tenteront de faire de même, comme Citroën avec un hélicoptère léger. Dernier en date, Honda avec un biréacteur d’affaires désormais certifié… ♦♦♦