Quelques rappels sur cette vitesse caractéristique et son évolution en fonction de la masse de l’appareil.
La Va, c’est la vitesse de manoeuvre qui doit figurer dans tout manuel de vol… Par définition, c’est la vitesse maximale à laquelle il est possible de braquer à fond l’une des commandes de vol, et principalement celle de profondeur. Sur la représentation graphique d’un domaine de vol, cette Va se trouve au croisement de deux limites. D’un côté, la courbe dessinée par l’évolution de la vitesse de décrochage en fonction du facteur de charge. De l’autre, le facteur de charge maximal autorisé selon la catégorie.
Ainsi, toute action brutale en tangage effectuée par le pilote sous la Va, mais ce pourrait être également sous l’action d’une forte turbulence, va entraîner un décrochage – ce dernier sert ainsi de « soupape » – sans entraîner de dommages à la structure. Au-dessus de la Va, le facteur de charge maximal sera dépassé avec de possibles déformations permanentes, voire une rupture structurale.
La Va (vitesse de manoeuvre) ne doit pas être confondue avec la Vno ou vitesse maximale en air turbulent. Si la Va n’apparait pas sur les arcs colorés d’un anémomètre, ce n’est pas le cas de la Vno indiquée par la limite haute de l’arc vert ou la limite basse de l’arc jaune. Cette Va, au km/h près, est donnée dans les manuels de vol des avions certifiés et, bien souvent, dans ceux des ULM. Ainsi, à titre d’exemple, pour le DR-400/180, la Va (vitesse de manoeuvre) est de 215 km/h contre 260 km/h pour la vitesse maximale en air turbulent (Vno). Sur CTLS, la Va est fixée à 184 km/h contre 235 km/h de Vno. Pour le Sensation, la Va est à 160 km/h et la Vno à 180 km/h.
Ce qui n’est pas souvent bien pris en compte c’est que la Va est donnée par le constructeur pour la masse maximale de son appareil. Selon les normes de certification des avions, cette masse maximale est en effet prise en compte pour le calcul des performances puisqu’il s’agit d’un paramètre défavorable aux performances générales (distances de décollage et d’atterrissage, taux de montée, plafond…) alors que dans le cas de la Va, la masse maximale permet de donner la Va la plus élevée…
En effet, si vous voulez à masse plus légère que la masse maximale, la Va ne sera pas celle indiquée dans le manuel de vol. La « nouvelle » Va sera plus… faible et non pas plus forte comme on pourrait le croire parfois de façon faussement intuitive. Pourquoi ? Si l’on prend les lois de la physique et notamment celles définies par Isaac Newton, une force est égale à une masse multipliée par une accélération (F = m.j). Plus la masse est faible (inertie faible) et plus l’objet sera accéléré par une action extérieure.
Pour calculer exactement votre « nouvelle » Va à masse plus faible que la masse maximale autorisée, il faudrait prendre en compte la racine carrée du rapport des masses – pas évident à calculer quand on vole, même en prenant une masse estimée alors que celle-ci varie avec la consommation de carburant… Les Américains sont pragmatiques et il utilise une formule approximative pour avoir un ordre d’idée. Il suffit de prendre la moitié de la variation de la masse en pourcentage. Si votre masse est inférieure de 20% à la masse maximale, votre nouvelle Va sera inférieure de 10% à la Va publiée par le constructeur.
L’important est de noter que si vous êtes en zone de très fortes turbulences (dans le relief par vent fort, sous l’action d’une turbulence de sillage) ou si vous manoeuvrez subitement pour une situation d’urgence, le tout sans être à la masse maximale autorisée, il ne suffit pas de réduire votre vitesse à la Va indiquée dans le manuel de vol. Une marge supplémentaire s’impose pour être « du bon côté » de la sécurité. ♦♦♦