Jusqu’en 2018, le musée de l’Air et de l’Espace (Le Bourget) va poursuivre ses travaux de rénovation.
Article modifié le 26 mai à 18h20
Inauguré en 1919 après sa création par Albert Caquot – qui veut en faire un conservatoire des technologies aéronautiques – le musée de l’Air a vu le jour à Chalais-Meudon, en s’installant dans un hangar où étaient fabriquées auparavant les nacelles de ballons captifs d’observation pendant la Première Guerre mondiale. A l’étroit, les avions conservés dans des conditions difficiles, la collection va progressivement déménager à partir de 1973 pour rejoindre l’aéroport du Bourget.
Ce dernier, depuis le début des années 1970, a en effet laissé place à Orly pour l’aviation commerciale afin de se consacrer progressivement à l’aviation d’affaires et le musée de l’Air s’installe donc dans l’ancienne aérogare et dans les hangars sud de l’aéroport, tandis que l’ancien musée de Meudon ferme ses portes en 1981. Progressivement, jusqu’en 1987, de multiples halls vont agrandir la surface d’exposition couverte au Bourget tandis que les réserves et les ateliers de restauration trouvent place de l’autre côté de la piste, à Dugny.
Bien qu’offrant une très riche collection aéronautique – de l’aérostation aux avions couvrant plus d’un siècle d’histoire, en passant par les moteurs puis les fusées et satellites, devenant au passage le musée de l’Air et de l’Espace – l’institution va constamment souffrir du manque de locaux pour présenter correctement ses collections, avec un budget financier alloué souvent avec parcimonie par le ministère de la Défense qui le chapeaute, même si le budget va être parfois complété ponctuellement par des opérations de mécenat.
Avec l’usure du temps et la nécessaire mise en conformité technique des installations pour répondre aux dernières évolutions réglementaires, sans oublier l’accessibilité des personnes handicapées, un vaste programme de remise à niveau des installations a été défini, devant se dérouler sur plusieurs années. Ces grands travaux s’inscrivent dans le projet de l’arrivée de la ligne 17 du métro devant le musée, projet devant aboutir en… 2024 en parallèle avec le programme du Grand Paris.
Le chantier, estimé à 21,5 millions d’euros, a été entamé en 2011 avec la rénovation de certaines infrastructures. Peu visibles et toujours en cours, il faut citer les travaux d’assainissement des réserves en sous-sol, pour combattre les effets nombreux de l’humidité sur les collections stockées. A noter également les évolutions prévues pour les réserves à Dugny. Les hangars, la plupart installés dans les années 1980, demeurent insuffisants en taille. Ces dernières années, faute de place, le musée n’a pu ainsi recevoir dans sa collection un McDonnell-Douglas F-4 Phantom après le retrait de cet appareil du service aérien…
L’optimisation des réserves a fait l’objet d’une mutualisation d’espaces avec le musée national de la Marine, en attendant de construire de nouvelles surfaces destinées à la conservation des collections et de réhabiliter les installations actuelles.
Au même moment, le « Hall à la cocarde », accueillant une partie des avions d’armes utilisés par l’armée de l’Air depuis les années 1950 (Ouragan, Republic F-84, Mystère IV, F-86 Sabre, F-100 Super Sabre, Super Mystère B2, North American T-6, Mirage F1, Mirage 2000), a été rénové. Le Hall 1939-1945 et le nouvel espace Normandie Niemen, financés par des fonds américains et russes, ont été inaugurés en juin 2015, tandis que le Hall de l’entre-deux guerres (1919-1939) connaissait un réaménagement.
En juin 2013, l’aérogare historique – conçue par l’architecte Georges Labro et inaugurée en 1937 lors de l’Exposition universelle à Paris – a vu sa « Salle des Huit Colonnes » remise en l’état, avec ses comptoirs Départ et Arrivée, sa coupole de verre et son horloge. L’extérieur du bâtiment Art Déco ne sera pas oublié avec les façades refaites de la mi-2014 à la mi-2015 pour redonner à l’aéroport son aspect des années 1930. La remise à niveau de ce long bâtiment de 300 m comprendra également à termes la tour de contrôle et les terrasses en escalier côté pistes.
Le programme en 2016 vise désormais à revoir les deux ailes de l’aérogare, constituant la Grande Galerie, le hall le plus emblématique de la collection du musée de l’Air et de l’Espace avec notamment des machines uniques comme l’hydravion conçu par Henri Fabre (premier vol d’un hydravion au monde en 1910) ou un Spad à l’entoilage d’époque, ayant été piloté par l’as Georges Guynemer.
L’aile gauche accueille les appareils des temps héroïques, les machines de pionniers comme une réplique de la « barque » de Jean-Marie Le Bris, un planeur d’Otto Lilienthal, une Demoiselle de Santos-Dumont, un Wright Flyer Baby, l’hydravion canard de Henri Fabre, un Blériot XI ou encore l’Antoinette…
L’aile droite évoque la Première Guerre mondiale avec une série de chasseurs, bombardiers, avions de reconnaissance comme les Spad, Nieuport, Breguet, Voisin, Caudron, Fokker, Junkers…
Les deux ailes de l’aérogare classée Monument historique ont déjà connu des changements ces derniers mois avec la dépose progressive de certains appareils et la disparition d’un atelier évoquant les premières « fabriques » des pionniers. Les gros travaux devraient débuter à partir septembre prochain pour s’achever à la fin 2017. Fermée à partir du 1er septembre 2016, la Grande Galerie ne sera ainsi pas accessible pendant près de deux ans.
Ce chantier de rénovation du musée fait suite à la signature fin 2011 d’un accord signé entre le ministère de la Défense et le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), portant sur un mécénat global de 26,5 millions d’euros. Ce budget se répartit en 21,5 millions d’euros du ministère de la Défense comme « contribution exceptionnelle à la rénovation du musée » et une contribution financière de 5 millions d’euros versée en 2011 par les principales entreprises aéronautiques françaises regroupées au sein du GIFAS.
L’inauguration de la nouvelle Grande Galerie est envisagée pour clore les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, en novembre 2018. La scénographie actuelle sera à terme inversée, avec l’entrée par la partie centrale de l’aérogare, avec les pionniers à droite et la période 1914-18 à gauche. La réouverture du plus ancien musée de l’Air au monde, dans sa totalité, n’est ainsi pas prévue avant fin 2018.
Durant cet important chantier, la salle dédiée aux expositions temporaires restera bien accessible à l’une des extrémités de la Grande Galerie, avec notamment du 15 octobre prochain jusqu’au 29 janvier 2017 une expostion consacrée à « Verdun, la guerre aérienne ». ♦♦♦
Photos © F. Besse/aeroVFR.com
http://www.museeairespace.fr