Deux uniques Dewoitine D-26 en état de vol…
Emile Dewoitine a été un pionnier de la construction semi-monocoque métallique pour les avions, avec un revêtement travaillant. C’est ainsi qu’à la demande du Service technique militaire suisse, la série des D-26 a vu le jour au début des années 1930, comme avion d’entraînement à la chasse et au combat aérien, avec un Wright Whirlwind de 250 ch. Avec une motorisation plus puissante (Hispano-Suiza de 500 ch), le type donnera naissance au D-27, un chasseur à l’architecture similaire, produit dans les Ateliers fédéraux de Thoune, en Suisse, pour les Troupes d’aviation et dont un exemplaire est conservé à La Ferté-Alais.
Produits en 12 exemplaires, les D-26 – transformables aisément en D-27 avec une cellule identique – vont servir l’armée de l’Air suisse de 1931 à 1948. Ils seront alors cédés alors à l’Aéro-Club de Suisse pour être transformés en remorqueurs de planeurs… et ce jusqu’à la fin des années 1960. Deux exemplaires, construits en 1931, ont alors trouvé le chemin des collectionneurs, pour être remis en état de vol aux couleurs de l’armée de l’Air suisse.
Le HB-RAG (n°286), après avoir servi de remorqueur à Lausanne, Sion, Zurich et Grenchen, sera retiré du service en 1963 après un accident ayant endommagé aile gauche et empennage vertical. Stocké pendant des années, il revoit le jour en 1994 à Interlaken pour un chantier de restauration qui va durer près de six années. C’est le 14 août 2000, après 11.000 heures de travail réalisées par des bénévoles, anciens mécaniciens de la Force aérienne suisse, que l’appareil reprend l’air pour cinq vols seulement avant d’entrer au musée de Dübendorf.
Il faut attendre 2010 pour qu’un privé, Albert Zeller, en fasse l’acquisition pour une remise en état de vol. En mai 2015, ce D-26 passera dans les mains de l’association Hangar 31 implantée à Grenchen. Le monoplace n’a alors que 36 heures de vol depuis sa resetauration. Entre-temps, le HB-RAG a été remotorisé par un Hispano-Suiza 9Aa de 350 ch, un 9-cylindres en étoiles (16 litres de cylindrée) construit sous licence Wright.
Le HB-RAI (n°284), également construit dans les ateliers fédéraux K+W à Thoune, a survécu également jusqu’à nos jours. Désormais motorisé par un Hispano de 350 ch, il a par le passé remorqué les planeurs de la section genevoise de l’Aéro-Club de Suisse. Un de ses pilotes notant que l’avion allait disparaître proposa alors de l’acquérir, mais sans succès. Repassant à Cointrin quelques temps plus tard et ne voyant plus l’appareil, il apprit qu’il avait été vendu pour le coût du métal…
Eric Isaac a alors retrouvé le monomoteur chez un ferrailleur et en a fait l’acquisition. La restauration a été réalisée à Gruyères, par Michel Devaud. M. Isaac a ainsi fait revoler l’avion avant d’être terrassé par la maladie en 1980. L’Association pour le maintien du patrimoine aéronautique (AMPA, Blécherette) a pu l’acquérir auprès de Mme Isaac à prix d’ami. le HB-RAI, premier avion de collection classé en Suisse, a été ensuite présenté au public jusqu’en 2005 puis arrêté de vol suite à l’usure de son moteur.
En 2011, après démontage complet de la cellule, la restauration a été entreprise pour le faire revoler, avec le moteur confié à Michel Devaud, le GMP ayant plus de 80 ans. L’entoilage de la voilure, aux nervures en tubes d’aluminium cintrés, a nécessité plus de 9.000 points de couture. L’appareil a ainsi pu reprendre l’air à temps pour le meeting de Payerne en 2014.
Affichant 1.400 kg de masse maximale au décollage, volant à 240 km/h de vitesse maximale en palier pour 490 km/h de vitesse maximale autorisée, et avec 500 km d’autonomie, ces deux D-26, uniques, sont « les plus vieux avions des Troupes d’aviation encore en état de vol ». Ils font partie du plateau du prochain meeting de la Ferté-Alais, où ils seront pilotés par Paul Misteli et Laurent Calame. ♦♦♦
Photos © AMPA et Hangar 31