Peintre de l’Air, passionné d’avions « en ferraille », Lucio Perinotto signe régulièrement des couvertures pour le « Fana de l’Aviation »…
Lucio Perinotto n’est assurément pas un débutant dans le monde de l’illustration aéronautique… La soixantaine aujourd’hui bien entamée, cet illustrateur s’est très tôt intéressé à l’aviation, avec en mémoire une jeunesse passée sous l’axe de la piste de Bordeaux-Mérignac, à l’époque où l’aviation était « encore à la mode ».
Après des débuts professionnels dans le monde de l’électronique, il se réoriente vers les milieux du graphisme et de l’illustration, se faisant une notoriété dans le domaine des esquisses rapides (les « roughs ») pour présenter à des clients une future campagne de publicité. Il débute alors dans le domaine de l’illustration aéronautique, participant aux tout débuts du mensuel « Le Fana de l’Aviation », alors dénommé « L’Album du Fanatique de l’aviation ». Il a alors pour maîtres Paul Lengellé – avec son style « à l’ancienne » faisant appel à l’acquarelle – puis Francis Bergèse, plus rigoureux dans les détails notamment dans les planches de la célèbre série Buck Danny.
Ainsi, au fil du temps, il va signer des dizaines de couvertures pour le Fana, travaillant au début très classiquement, à la gouache, mais depuis quatre ou cinq ans, il est passé aux « techniques modernes », à l’ordinateur et à la palette graphique. Pour cela, il s’est lancé le défi de passer à l’ère du numérique et si cela a été dur au début, cette évolution se faisant entièrement en autodidacte, il ne le regrette pas désormais, car c’est plus pratique.
Avec Photoshop et la tablette Wacom, il est ainsi plus facile de faire de multiples retouches, de modifier une teinte, voire de changer le ciel ou un arrière-plan si besoin et ce, jusqu’au dernier moment, avant de faire parvenir à la rédaction un fichier informatique pesant de 150 à 200 méga-octets.
Mais pour ses peintures réalisées à titre personnel et constituant son activité principale, il est resté fidèle à la peinture à l’huile. Les amateurs connaissent bien sa série de peintures, parfois en couleurs mais plus souvent en noir-et-blanc, évoquant l’aviation commerciale des années 1950/1960, avec différents « propliners » en action (DC-3, Constellation, Super Constellation et autres avions de ligne des années 1950 à moteurs à hélices) même s’il a aussi réalisé des peintures d’avions de chasse (de la Seconde Guerre mondiale aux jets des années 1960) ou d’avions de ligne plus modernes (Concorde) mais aussi des hydravions géants d’avant-guerre…
Lucio Perinotto n’a pas oublié non plus les « crayonnés » qu’il pratique abondamment, pour défricher une prochaine illustration ou accompagner un recueil de couvertures publiées dans un ouvrage. Ces dessins réalisés au crayon noir sont des croquis, souvent très précis, permettant de déterminer l’angle de vue. Dans le cas d’une couverture pour le « Fana de l’Aviation », trois à cinq propositions seront ainsi adressées à Alexis Rocher, rédacteur en chef, pour valider l’illustration définitive.
Une fois, l’angle de vue déterminé, ce sera alors la réalisation sur papier du dessin de base, avant de le scanner pour ensuite le coloriser à l’écran. Si l’on prend l’exemple de la couverture du numéro d’avril, mettant en valeur le Messerschmitt Me-109T – la version embarquée envisagée par le constructeur allemand pour un usage sur le porte-avions Graff Zeppelin – plusieurs visuels ont été imaginés. Mais les premiers mettaient trop en avant le porte-avions et les particularités du 109T n’étaient pas assez visibles, à savoir en priorité sa crosse d’appontage.
L’angle de vue a donc été retourné de 180° pour mettre en évidence cette crosse qui n’a jamais été utilisée en conditions réelles puisque le porte-avions n’aura jamais été achevé et donc le projet de 109T navalisé sera ainsi resté sans suite. La couverture est donc une hypothèse du type « What if… » (et si cela avait été poursuivi…).
Pour cette illustration, Lucio Perinotto s’est servi d’une maquette du célèbre chasseur de la Luftwaffe car il considère que c’est un appareil difficile à dessiner, contrairement aux Spitfire ou Mustang, vite tracés de mémoire ou à partir de quelques photos trouvées sur internet.
Le 109 pose notamment problème avec son train d’atterrissage, à longues jambes et voie étroite, dont il faut bien assurer la perspective et l’intégrer parfaitement au dessin du chasseur réalisé au départ train rentré. Une fois satisfait du dessin de base, il est temps de passer à la couleur sans jamais perdre l’objectif final, une couverture où il faut obligatoirement réserver de la place pour le nom de la revue mais aussi différents titres (la « titraille »…).
Entre la demande de la rédaction et l’envoi de la couverture finalisée, environ deux mois se seront écoulés, le temps de cogiter la meilleure illustration, d’envoyer différentes propositions, même si la réalisation pratique peut ne prendre qu’une semaine – « de trois à cinq jours » – un exercice auquel est désormais bien rompu notre « Peintre de l’Air », un titre accordé par le ministère de la Défense à des artistes pouvant par ce biais visiter régulièrement différentes bases aériennes afin d’y trouver l’inspiration…
S’il a tenté des essais en vue de réaliser une bande dessinée aéronautique, Lucio Perinotto a vite « jeté l’éponge », ne pouvant s’enfermer dans un tel projet à réaliser sur le long terme, avec au minimum 8 à 10 mois sur une même histoire, avec de multiples cases à réaliser. Pour les éditions Paquet, il préfère réaliser une série baptisée Artbook.
Les deux premiers tomes ont déjà vu le jour, le premier étant un recueil de couvertures réalisées pour le « Fana de l’Aviation ». Accompagnées de croquis préparatoires, on découvre ainsi le « making-off » de multiples « couvs », qu’il s’agisse d’avions civils ou militaires. Lucio Perinotto s’est fait une spécialité des « couvertures de combat aérien ». Le second Artbook regroupe quelques-unes de ces peintures à l’huile, toujours accompagnées d’études crayonnées.
Le troisième Artbook va bientôt arriver au stade de l’impression. Il s’agit à nouveau d’un recueils de couvertures réalisées pour le « Fana de l’Aviation », le tout complété de cinq ou six illustrations inédites. Lucio Perinotto a voulu rendre hommage aux avions à cocardes tricolores de la Seconde Guerre mondiale, comme les Curtiss H-75, Dewoitine D-520, Bloch 152 et autres Morane-Saulnier MS-406. Et il tenait aussi à quelques avions dont la silhouette l’attire, comme celle du Hawker Typhoon…
La première sortie officielle de ce nouvel ouvrage devrait se faire les 14 et 15 mai prochain, à l’occasion du meeting « Le Temps des Hélices » de l’Amicale Jean-Baptiste Salis (AJBS) à La Ferté-Alais. Les éditions Paquet, comme les années passées, auront en effet un stand et plusieurs illustrateurs seront présents pour des séances de dédicaces, autour de Romain Hugault, responsable des collections de BD aéronautiques. En attendant d’y rencontrer Lucio Perinotto, vous pouvez découvrir en exclusivité la couverture de cet Artbook n°3 et deux planches… ♦♦♦
Photos © F. Besse / aeroVFR.com
Illustrations © Lucio Perinotto.
Neil dit
Quel artiste, j’ai toujours été fan de ses dessins magnifique et cela me donnait vraiment envie d’acheter des numéros du Fana de l’aviation