Connaissez-vous le Groupe des divisions d’entraînement du Plessis-Belleville ?
Membre de l’association Histoire et Archéologie de Nanteuil-Le Haudouin, Vincent Bartier s’est intéressé à un sujet très peu documenté, concernant le Groupe des divisions d’entraînement (GDE) implanté dans l’Oise de 1915 à 1918. Il s’agit d’un centre de perfectionnement pour les pilotes militaires avant qu’ils ne partent pour le front. Provenant des écoles de formation de base, les stagiaires se forment aux compétences nécessaires au combat.
Implanté dans la région du Plessis-Belleville, au nord-est de la capitale, ce GDE va ainsi compter plusieurs divisions selon le type d’avions utilisés : Nieuport, Caudron, Voisin, Farman auxquels viendront s’ajouter quelques Letord, Caproni, Doran, Morane-Saulnier ou Salmson-Moineau. A l’issue du stage, selon leurs aptitudes, les pilotes sont orientés vers la chasse, le bombardement ou l’observation.
Le centre est improvisé en réquisitionnant des parcelles agricoles pour réaliser un « champ d’aviation », en construisant des baraquements Adrian, en édifiant des hangars de toile type Bessonneau. Il a fallu faire vite car au début de la Première Guerre mondiale, qui devait être courte, les écoles de pilotage ont été fermées ! Le conflit s’enlisant dans les tranchées, il faut faire machine arrière et former des pilotes, mitrailleurs, bombardiers, observateurs… Ainsi, des milliers de stagiaires vont passer par le GDE qui, prenant de l’ampleur, va devoir ouvrir plusieurs annexes dans les environs.
Après deux années de recherche sur le sujet et la possibilité d’utiliser un fond photographique familial d’un ancien pilote militaire passé par Le Plessis-Belleville, l’auteur redonne vie à ce centre-école très actif mais qui n’a laissé aucun vestige visible, hormis un monument aux morts dans le cimetière d’Ermenonville… Il était donc important de publier une synthèse sur cette facette inconnue ou très peu connue des débuts de l’aéronautique militaire française.
Au fil des pages, abondamment illustrées de photos d’époques, de plans, de schémas et de tableaux, le lecteur découvre la structure de ce centre de formation, les moyens techniques et humains, la vie au quotidien des stagiaires révélée par de multiples témoignages, mais aussi les parcours particuliers de certains stagiaires parmi les 20.000 passés au GDE avant que celui-ci ne soit déplacé à Chartres, avancée du front oblige au printemps 1918.
Rien ne manque, ni le déroulement d’un stage destiné aux photographes ou le contenu de l’instruction des pilotes de bombardement, ni la chanson sur le GDE publiée dans les pages du journal Looping en juillet 1918, ni les biographies des militaires décédés durant leur passage au Plessis-Bellevile. On croise également quelques célébrités, de René Fonck à Didier Daurat.
Au final, un ouvrage bien documenté, sur un domaine méconnu, qui mérite le détour, surtout avec un rapport qualité-prix excellent. Avec les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, l’intérêt des Français s’est ravivé ces dernières années pour cette période souvent moins prisée que celle de la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la littérature aéronautique. Vincent Bartier montre avec brio qu’il y a encore bien des sujets à sortir de l’oubli… ♦♦♦
– Le Groupe des divisions d’entraînement du Plessis-Belleville. La pépinière des aviateurs de la Grande Guerre dans le Valois (1915-1919) par Vincent Bartier. Ed. Association Histoire et Archéologie de Nanteuil-Le Haudouin. 170 p. 20,00 €. Cet ouvrage a bénéficié à juste titre d’un « Coup de coeur » du site aerobibliothèque. Contact : vincent.bartier@bbox.fr