Après le retour en production du Windecker Eagle, une nouvelle gamme est en cours de conception.
Le projet n’est pas nouveau mais il s’accélère ces derniers temps… Un entrepreneur chinois, M. Hang Wei, est tombé il y a quelques années sur le dossier Windecker Eagle. Il s’agit du premier monomoteur en matériaux composites certifié FAR-23 par la FAA dans les années 1960. Le quadriplace a été développé par Leo et Fairfax Windecker. Le prototype a pris l’air en 1967 et certifié en 1969 après un programme estimé à 20 millions de dollars. A l’époque, la FAA ne connaissant pas bien la résistance des composites, l’Eagle a été conçu en catégorie U (+4,4 g) mais autorisé à seulement +3,8 g en opération. Les essais statiques révéleront une rupture d’un raccord de bord de fuite de l’aile aux charges ultimes de 7 g.
L’Eagle est alors plus performant que ses concurrents, les Beechn Bonanza, Cessna 210 Centurion et le Bellanca Viking. Mais après deux prototypes et six avions de série – dont l’un servira à des essais militaires portant sur la furtivité – la société va déposer son bilan faute de commandes suffisantes avec le premier choc pétrolier.
Un appareil conservé au National Air and Space Museum (NASM) à Washington, le programme retombera dans l’oubli jusqu’à l’arrivée de M. Hang Wei. Ce dernier a acquis il y a quelques années deux des huit Eagle produits et a chargé une équipe de remettre en état de vol un appareil. Au même moment, il a racheté les droits de production et repris le certificat de type. L’objectif est de relancer la production du monomoteur pour répondre au futur marché de l’aviation générale en Chine.
Les deux cellules acquises ont permis de remettre en état de vol le N4198G après un chantier mené par Mike Moore et Dennis Hallman. Les deux appareils avaient été stockés depuis des décennies, dont l’un laissé dehors au Canada. Toute la partie en avant de la cloison pare-feu a été changée ainsi que toutes les parties métalliques en grande partie corrodées (commandes de vol, train d’atterrissage), les différents systèmes (mécanique, électrique, hydraulique, carburant) et les parties transparentes. Mais les éléments en composites – hormis les volets et ailerons qui ont été changés – ont bien résisté à l’épreuve des années. Pour les valider, des essais statiques ont été réalisés
Plus de 100 modifications ou améliorations ont été apportées au « nouveau » Windecker Eagle, avec l’arrivée d’un nouveau Continental IO-550 avec son hélice Hartzell, une avionique Garmin, des ceintures à enrouleurs, des accessoires supplémentaires…
Le N4298G, stocké après un atterrissage train rentré en 1984, a ainsi été remis à neuf en 18 mois pour « le prix d’un nouveau Cirrus », avec un tableau de bord remis au standard actuel. Plus de 30 années après son dernier vol, ce Windecker Eagle a repris l’air le 6 décembre dernier, aux mains du pilote d’essais Len Fox. Par la suite, les essais devaient se dérouler sur une vingtaine d’heures de vol avant démontage et transport en bateau de l’appareil vers la Chine pour une campagne de démonstrations.
Si la Windecker Aircraft, dirigée par Don Atchison, reste basée aux Etats-Unis, avec notamment le bureau d’études, M. Wei Hang a prévu deux unités de production en Chine, à Chengdu et Tongliao. En juin dernier, la Windecker Aircraft s’est implantée à Morresville, Caroline du Sud. La société a prévu d’investir 6 millions de dollars et d’embaucher 58 personnes contre 14 fin 2015.
Dernier rebondissement dans ce dossier Windecker… La presse américaine annonce que le bureau d’études américain de la Windecker Aircraft travaille sur un nouvel avion, entièrement nouveau, un monomoteur quadriplace à ailes basses, entièrement en composites. Le responsable du bureau d’études sur ce projet est un certain John Roncz.
Ce dernier est un pianiste professionnel, un passionné de spiritisme mais aussi et surtout un aérodynamicien à qui l’on doit la quasi totalité des profils laminaires utilisés sur les avions conçus par Burt Rutan, du profil du plan canard du LongEZ pour éviter les décollements aérodynamiques sous l’effet des gouttes de pluie, aux profils du bimoteur push-pull Voyager du « premier tour du monde sans escale ni ravitaillement en vol », en passant par les profils de différents engins : motoplaneur Solitaire, jet GlobalFlyer, biturbopropulseur Starship, monomoteur Boomerang… Il a également travaillé sur le projet de l’Icon A5 amphibie.
Le bureau d’études américain aura la responsabilité de la conception totale, de la feuille blanche à la certification en passant par l’outillage de production. Ce nouvel appareil devrait se décliner en plusieurs modèles selon les motorisations proposées. Une unité de production est prévue aux Etats-Unis. ♦♦♦