Premiers tours d’hélice pour ce groupe de 200 kW destiné à expérimenter une motorisation hybride sur un avion léger, en l’occurrence le Panthera de Pipistrel.
Le constructeur Pipistrel, après avoir produit pendant des années des ULM et LSA, a visé le marché de l’avion certifié en faisant voler le prototype de son Panthera, un quadriplace motorisé dans un premier temps par un moteur à pistons mais devant être développé ensuite en version à motorisation hybride puis 100% électrique. Alors que la version « classique » poursuit son programme vers la certification EASA, la deuxième facette du projet se met en place.
Ainsi, le 9 février dernier, le groupe de motorisation hybride le plus puissant jamais réalisé dans le monde a fonctionné pour la première fois. Il y a quelques années, Pipistrel avait déjà décroché une première avec le moteur électrique le plus puissant, motorisant son quadriplace G4 lors du Green Flight Challenge remporté en Californie.
Cette motorisation de 200 kW (soit 270 ch), développée dans le cadre du programme Hypstair, développe la puissance typique d’un avion de tourisme, pouvant fonctionner en plusieurs modes (100% électrique avec des batteries, mode « génératrice » pour recharger les batteries de bord, ou encore en mode hybride en combinant les deux sources d’énergie). L’objectif est d’aller vers une motorisation de plus faible consommation et de faible émissions pour limiter à la fois l’impact environnemental et les coûts d’exploitation.
Le programme Hypstair vise à défricher cette nouvelle forme de motorisation et à définir aussi l’interface homme-machine pour permettre l’usage aisé d’un tel système complexe. Le projet permettra également de faire avancer le dossier réglementaire car à cet instant aucune réglementation n’existe pour ce type de motorisation, sans standard de certification.
Cette motorisation a été développée par l’équipementier Siemens, malgré les relations « tendues » il y a quelques mois entre Siemens et Pipistrel, après que la société allemande ait interdit au constructeur slovène de traverser la Manche avec l’une de ses machines à motorisation électrique, pour laisser la faveur au groupe Airbus et son e-Fan, ce dernier se faisant finalement doubler au poteau la veille par un Cri-Cri électrique privé… Si Siemens et Pipistrel sont les acteurs principaux du programme, sont également associés les universités de Pise et de Maribord.
La puissance développée est de 200 kW durant le décollage pour 150 kW de puissance continue. La partie « génératrice » peut fournir 100 kW, avec également quatre contrôleurs pour augmenter la fiabilité du système. La conduite du moteur se fait par mono-manette avec une instrumentation spécifiquement développée. Après mise au point du système en laboratoire, le groupe motopropulseur a été installé sur une cellule de Panthera dans l’usine de Pipistrel, avec les premiers tours d’hélice au sol. L’hélice à cinq pales a été définie pour permettre une bonne traction à faible régime, notamment pour limiter les nuisances sonores. Des mesures de traction à la puissance de décollage ont été menés.
Pour le patron de Pipistrel, Ivo Boscarol, le programme Hypstair – qui bénéficie d’une aide financière de la part de l’Union européenne – représente une phase d’expérimentation nécessaire pour développer ensuite les versions hybride et électrique du quadriplace Panthera. Les solutions technologiques développées par Siemens pour ce programme étant déclinables, l’objectif pour l’équipementier est d’utiliser ce programme pour défricher les motorisations du futur pouvant propulser des appareils de plus fort tonnage, comme le groupe Airbus le fait également avec son biplace e-Fan, tremplin technologique pour des machines plus importantes et plus rentables à produire ensuite. ♦♦♦